Les Jeux olympiques (JO) se suivent et se ressemblent pour notre pays toujours en quête de sa première médaille. A «Tokyo 2020» (Japon, du 24 juillet au 8 août 2021), nos représentants (les athlètes Djénébou Danté et Fodé Sissoko, le taekwondoïste Seydou Fofana et le nageur Sébastien Kouma) ont encore donné le meilleur d’eux-mêmes pour rivaliser avec les meilleurs. A défaut de médaille, ils ont acquis de l’expérience et prouvé que, avec un peu plus de moyens, on peut compter sur eux. C’est pourquoi il faut se remettre à l’œuvre dès à présent pour espérer intégrer enfin le cercle des pays médaillés aux JO.
«Je me suis quand même retrouvé face à un champion du monde, Lee Dae-hoon… J’ai essayé de rattraper mon retard, mais je n’ai pas eu de chance…Ce n’est pas la fin du monde. Je dois juste beaucoup travailler pour préparer les Jeux olympiques de Paris 2024» ! Ainsi s’exprime Seydou Fofana (interrogé par RFI), notre jeune taekwondoïste de 27 ans qui a frôlé l’exploit (battu seulement par 11-9) de battre un triple champion du monde et se rapprocher du podium olympique en disputant une finale de bronze. Pour sa première participation aux Jeux olympiques (JO), il a fait forte sensation. Il était le seul de nos quatre représentants à avoir obtenu son ticket pour «Tokyo 2020» en qualification.
A l’image du jeune combattant, il convient de tirer les enseignements de notre participation pour se faire une idée du chemin à parcourir pour se hisser sur un podium olympique dans trois ans à Paris, en France. Et lors de la rencontre que le président Habib Sissoko et le ministre Mossa Ag Attaher ont eu avec la délégation malienne dans la capitale nippone, on a touché à des points susceptibles de baliser le travail à accomplir pendant cette nouvelle olympiade (la 33e) qui s’ouvre maintenant.
Se concentrer sur l’avenir, notamment une meilleure participation aux Jeux «Paris 2024» ; tenir les promesses faites aux sportifs et à leurs encadrements, assurer un suivi et un bon encadrement des sportifs ; sélectionner sur des critères objectifs et non partisans ; booster le sport scolaire et universitaire dans toutes les disciplines ; trouver d’autres sources de financement pour compléter l’apport du Trésor public et les efforts du CNOSM… Voilà des défis à relever. Le canevas du travail étant ainsi défini, il faut maintenant avancer sur la réalisation concrète. Et cela en n’oubliant pas que, comme le dit un chroniqueur, «le sport est un sacerdoce et seuls y réussissent ceux (pays et athlètes) qui s’infligent des sacrifices ultimes».
La nécessité de revoir la stratégie de détection et d’encadrement
Nous n’avons pas les moyens des Emirats comme le Qatar, l’Archipel du Bahreïn et les EAU (Emirats Arabes Unis) qui réussissent à attirer les meilleurs sportifs et à les naturaliser pour se couvrir de prestige à travers leurs performances. D’ailleurs nous n’avons pas de besoin d’aller débaucher ailleurs à cause de la richesse de nos pépinières dans différentes disciplines sportives. Il s’agit maintenant de revoir la stratégie de détection et d’encadrement jusque-là utilisée et qui a montré ses limites.
Il est donc urgent de mettre en place un comité d’experts indépendants des fédérations pour évaluer les participations aux Jeux olympiques et les potentialités dont nous disposons. A la lumière des données recueillies, ils devaient être en mesure de dire au Ministère des Sports et au CNOSM quelle est la discipline ou quelles sont les disciplines sur lesquelles il faut consacrer nos moyens afin de réaliser notre rêve d’une première médaille olympique.
A priori, c’est le football, le taekwondo et l’athlétisme qui se positionnent. Au niveau du football, le pays ne manque pas de génies qui, malheureusement, ne parviennent plus à exprimer leur potentiel une fois un certain cap franchi. Notre idée en la matière est d’organiser un grand test national (phases locales, régionales et nationales) entre des joueurs de 14 à 16 ans pour constituer un noyau dur en vue des éliminatoires des JO «Paris 2024».
