Le Mali ne doit pas s’ouvrir à la Corée du Sud seulement dans le domaine économique, mais aussi sur le plan sportif. Déjà, on se souvient de la rencontre amicale qui avait opposé les Aigles du Mali (seniors) à la sélection nationale sud-coréenne le 15 octobre 2013. Nos adversaires du jour s’étaient imposés par 3-1 (mi-temps, 1-1). Malheureusement, par manque de suivi au niveau fédéral, le football malien n’a pu réellement bénéficier des retombées (financières et partenariales) de ce match amical qui aurait pu déboucher sur une coopération assez fructueuse.
Mais, déjà, le Mali brille dans un une discipline sportive qui vient de la Corée du Sud : le taekwondo ! Un art martial dont le nom peut se traduire par «la voie du coup de pied et du coup de poing» et dont les pratiquants sont appelés des «taekwondoïstes» (même si le terme d’origine est taekwondoin). La salle d’entraînement est appelée un dojang. Le taekwondo, dont le nom a été proposé en 1955 par le général Choi Hong Hi, est le fruit de la fédération progressive (à partir des années 1950 et après l’occupation japonaise de la Corée), de différentes écoles d’arts martiaux coréennes qui enseignaient le karaté.
Sa création et son développement sont intimement liés à la promotion du nationalisme étatique coréen. L’unification n’est cependant pas complète, car deux grandes fédérations cohabitent encore. Il s’agit de l’International Taekwon-Do Fédération (ITF) qui revendique actuellement 50 millions d’adhérents, et la Fédération mondiale de taekwondo (WTF) qui a popularisé auprès de plus de 80 millions de personnes une pratique du taekwondo moins axée sur la self-défense et plus sur le sport de combat, interdisant notamment les coups de poing au visage.
Le taekwondo se distingue des autres arts martiaux, surtout dans sa forme WTF, par le haut degré de spécialisation de ses pratiquants en techniques de coups de pied, bien plus que dans d’autres techniques, par les nombreuses protections utilisées lors des compétitions de combat depuis qu’il a été inclus au programme des Jeux olympiques d’été en 2000. C’est de nos jours le seul sport olympique de combat autorisant les frappes avec le pied.
De cette définition, découle l’idée que le taekwondo est non seulement un art martial, mais aussi une manière d’entraîner son esprit afin d’atteindre la maîtrise de soi par des mouvements de combat. Il est possible de pratiquer le taekwondo, quel que soit l’âge. En tant que sport, il fait travailler l’endurance et la souplesse et augmente la force physique. Les taekwondoïstes utilisent généralement des techniques de coups de pied spectaculaires, notamment retournés et sautés, dont la fréquence d’usage est caractéristique de la discipline.
Les origines du taekwondo sont à la fois culturelles et politiques. D’un point de vue culturel, le taekwondo est une unification des pratiques de plusieurs écoles sud-coréennes des années 1950, inspirées par le karaté shotokan (développé au Japon) et certains éléments caractéristiques des arts martiaux coréens, particulièrement le «taekkyon». D’un point de vue politique, le taekwondo a été un outil de propagande nationaliste dont le but a été d’exalter le patriotisme de la jeune nation sud-coréenne, à la suite de l’occupation japonaise et du conflit avec le «frère ennemi», la Corée du Nord.
Le taekwondo a été nommé et codifié en Corée du Sud entre la fin des années 1950 et le début des années 1960. À la suite de la diffusion de cet art martial en Corée du Nord, par les responsables de la première organisation internationale, l’ITF, en 1972, une nouvelle organisation concurrente, la WTF, a tourné le dos aux membres de l’ITF. Cette scission de nature politique, qui perdure depuis, ainsi que les motivations idéologiques à l’origine de la création du taekwondo ont induit une forte propagande et une déformation volontaire des faits historiques dans chacune de ces organisations, notamment au sujet des origines et de la création du taekwondo.
Le taekwondo WTF est présenté comme sport de démonstration aux Jeux olympiques de «Séoul 1988» (Corée du Sud) et à «Barcelone 1992», avant de devenir un sport olympique à partir des J.O de 2000. Ce qui a largement contribué à sa popularisation par rapport au Taekwon-Do ITF. Mais, pendant les Jeux olympiques de la jeunesse d’été de 2014 (du 16 au 28 août 2014, à Nankin en République populaire de Chine), un accord (Mémorandum of Understanding) est signé entre la WTF et l’ITF pour que les membres de chacune de ces deux organisations puissent participer aux compétitions organisées par l’autre. Cet accord permet par exemple aux membres de l’ITF de participer aux compétitions olympiques, selon les règles définies par la WTF.
Il faut rappeler que notre compatriote Daba Modibo Kéita a été deux fois champion du monde de taekwondo. En effet, il avait remporté la médaille d’or lors des 18es championnats du monde masculin en 2007 à Pékin (Chine) dans la catégorie des +84Kg. Une couronne qu’il a conservée lors des 19èmes championnats du monde masculin en 2009 à Copenhague (Danemark) chez les + 87 Kg. Il avait défendu les couleurs du Mali aux J.O «Beijing 2008» et «Londres 2012», sans grande réussite. Aujourd’hui, la relève est assurée par Ismaël Coulibaly, qui est le seul sportif malien qualifié (les autres sont invités) pour les J.O «Rio 2016». Sacré champion d’Afrique des 74 Kg en mai dernier en Egypte, son bilan de médailles dans les tournois à travers le monde laisse penser qu’il a toutes les chances de se hisser dans le trio final de la discipline à Rio ou dans les années à venir. Ayant décroché la médaille d’or aux derniers Jeux africains de Brazzaville, Coulibaly a déjà remporté, par deux fois, la médaille de bronze aux Championnats du monde de la discipline en 2011 et en 2015, dans la catégorie des moins de 74 kg. Il a occupé en 2016 la deuxième place à l’Open de Belgique dans la catégorie de moins de 80 kg.
Autant dire que ce jeune Malien a de la ressource à revendre. Âgé de 25 ans aujourd’hui, le meilleur pour ce jeune athlète est certainement dans les années à venir. Présentement, son temps est meublé par sa préparation aux Jeux olympiques. Les entraînements occupent le plus clair de son temps et à l’instar d’autres sportifs, il fait attention à son hygiène de vie.
Avec la Corée du Sud, le Mali peut donc consolider ses performances à ce niveau, à travers un partenariat mettant l’accent sur la formation (management technique et administratif), la préparation, la dotation en équipements… Une piste à baliser, notamment par le ministère des Sports du Mali !
Moussa BOLLY