Athlète de haut niveau, la Malienne Djénébou Danté est l’unique détentrice d’une médaille d’or aux Jeux de la Francophonie et du record des 400 m dans son pays. Avec près de 20 ans carrière sur la piste, Danté est l’une des athlètes maliennes les plus titrées avec plus de 20 médailles glanées. Toutefois, la carrière de l’ambassadrice de l’Unicef-Mali et Unicef-France pour le sport et la scolarisation des jeunes filles est loin d’arriver à son terme car le rêve de Djénébou Danté est désormais d’offrir au Mali une médaille olympique. Portrait.
S’offrir une carrière internationale, surtout dans l’athlétisme au Mali, est un parcours de combattant tant les infrastructures et l’accompagnement font défaut. Mais malgré tout, des athlètes s’arment de courage et de persévérance pour braver les difficultés afin de réaliser leur rêve tant sur le plan national qu’international. Et la sprinteuse malienne, Djénébou Danté, est aujourd’hui l’une de ceux ou de celles-là. Elle est aujourd’hui un bel exemple de réussite sportive, une fierté pour le Mali avec une trentaine de médailles nationales et internationales (18 d’or et 13 de bronze) dont l’unique médaille du Mali aux Jeux de la Francophonie. Elle détient depuis longtemps le record du 400m dans son pays. Djénébou a également été médaillée de bronze de France Elite 2017.
Née à Bamako et basketteuse au départ, Djénébou est attirée par l’athlétisme en 2013. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 2015, armée d’ambitions, elle quitte la Mali pour le Sénégal, les conditions d’entrainement dans son pays n’étant pas à la hauteur de ses ambitions. Elle rejoint ainsi le Centre international d’athlétisme de haut niveau de Dakar où elle passera deux saisons. En fin 2017, elle part en France et à l’AS Paris Joinville où elle est coachée par François Pépin, avant de rejoindre, en 2019, l’Entente Family Stade Reims Athlétisme (Efsra) de Reims sous les ordres d’Hatim Seffar.
Aujourd’hui, l’athlète combine sport et études. Elle prépare une Licence professionnelle en animation, gestion et organisation des activités physiques et sportives (Agoaps) à l’université de Reims Champagne Ardenne (Urca). Cependant, après une saison 2019 marquée par des blessures, elle bat tous ses records du Mali en début 2020 (200m et 400m). “J’ai le sentiment d’une renaissance sportive, même si je n’ai jamais abandonné”. Comme dernière compétition avant le confinement suite au Covid19, Djénébou Danté a réalisé une grosse performance (400 m en 53”18) au Meeting national des sacres à Reims.
“La vie est un combat”
La sprinteuse malienne fait de la persévérance un piédestal non seulement sur une piste de course, mais aussi sur la piste de la vie semée d’embuches et de défis. “Ce parcours athlétique demande beaucoup de travail et de discipline au quotidien (sur la piste, en salle de musculation, en hygiène de vie). Il demande aussi des infrastructures, de l’accompagnement médical et nutritionnel, logement et des formations.
Il demande de rester déterminée et positive, malgré les difficultés que l’on rencontre (par exemple maladie, blessures, entraînements dans le froid européen et les difficultés matérielles)”.
A l’encore, la pratique sportive demande une certaine paix mentale pour côtoyer les plus grands athlètes mondiaux, et surtout pour pouvoir se surpasser “pour renaitre tous les jours car la vie est un combat”. Ce combat, elle la gagne aujourd’hui grâce aux soutiens de ses entraîneurs du Mali, du centre de Dakar, de France ainsi que des institutions maliennes qui l’ont soutenue de diverses façons dans l’accomplissement de son projet sportif pour le Mali et de ses progrès chronométriques.
