La promotion et l’épanouissement de toutes les disciplines sportives confondues dépendent en grande partie des médias. Ce qui a été un handicap énorme de 1960 jusqu’en 1991. En effet il y a eu des grands joueurs et athlètes qui ont fait vibrer les amateurs du sport malien mais malheureusement méconnus du public sportif. Le manque de médiatisation a été aussi un handicap sérieux en son temps. Mais force est de reconnaître que depuis l’avènement de la démocratie en 1991 et surtout avec la floraison d’organes de presse surtout privés, les choses ont changé.
En plus des retransmissions traditionnelles des différents matches sur les antennes de la radio nationale, l’engouement du public sportif a augmenté avec la création des journaux sportifs privés et surtout les retransmissions en langue nationale Bamanan par des stations privées. Ainsi avec les radios privées, la plupart des supporters en majorité analphabètes ont eu le goût et l’engouement pour le sport en particulier le football. Sur ce plan il faut rendre hommage à Sy Souleymane Sy et Abdoul Razak Minta de la radio Bamankan qui sont les pionniers en la matière. Plus tard, ils seront imités par les autres radios privées de la place dont la plus régulière aujourd’hui ne fait aucun doute Klédu. Dès lors le sport est entré dans le quotidien des maliens et qui se plaisent aujourd’hui que dans ces radios privées. Manquant de gros moyens financiers, les organes de privées(radios et journaux) sont obligés de recruter des personnes de toutes genres qui savent lire ou écrire. C’est ainsi que parmi les journalistes sportifs au propre comme au figuré, on y retrouve des jeunes diplômés sans emploi, des artisans, des élèves terminalistes, des étudiants et même des analphabètes qui ne savent ni lire ni écrire et qui se tapent souvent la poitrine en se disant journalistes sportifs. Le comble, c’est que la plupart de ces journalistes ne maîtrisent pas souvent toutes les lois du jeu de telle ou telle discipline sportive. Ce qui est surtout grave, c’est le fait aussi que rares sont ceux qui perçoivent un salaire. Au contraire ils sont sommés de ramener de l’argent dans leurs organes respectif sous peine de voir leur émission sportive disparaître ou de se voir censurer. Ce qui fait que ces journalistes sportifs surtout privées ne peuvent pas faire des critiques objectives. Ainsi ils se transforment en entraîneurs, en donneurs de leçon aux responsables et aux joueurs… Plus grave encore, ils deviennent de véritables marionnettes utilisées par des gens tapis dans l’ombre pour régler des comptes personnels ou parvenir à leurs fins, tout en bénéficiant en contrepartie des billets de banque. Si l’avènement de la floraison des organes de presse est fortement apprécié par tous, force est de reconnaître qu’on assiste sans doute à une presse partisane et alimentaire dû au fait que ces animateurs sportifs ne sont pas payés. Sinon comment comprendre qu’au lieu de critiquer les lacunes du système et faire des propositions de solution, des journalistes sportifs passent leur temps à dénigrer, à diffamer des honnêtes personnes même jusque dans leur vie privée ou souvent dans leurs vies professionnelles. En lieu et place de vraies informations ou d’investigations avec des preuves à l’appui, on assiste à la personnalisation des débats. Aussi ne dit-on pas que « celui qui donne l’argent commande la musique ? ». Du coup l’éthique et la déontologie sont bafoués tous les jours sans aucune autorité chargée de la régularisation de la presse ne lève le petit doigt pour dénoncer les dérives de ces journalistes. Ce qui est marrant encore ce sont les journalistes sportifs qui se déclarent la guerre à travers les ondes au profit de tel ou tel club ou de telle ou telle personne. Ainsi la plupart de ces journalistes ne savent faire la différence entre la communication et l’information. Ce qui complique davantage l’avancée du football, c’est que chaque journaliste a son joueur ou son athlète préféré. Chacun veut voir son joueur ou athlète joué et cela qu’il soit bon ou mauvais. Aujourd’hui les journalistes sont divisés et partagés entre les responsables sportifs qui se rivalisent sur les proies faciles. Une manière pour ces hommes de médias de s’enrichir soit en argent liquide, soit en habits, en souliers ou autres cadeaux (voitures, motos, montres … ?). Ce qui fait que dès qu’une crise éclate, ce sont les journalistes sportifs qui amplifient la situation car il y a à boire et à manger beaucoup. En tout cas, les journalistes n’arriveront jamais à dire la vérité sur telle ou telle crise d’une discipline quelconque tant qu’ils resteront liés aux responsables sportifs. Malheureusement c’est le cas et cela est dommage pour le sport malien.
Sadou Bocoum