Une sélection que la fédération pourra aussi aligner dans les compétitions de jeunes (U16 et U18) par forcément pour remporter le trophée (même si un sacre serait la cerise sur le gâteau), mais pour aguerrir les jeunes joueurs. Et pour une fois, il ne faut pas se contenter de la formation technique, tactique ou physique, mais aussi et surtout de la préparation mentale…
Le mental est ce qui manque souvent le plus à nos sportifs. C’est pourtant le meilleur atout à faire prévaloir quand on n’a pas assez de moyens. Le président du CNOSM, l’a d’ailleurs rappelé à nos représentants lors de la rencontre de Tokyo. «Avec des moyens limités, il faut avoir un mental d’acier», a conseillé Habib Sissoko aux athlètes en leur demandant de se référer par exemple aux athlètes cubains.
Une seconde chance au taekwondoïste Ismaël Coulibaly ?
Au niveau de l’athlétisme, il est vrai que notre pays domine la zone, mais au-delà, les espoirs ne sont presque jamais comblés aux championnats d’Afrique à plus forte raison les mondiaux et les Jeux olympiques. Déjà que nos athlètes y participent généralement sur invitation, donc sans réaliser les minima. La seule attente qu’on doit légitimement avoir alors c’est s’améliorer au contact des meilleurs. Pourquoi nos athlètes ont du mal à rivaliser avec les meilleurs du continent et du monde ?
Une réponse objective à cette question permettra de baliser les épreuves à prioriser et les efforts à consentir pour rivaliser avec les meilleurs du monde. Même si nous sommes convaincus qu’avec plus de moyens pour un meilleur accompagnement, Djénébou Danté et Fodé Sissoko peuvent beaucoup apporter au Mali. Pourquoi ne pas alors s’asseoir avec eux et leurs encadreurs pour élaborer un programme de préparation (pas seulement physique et technique, mais aussi mentale) d’ici «Paris 2024» ?
Le taekwondo est l’une des disciplines sportives (en plus du basket-ball, notamment dans les petites catégories) qui permettent à notre pays de s’illustrer dans les compétitions. A défaut d’une médaille olympique, cet art martial a offert au Mali deux titres de champion du monde à travers Daba Modibo Kéita. Et ce que Seydou Fofana a démontré à Tokyo (le seul représentant malien qui a acquis sa qualification dans une compétition), prouve qu’on peut réellement compter sur lui avec une bonne préparation (technique, physique et mentale). Tout comme il est souhaitable que la fédération donne une seconde chance à Ismaël Coulibaly en espérant qu’il ait appris de ses erreurs passées pour mieux se concentrer maintenant sur ses ambitions sportives.
C’est donc un véritable projet qu’il faut initier dès à présent autour de notre participation aux Jeux «Paris 2024» et chercher à mobiliser des moyens supplémentaires en plus de ceux de l’Etat et des bourses olympiques. On pense sans doute aux sponsors. Et concernant ce projet, il ne faut pas se limiter aux partenaires actuels du CNOSM (Sotelma/Malitel et PMU Mali), mais mobiliser d’autres partenaires autour de ce projet qui se doit d’être ambitieux.
Il faut par exemple y impliquer la diplomatie malienne. A défaut de moyens financiers, des stages peuvent être négociés avec la Chine, la Corée du Sud et le Japon (art martiaux), Cuba (athlétisme/boxe) et pourquoi pas les Etats-Unis. Et cela d’autant plus que de nos jours le sport est un vecteur diplomatique très important pour rehausser l’image du pays ou consolider des relations bilatérales… Il faut alors se donner les moyens (financiers, techniques…) de ne plus se contenter de la simple participation, mais aussi et surtout de nourrir un vrai rêve olympique : la consécration !
«En ne visant pas trop haut, trop vite, on risque de ne pas atteindre l’objectif et d’être déçu. Mieux vaut alors procéder par étape et s’assigner des buts progressifs car chaque petite victoire prépare une plus grande», conseille Awa Sylla, activiste très passionnée du sport. Et pour que ce projet puisse combler les attentes, aucun aspect ne doit être négligé. Aussi bien le choix des disciplines, des talents que des encadreurs techniques et psychologiques. Et cela d’autant plus qu’il s’agit d’inculquer à nos futurs représentants dans diverses disciplines le mental de la gagne.
Il est en tout cas souhaitable aujourd’hui que tous les acteurs prennent conscience de leur devoir pour redoubler d’efforts afin que notre pays puisse avoir assez de sportifs qualifiés pour «Paris 2024. Et cela en ayant à l’esprit que les enjeux (économiques et géopolitiques notamment) du sport vont aujourd’hui au-delà de l’esprit Coubertin selon qui l’essentiel est de… participer !
Aphaly