Nous prenons la route vers 17h après une halte devant le SNJ à Djicoroni où l’imprimeur nous remet les attestations qui seront décernées. Nous marquons un autre arrêt avant Samaya pour acheter de la glace et deux cartons de pates. A 18 h, nous traversons Samalé (à ne pas confondre avec Samalé, route de Siby). Le véhicule roule à moins de 60 Km à l’heure. Des arbres semblent courir à reculons quand se présente Kirina. Les lampadaires solaires ne sont pas encore allumés. En face de nous arrivent quelques voitures de tourisme, phares allumés. A moins de 20 km de la destination nous constatons des traces de pluie sur le bitume crevassé par endroits. A gauche, si ce ne sont des flaques d’eau, ce sont des mares. La nuit vient de tomber à la sortie de Bancoumana, importante commune rurale. A peine sont passés deux gros porteurs, qu’au bout de la chaussée grignotée par le sable est affalé un motocycliste. Le conducteur a chuté dans la nuit. Heureusement qu’il porte un casque.
A 18 h 50 nous sommes à destination. Sur le principal terrain de sport du village est installé un podium surmonté de spots aux différentes couleurs. Des électriciens ont été dépêchés de Bamako pour faire le nécessaire. Le public est au rendez-vous : après 22h les animateurs ; le griot Modibo Diabaté, et Djénébou Kéïta de l’Ortm, bien connue comme “Miss Kénioroba”, annoncent une pléiade d’artistes pour la soirée. La troupe Amana de la Guinée ouvre le bal ; ils sont une trentaine de danseurs et d’acrobates qui chantent et virevoltent avec “doumdoumba” ou grands tam-tam. Des griottes telles Djéssira Kouyaté enchainent les louanges tantôt pour Broulaye Sékou Kéïta le président des ressortissants de Kénieroba à Bamako, tantôt pour Kéïta Sogbe Kouyaté, la généreuse marraine de l’évènement. Alors qu’Amy Diabaté et ses choristes sont sur scène, la pluie s’invite pour abréger le spectacle. Alou Diabaté griot IBK également arrivera.
Intégration
Ce matin du 22 septembre 2022 s’est ajouté aux convives le tradithérapeute et promoteur du n’ko Mamadi Kéïta. Le petit déjeuner offert n’a rien à envier à certains servis dans la capitale. On retourne sur le vaste terrain. Des tribunes en bâches sont dressées de part et d’autre. Dans la loge blanche des officiels, la bâche est parée aux couleurs nationales, les sièges et quelques flopées de ballons aussi. En face, quatre bâches bleues reçoivent plusieurs centaines de personnes.
Vers 10h30, notre confrère sportif Diara Konaté introduit les officiels. Occasion pour lui de rappeler les relations culturelles séculaires entre la Guinée de Sékou Touré et le Mali de Modibo Kéïta .Les interventions des invités d’honneur sont entrecoupées de louanges d’autant plus que sont présents sept villages de l’aire culturelle “finèdougou”. Le défilé des troupes invitées débute avec une procession de 35 “donso”. Founè Dembélé, le Secrétaire Général de la mairie du District, arrive à 11h15, il porte un ensemble jeans et une casquette kaki.
Kani ba Oulé Kouyaté (de Niagassola) est dans une robe blanche surmontée d’une écharpe qui tire vers le jaune. Le foulard est marron clair et les lunettes (peut-être, de soleil) noires. Ses boucles d’oreilles ont une forme d’étoile. Demain, elle montera sur scène à minuit dix, après un orchestre de nos ”baramogo” guinéens. Une vingtaine de dogonos arrivent avec quatre ‘‘frappeurs” de tamanis résonnants. Les joueurs s’accroupissent face aux officiels dans un rythme soutenu, des invitéess bien ”bazinnées” leur offre quelques billets de banque. A leur tour, les somonos et les bozos lancent des filets d’environ 15 mètres, quelques poissons pendent dans le plus grand filet. Au jet suivant, les filets ”’prennent’‘ la camerawoman Julie L Traoré : un rire général parcourt l’espace. Les guinéens sont là ; ils occupent la scène avec professionnalisme, sous des ovations les billets de banque atterrissent dans la sacoche jaune de celui qui semble le doyen de ses saltimbanques. De petite taille, il est rond, le torse nu ruisselant de sueur. Le groupe chante ”Fakoly” et apparaît un énorme masque noir presque effrayant, il représente un visage de vieillard moustachu avec 9 cornes dont une dans la nuque.
Devant Mamadou Lamine Diarra, membre du Conseil national de transition et président du grand forum du Mandé et le préfet de Kangaba, la finale est favorable à la sélection Banamba qui bat Koyanko 1- 0 sur penalty à la première mi-temps. 22 villages repartis en 8 sélections ont pris part à la compétition de Kénieroba.
Moise TRAORE (Ortm).