Ce dimanche 8 octobre, le président sortant de la Fédération malienne de football, Boubacar Baba Diarra, passera le flambeau à son successeur à l’issue d’une Assemblée générale élective prévue au Gouvernorat du district de Bamako. Après avoir déjoué toutes les tentatives de déstabilisation orchestrées par le ministre des Sports et ses acolytes, il sort ainsi par la grande porte avec un bilan plus que flatteur. Deux candidats sont dans la course pour briguer la présidence de la Fémafoot. Il s’agit de Mamoutou Touré dit Bavieux (1er Vice-président de la Fémafoot et vice-président de l’AS Réal de Bamako) et Salaha Baby (Président de la Ligue de football de Tombouctou). Qui de Bavieux ou de Salaha succédera-t-il à Boubacar Baba Diarra ?
Ils étaient onze candidats au départ pour briguer la présidence de la Fémafoot. Neuf ont été recalés par la commission électorale pour divers motifs. Les deux en lice sont Mamoutou Touré dit Bavieux et Salah Baby. Dès le lendemain de la proclamation de ces premiers résultats, ils ont pris leur bâton de pèlerin pour convaincre les ligues et les clubs à voter pour leurs listes respectives. Au-delà des différentes sollicitations, qui de Bavieux ou de Salah remportera les élections ? C’est là toute la question. Mais d’ores et déjà, l’analyse des tendances que nous avons pu faire à travers nos investigations, révèle que le candidat Mamoutou Touré dit Bavieux a plus de chances, même si les ligues de Kayes et de Ségou votent pour son adversaire.
Cela nous conduit à faire un parallèle entre le parcours des deux candidats. C’est ce baromètre qui sera déterminant au choix final. Bavieux est un homme du sérail, pour avoir évolué dans le milieu plus de trente ans. Joueur, dirigeant, il s’est distingué à tous les niveaux par son franc parler vis-à-vis de ses camarades. Convaincu qu’une crise a créé un fossé entre les acteurs du football malien, il a décidé de briguer la présidence de la Fémafoot. De telles ambitions ne sauraient se fonder sur un château d’illusions. C’est pourquoi il s’est fait entourer d’hommes compétents. Ensemble ils ont muri un slogan “Rebâtir pour construire”. Une idée dont la portée et la mise en œuvre permettront d’oublier la crise. Autrement dit, les conséquences engendrées par la crise seront anéanties et notre football pourra enfin se faire un bon moral pour des lendemains meilleurs.
Autour du slogan, Bavieux et ses colistiers ont tenu à rassurer que loin d’eux toute velléité démagogique irréaliste, ils s’engagent sur des chantiers qu’ils pensent être à hauteur de leurs forces et moyens. Des argumentations valables qui leur ont permis de dégager quatre pistes essentielles : la réconciliation, la réorganisation de l’Administration du football, la refonte de nos compétitions locales, une aide conséquente aux structures et aux acteurs du football.
Face à lui, un homme qui n’a pas bonne presse dans le milieu du football. Inconnu dans un passé récent de l’histoire du football malien, par le plus grand hasard il fait chemin avec l’ancien président de la Fémafoot feu Hamadoun Kolado Cissé. Contre toute attente, il quitte le navire. On le retrouvera plus tard avec Boubacar Baba Diarra dans une collusion pour débarquer Kola. Son ambition démesurée à occuper le poste de premier vice-président, pousse Boukary Sidibé dit Kolon à se déclarer candidat. Avec cette nouvelle donne, Salah Baby se positionnait effectivement au cas où la liste de Baba passait. Mais puisque Kolon a permis à Boubacar Baba Diarra de gagner au deuxième tour, il y a eu chamboulement. L’ancien président du Stade malien de Bamako a occupé le poste de premier vice-président et Salah s’est contenté de la deuxième vice-présidence.
C’est vrai que Salah Baby n’a pas pris une position tranchée pour manifester son exacerbation, mais la suite des évènements a démontré qu’il n’a pas apprécié le compromis Baba-Kolon. A l’issue de l’assemblée générale du 10 janvier 2015, il rentre en rébellion, donnant ainsi naissance à une crise sans précèdent. Toujours guidé par l’instinct de diriger, il a failli faire voler la coalition des frondeurs, quand il a tenu à être candidat. Le président Moussa Konaté, un homme plus charismatique que Salah Baby qui avait aussi l’intention de briguer la présidence a fait profil bas. Pour avoir collaboré avec des hommes d’Etat, son sens élevé de responsabilité ne lui permettait pas de s’engager dans un bras de fer avec Salah Baby.
Pour ne rien arranger et préparer l’opinion à sa réaction après sa défaite, Baby invente de faux problèmes comme la régionalisation, l’absence de code électoral, l’incompétence de la commission électorale, le dossier de championnats des ligues 2, bref des faux fuyants pour amuser la galerie. Au lieu de bâtir son slogan autour d’une réconciliation, ses partisans ne manquent aucune occasion pour brandir des dossiers sur la gestion financière du président sortant de la Fémafoot, qui n’est d’illeurs pas candidat et a donc décidé de se retirer. Le football malien a-t-il besoin d’un tel règlement de comptes ? Dès l’instant qu’il y a des services spécialisés pour effectuer des contrôles sur la gestion d’une structure, pourquoi s’agitent-ils ainsi ?
En conclusion on se pose la question de savoir si réellement Salah sait ce qu’il veut ?
Tous les signaux indiquent que l’assemblée générale qui se tient ce dimanche sera celle de la rupture, du renouveau pour notre football qui a tant souffert. Cependant, il faut remercier le sens de responsabilité du président sortant, Boubacar Baba Diarra. Malgré les tentatives de déstabilisation orchestrées par le ministre des Sports Housseyni Amion Guindo, il a résisté dans la légalité pour se maintenir jusqu’à ce jour du 8 octobre. Une date qui consacrera sa succession, par conséquent sa sortie glorieuse par la grande porte.
A.B. HAÏDARA