Après le succès des Aigles à la Can 2012 : Une piqûre de rappel s’impose

L’Afrique Centrale sourit décidément au Mali. Quarante ans après leur titre de vice-champion d’Afrique à la CAN 1972 à Yaoundé (Cameroun), les Aigles du Mali retrouvent à nouveau le podium avec la médaille de bronze arrachée lors de la 28^e édition de la CAN 2012 co-organisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Une consécration inattendue, inespérée, mais pas déméritée au vu de l’évolution du niveau de jeu des  Aigles.

L’histoire retiendra que les Aigles du Mali «cuvée 2012» ont frappé un grand coup à la CAN2012. Le samedi 11 févier dernier, à Malabo (Guinée Equatoriale), les Aigles du Mali ont proprement battu les Black Stars du Ghana (l’un des favoris de la compétition) par 2 buts à 0,  lors du match de classement. Une victoire sous forme de revanche qui offre la 3^e place et la médaille de bronze aux poulains du technicien français, Alain Giresse. Une performance fêtée avec la manière par les Maliens. Hélas, un succès dont certains veulent s’approprier. Et les commentaires vont bon train dans le milieu sportif: «Nous avons la meilleure équipe du continent. Notre prochain objectif est de remporter la CAN 2013 » ; «Nous avions confiance à Alain Giresse. C’est pourquoi nous l’avons gardé. On savait qu’il pouvait nous apporter quelque chose» ; «Alain Giresse  est le meilleur entraîneur. Il faut le garder pour les échéances futures»…

Chaque acteur du football tire la couverture sur soi pour revendiquer la paternité du succès des Aigles àla CAN2012. Que chacun se détrompe et revienne sur terre !

«Seule la victoire est belle», dit-on. Mais c’est également pendant les moments de joie qu’il faut évaluer, critiquer et faire des projections pour l’avenir. D’où une bonne piqûre de rappel pour les fans du ballon rond.

Sans mentir, ils étaient peu nombreux ceux qui prévoyaient aussi une bonne performance des Aigles à la CAN2012. L’on sait que lors de sa toute première participation à la CANen 1972, le Mali a été vice-champion d’Afrique. Depuis, notre pays s’est contenté de la 4^e place en 1994, 2002 et 2004. Contre toute attente, les Aigles du Mali échouent au 1^er tour des CAN 2008 et 2010. Une pilule amère à avaler pour les fans du football malien. C’est dans cette période de doute que la Fédération malienne de football engage le technicien français Alain Giresse pour les échéances de la CAN 2012. Avec comme objectif à signer : qualifier les Aigles pour la CAN 2012 et passer le 1^er tour lors de la phase finale. C’est dire que l’instance suprême du football malien avait vu ses ambitions à la baisse, tant la psychose des deux précédentes  CAN était présente dans les mémoires.

A la tâche, Alain Giresse réussit à arracher la qualification pour la phase finale de la CAN2012. Une qualification acquise dans la douleur et dans l’incertitude. La gestion approximative de l’effectif et le mauvais choix des joueurs ont failli coûter le banc des Aigles à Alain Giresse. L’on sait qu’on lui a imposé Seydou Kéita. Finalement, le Barcelonais a été l’acteur principal de la qualification lors des deux dernières journées.  La presse et l’opinion publique avaient pesé de tout leur poids pour la réintégration de Seydou Kéita. Même la Fémafootn’avait pas pu convaincre Alain Giresse pour le retour de Seydoublen. L’on sait également qu’Alain Giresse n’a pas eu droit à des félicitations le soir de la qualification à Monrovia. «Ni le Ministre des Sports ni le président de la Fédération ne m’ont félicité après notre dernier match qualificatif contre le Libéria », avait-il raconté à un proche. On se souvient également que la Fémafoot avait empêché Alain Giresse de prendre part au tirage au sort de la CAN 2012, le 29 octobre 2011 à Malabo. Pire, à 3 semaines de la phase finale, la Fémafoot a limogé l’adjoint d’Alain Giresse, Cheick Fantamady Diallo, sans évoquer de raison. Une situation qui a mis le sélectionneur Alain Giresse dans tous ses états. «Je pense  qu’on n’avait pas besoin de ça à un moment si proche de la CAN. Si on avait des torts à lui reprocher, moi je n’en avais aucun contre lui. C’est vraiment dommage…C’est plus l’éviction de Cheick qui me dérange que l’arrivée de Pathé», avait déclaré Alain Giresse à nos confrères du service anglais dela BBC.

La préparation de l’équipe à Lomé (Togo) n’est pas exempt de reproches. Que dire de la publication des 23 joueurs sélectionnés. Une opération suivie de cascade de blessures et de remplacements. C’est dire que le Mali est parti àla CANavec une sélection par défaut.

Ala CAN, on a vu des Aigles à deux visages. Méconnaissables  lors des matches de poules, les Aigles se métamorphosent et relèvent leur niveau de jeu lors des quarts, demi-finales et match de classement. L’absence de pression, l’enthousiasme  du groupe, la fraîcheur des joueurs et l’envie de jouer sont en partie les recettes du succès des Aigles àla CAN2012.

Les Aigles ont été dignement fêtés pour leur médaille de bronze. Un acquis qui met désormais la pression sur le football malien. C’est dire que la fête est bien finie ! Cette génération de joueurs doit être suivie et encadrée !

Aujourd’hui, l’heure est à l’évaluation objective de la participation des Aigles àla CAN2012. Au-delà, il faudrait poser les jalons et les balises pour les échéances futures : les éliminatoires dela CAN Afriquedu Sud 2013 et celles dela Coupedu Monde Brésil 2014. Deux nouveaux challenges  pour notre football de l’élite.

Baba Cissouma

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