La demi-journée du samedi 30 mars 2013 s’inscrit désormais dans l’histoire du Djoliba AC de Bamako, l’un des clubs omnisports pionniers du Mali. Ce jour, une assemblée générale convoquée à Hèrèmakono, siège du club, par le Conseil d’Administration a enregistré le départ de l’économiste gestionnaire et ancien banquier, Karounga Kéïta «Kéké» de la présidence du club et l’arrivée de l’Inspecteur général de police Boubacar Baba Diarra «M’Baba» à ce poste. De cette journée où nous avons été témoin, nous avons noté des temps forts et des faits marquants.
Une entrée préalablement filtrée
A priori, tout le monde n’y était pas convié à ces assises du Djoliba AC. L’entrée était conditionnée à la présentation d’une carte d’invitation établie par le Conseil d’administration et ventilée certainement par la commission d’organisation. Même une partie de la presse sportive a, dans un premier temps, fait le pied de grue avant d’y accéder.
A 09 heures, des supporteurs, habillés aux couleurs traditionnelles, rouge et vert, et munis de leur carte de membre, s’étaient amassés devant le portail du fief de leur club favori. Les premières rentrées ont eu lieu sur présentation de la carte d’invitation avant que des interventions, ça et là, ne permettent au maximum d’arrivant d’assister à l’évènement organisé sur l’air de jeu du terrain d’entraînement. Ces mesures présageaient une certaine tension qui pourtant n’était pas perceptible.
Les protocoles d’usages et la déclaration attendue de «Kéké»
La première intervention, après l’installation et la bienvenue du maître de cérémonie, fut celle du président sortant, Karounga Kéïta. Les mots forts de sa déclaration ont porté sur : «Je ne suis pas candidat à ma succession. Cela a été une décision difficile à prendre mais chaque chose à son temps…» «Kéké» ne manquera pas de dire que «le Djoliba a servi de moteur» à sa vie et qu’il a eu, un moment, les mêmes impressions que le poète qui disait «Oh temps, suspend ton vol» pour finalement accepté et d’assurer ses partisans «je vais partir, je serai comme membre ressource, comme supporteur du Djoliba. Vive le Djoliba, vive les clubs maliens pour que le sport malien puisse vivre».
Cette déclaration qui a marqué la fin d’une époque a été suivie de celles des représentants des associations de sport et des clubs. Tour à tour, les représentant de la Fédération malienne de football, le Comité national olympique, la Ligue de Bamako, les clubs de Ligue 1, tous dans des mots emprunts d’émotion ont salué les mérites de dirigeant lucide, solidaire et expérimenté de «Kéké», et ont souhaité la tenue des assises dans la cordialité avant de demander au futur successeur de suivre les bons exemples donnés par «Kéké».
De toutes les interventions des invités, celle du représentant du Stade malien de Bamako était aussi sûrement la plus attendue compte tenue de la rivalité sportive qui oppose les deux clubs considérés comme les plus grands du Mali. Djoncounda Samabali, représentant le président du Stade malien de Bamako a fait une déclaration qualifiée de conciliation, un message de paix par des observateurs et de nombreux fans du Djoliba. La rivalité Djoliba- Stade doit servi le football malien et non le contraire a-t-il fait savoir.
Les travaux et l’élection du nouveau président
Après ces interventions d’usage, qui ont durée une heure d’horloge environ, les travaux ont démarré vers 10 heures 30mn sans les invités et la presse qui pourtant n’étant pas loin a suivi les déclarations diffusée à travers des hauts parleurs.
Vérification des mandats, examens et adoptions du procès verbal de l’Ag précédente, du rapport d’activités entre autres, étaient inscrit à l’ordre du jour au même titre que l’élection du nouveau président qui focalisait toutes les attentions. En lieu et place de d’autres points inscrits, les problèmes que vivent le club et les interventions successives des candidats ont dominé les débats.
Quatre (4) candidatures au départ dont un, celle de Boubacar Touré, sera invalidées conformément aux textes de source proche du dossier. Les trois candidats en course étaient Djenèbou Sanogo, Victor Diarra et Boubacar Baba Diarra.
Pour éviter une implosion du club, les anciens ont plaidé une candidature unique dans des mots encore pleins d’émotion. Avant de désister, Victor et Djénèbou ont tenu à justifier leur candidature : connaissance du club, analyse des problèmes du club, possession des solutions de sortie de crise. Victor est allé jusqu’à dire que s’ils sont animés de mauvaise foi pour le Djoliba que Dieu leur retourne cela.
Après le retrait des candidatures de Djénèbou Sanogo, ancienne basketteuse et actuel directrice du Carrefour des jeunes de Bamko, et de Victor Diarra, l’Inspecteur général de Police, Boubacar Baba Diarra, M’Baba pour les intimes a été élu par acclamation.
Les premiers mots du nouveau président
Boubacar Baba Diarra rendra hommages aux anciens, évoquera ses premiers souvenirs et ses admirations pour les générations de joueurs qui se sont succédé depuis la création du Djoliba AC en 1960. Il louera la sagesse de KK, «quelle leçon d’humilité et de sagesse» et celle de ses concurrents qui ont accepté de retirer leur candidature.
Le nouveau président, flic de son état, promettra de créer un climat nouveau fait de respect d’opinion, d’organisation et de travail. Il précisera, quand il était 12 heures 20mn environ, que le samedi noir dans la marre de l’hippopotame à Hèrèmakono n’a pas eu lieu comme l’avait prédit les détracteurs du Djoliba.
Drissa SANGARE