TRIPOLI (AFP) – Ne les appelez plus les “Verts”, surnom de l’équipe de Libye sous les années Kadhafi: les nouveaux “Chevaliers de la Méditerranée” ont écrit une page d’histoire singulière en se qualifiant pour la Coupe d’Afrique des nations 2012 sur fond de guerre civile.
La Libye, versée dans le groupe A avec le Sénégal, la Zambie et la Guinée équatoriale, participera à sa troisième CAN, mais a obtenu son billet sur le terrain pour la première fois. Elle était en effet qualifiée d’office en tant que pays hôte en 1982 et avait hérité en 2006 du ticket de l’Egypte, pays organisateur).
Mais l’euphorie de la qualification a été douchée par le chef du Conseil national de transition (CNT) en personne, Mustapha Abdeljalil, lui-même ancien footballeur: “L’équipe n’a pas assez d’expérience pour ce genre de tournoi”, a-t-il dit mercredi dans une interview au journal du club d’Al-Ahly Tripoli.
Selon M. Abdeljalil, l’équipe devrait être à 60% de ses capacités. Il faut dire que le championnat national est à l’arrêt depuis mars, contraignant certains joueurs à aller chercher des clubs à l’étranger, notamment en Tunisie voisine. D’autres sont toujours sans équipe en manque de compétition.
L’épopée de la qualification avait commencé le 4 septembre 2010 au Mozambique sous le régime de Mouammar Kadhafi et la houlette du sélectionneur brésilien Marcos Paqueta. Les joueurs étaient alors les “Verts”, la couleur fétiche du “Guide”.
Mais lors du match retour le 3 septembre 2011 contre le même Mozambique, disputé au Caire, les “Verts” étaient devenus les “Chevaliers de la Méditerranée”, chantant un nouvel hymne sous le drapeau du nouveau régime aux couleurs rouge-noir-vert. Rabii al-Lafi eut l’honneur d’inscrire le premier but de cette nouvelle ère.
Cette victoire 1-0 se déroula à huis clos, pour des raisons de sécurité, et l’équipe était privée de plusieurs éléments bloqués dans les régions encore contrôlées par le régime.
Auparavant, dix-sept figures du football libyen, dont des internationaux, avaient annoncé leur ralliement aux rebelles, dans une région de l’ouest tenue par les opposants au colonel Kadhafi.
Dans un pays où le football est très prisé, les défections de ces sportifs avaient constitué un nouveau camouflet pour le “raïs”, après celles de militaires et de ministres de haut rang survenues depuis le début du soulèvement en février.
La chute de Kadhafi produisit une forme d’épuration: certains parmi les meilleurs joueurs, comme Ali Rhouma ou Mohamed Zaabia, ont été écartés pour avoir pris position contre la révolution, tout comme le capitaine de l’équipe, Tarek El Tayab, une star en Libye devenue persona non grata de la sélection après avoir traité les rebelles morts de “rats et chiens”.
Paqueta, qui avait succédé au serbe Branko Ivankovic en juillet 2010, mesure l’exploit accompli avec la qualification. “Ce qu’ils ont réussi est remarquable, vu que le championnat national s’est arrêté en mars, raconte-t-il. On n’a pu que faire de courts stages d’entraînement en Tunisie avant chaque match.”
“Je n’ai jamais envisagé de les abandonner, même durant les heures les plus sombres de la guerre civile, poursuit-il. Je crois en eux en tant que joueurs, et j’apprécie l’amitié qui s’est nouée entre nous”.
Les Libyens auront à coeur de prolonger le rêve. Le match d’ouverture contre la Guinée équatoriale, Petit Poucet du tournoi, donnera un premier aperçu de leurs ambitions.
Mais le rendez-vous qui apparaît d’ores et déjà crucial est prévu le 25 janvier contre la Zambie, avec comme enjeu un billet pour les quarts de finale, sachant que le Sénégal se détache comme grand favori du groupe.
sam, 21 janv
Source: yahoosoprt