Le Centre de Médecine du Sport passerait-il pour le grand gâchis du département dirigé par Mossa Ag Attaher ? Tout porte à le croire quand on sait que ses infrastructures et sa technologie de pointe lui confèrent théoriquement une dimension à laquelle il a du mal à se hisser. En cause, un investissement de plusieurs milliards de nos francs – sans compter les apports additifs de dessous – que la mauvaise gouvernance est en passe de réduire en champ de ruines.
Il s’agit d’équipements de dernière génération abandonnés aux reptiles et voués à une vétusté si précoce qu’il est déjà question de réhabiliter certains. L’ensemble du dispositif n’en est pas pour autant à l’abri d’un sort similaire, nous explique une source bien introduite, en évoquant un joyau architectural et médical en deçà de ses nobles vocations et mission.
Conçu en effet pour le suivi de la santé des sportifs, la recherche de soins en médecine du sport et la lutte contre le dopage, entre autres, le CMS est à mille lieues des attentes ayant prévalu à sa création et pour lesquelles les autorités de l’époque ont déboursé près de 2 milliards francs CFA pour lui dédier un bâtiment et autant pour le doter d’équipements. Résultat : le recours de plus en plus fréquent à la location pour pallier la non fonctionnalité des imageries et laboratoires d’analyse.
La faute incombe en grande partie aux mêmes autorités, qui n’ont visiblement pas eu la main heureuse en jetant leur dévolu sur un Directeur qui accumulent plus d’impairs que d’apports personnels, depuis sa nomination en 2020 sur fond de suspicions de faux en écriture sur le décret y afférent.
Un déficit criant de leadership et de responsabilité
Depuis l’inauguration de la structure pour laquelle le pèlerinage du directeur aurait même été écourté, selon certaines confidences, le dysfonctionnement n’a de cesse de s’imposer comme un mal congénital au Centre de Médecine du Sport. La poignée d’employés ayant résisté à sa détresse n’ont en mémoire que le seul conseil d’administration inaugural à la suite duquel commence un coma administratif sans pareil et à peine guérissable. Et, faute de conclaves d’administrateurs et de bilan annuel, la gestion personnelle et patrimoniale s’y est installée comme à demeure et érigée en règle avec un directeur taxé par ailleurs de cumulard par des collaborateurs. On lui prête notamment de continuer à émarger à un certain Laboratoire Pierre Fabre es qualité Directeur régional et de consacrer à cette tâche supplémentaire ses heures creuses de plus en plus nombreuses. En tout cas, le Adama Issouf Sangaré est l’un des rares employés que l’oisiveté n’a pas encore contraints à l’abandon du navire CMS. À cause d’un sevrage salarial pour la plupart, le personnel en est réduit vraisemblablement à se compter sur les doigts d’une main, suite à la démission massive de spécialistes ou d’employés las de tourner le pouce. La sécheresse d’initiatives est passée par-là, mais aussi une atmosphère peu conviviale imputable à une crise de responsabilité et à une méthode de gestion peu propice à l’émergence d’idées lumineuses. Bref, un marécage insondable d’irrégularités, d’opacité et de gestion informelle qui ne tolère ni partage, ni concertation interne. Conséquence : la structure se prive de nombreuses opportunités dont l’exploitation devrait la rendre financièrement moins dépendante de l’Etat et l’aider à mieux mériter son statut d’Etablissement public à caractère scientifique et technologique. Son dysfonctionnement, ajouté à l’état défectueux de son appareillage expliquent en effet ses énormes manques à gagner et d’évasion massive de profits induits aux prestations lucratives telles les visites médicales payantes de pèlerins ou encore la délivrance de certificats de non contre-indication à la pratique du sport de haut niveau. Le Centre croule ainsi indûment sous le poids de l’endettement et d’arriérés de paiements qui en rajoutent de jour en jour à sa léthargie et son agonie.
Prime à l’incompétence
Des signaux de ces défaillances ainsi que de la carence professionnelle étaient pourtant annoncés depuis quelques temps par l’incompétence notoire révélée par certains épisodes dramatiques pour le sport malien. En dépit de son impressionnant appareillage, le CMS montrait ses premières failles avec le recours des autorités en charge du Sport aux services de compétences extérieures pour la prise en charge d’un joueur malien grièvement blessé pendant le CHAN au Cameroun.
S’y ajoute l’implication personnelle du Directeur Sangaré dans les cas de dopage détectés parmi des internationaux. L’histoire remonte à quelques années, précisément aux éliminatoires de la CAN 2021 suite à un certain match Mali – Namibie. Dans la gestion des malaises causés par l’altitude, la médecine sportive malienne, sous le magistère du directeur actuel de CMS, s’était illustrée par une maladresse trop amateuriste et qui allait lui coûter une disgracieuse suspension par les instances du football continental africain. En dépit de la grande expertise dont il est crédité, Monsieur Sangaré n’avait pas su faire la différence entre les remèdes curatif et préventif de l’influence des altitudes sur les joueurs concernés. C’est par cette imprudence, expliquent nos sources, que deux internationaux maliens sont retournés en Europe dans leurs clubs respectifs avec les traces dans leur sang d’un produit curatif administré par le staff médical malien en préventif. Le scandale lui a coûté une sanction temporaire dont la levée par la CAF ne l’exonère nullement d’une responsabilité de ne devait normalement pars lui épargner une mesure punitive à l’échelle nationale pour une imprudence susceptible de conséquences plus lourdes pour le sport malien.
Beaucoup d’observateurs s’interrogent en définitive sur une tolérance assimilable à une prime à la gestion scabreuse qui tire manifestement vers le bas les nombreuses prouesses engrangées par le département des Sports sous d’égide du ministre Moussa Ag Attaher.
A KEÏTA