Du début de sa carrière à nos jours, Djénébou est passée du sprint court au 400m. D’abord elle fait des 100m et des 200m, notamment aux championnats du monde cadets en 2005 au Maroc et aux championnats du monde junior 2006 en Chine. C’est en 2014 qu’elle passe concrètement au 400m, lors des Championnats d’Afrique de Marrakech (Maroc) où elle décroche son deuxième record du Mali en 53”19 puis aux jeux Africains de Brazzaville 2015, avec un nouveau record du Mali en 52”51.
“Par amour pour mon pays”
Après avoir fait ses preuves dans les grandes compétitions africaines, elle s’attaque aux compétitions mondiales à partir de 2016, avec notamment les Jeux Olympiques de Rio (Brésil). En 2017, Danté participe aux championnats du monde (indoor, Portland, USA et Birmingham, (Royaume-Uni), Outdoor Londres, Royaume Uni), aux Jeux Islamiques (Bakou, Azerbaïdjan). Elle a ainsi porté les couleurs maliennes un peu partout à travers diverses compétitions en Afrique (Afrique du Sud, Bénin, Burkina, Congo, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Maroc, Mozambique, Niger, Sénégal, Togo), en Asie (Azerbaïdjan, Chine, Corée), en Amérique (Etats-Unis, Brésil, Guyane) et en Europe (Belgique, Espagne, France, Suisse, Italie)
Au cours de ce parcours verdoyant, la sprinteuse malienne s’est offert des médailles, trophées et des records. Elle a notamment été double médaillée d’or aux Jeux de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa) en 2006, à Bamako, sur 100 m et 200m, meilleure athlète au championnat ouest africain en 2015 au Sénégal sur 400m (52” 61, record du Mali), médaillée de bronze au championnat de France Elite de Marseille en 2017 sur 400m en 52”16 (record du Mali) et médaillée d’or aux Jeux de la Francophonie d’Abidjan en 2017 sur 400m en 52”2. “Cette médaille d’or des Jeux de la Francophonie restera à jamais gravée dans ma mémoire car pour cette compétition, je n’ai reçu aucune aide financière venant de mon pays pour la préparer. De la France, je me suis entrainée et j’ai acheté mon billet d’avion à mes frais. C’est une première médaille d’or du Mali dans l’histoire de mon pays en Jeux de la Francophonie. Je l’ai fait par amour pour mon pays”, nous explique-t-elle.
Ces performances ne passeront pas inaperçues dans son pays. En 2018, elle est sacrée meilleure sportive du Mali avec le trophée Aigle d’Or de l’Ortm ainsi qu’une sélection parmi les 9 femmes pour leurs actions dans le développement du Mali par le Ministère de la Promotion de la femme et de la famille. Aussi, depuis 2017, elle travaille avec l’Unicef Mali en tant qu’athlète de haut niveau et femme malienne pour l’éducation, la scolarisation des enfants et plus précisément jeunes les filles et la lutte contre le mariage précoce des enfants en Afrique. Même rôle qui lui sera attribué par l’Unicef-France en 2019. Aujourd’hui, ce projet est reconnu par les autorités françaises qui ont attribué à la sprinteuse malienne un titre de “passeport talent”.
Aujourd’hui, l’athlète regrette la non-tenue de la promesse des autorités maliennes à lui offrir une maison après sa médaille aux Jeux de la Francophonie à Abidjan, en 2017. Aussi, sur les 5 ans de bourse d’études aux Etats Unis comme promis, les autorités maliennes n’ont depuis payé que pour une seule année. Cependant, afin de pouvoir poursuivre ses rêves, Djénébou se démêle pour payer ses études en France où elle s’entraine pour de nouvelles joutes prévues après la crise sanitaire que connait le monde actuellement.
A noter que Djénébou Danté devrait représenter le Mali aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, lesquels ont finalement été reportés en 2021 pour cause de la pandémie de Coronavirus. Elle se fixe désormais comme objectif de décrocher une médaille Olympique pour son pays, le Mali. Au-delà des médailles et trophées, l’un des objectifs de la sprinteuse malienne est d’inculquer la pratique du sport chez les jeunes filles maliennes et africaines.
Youssouf KONE