Pour le dénouement de la crise du football malien, la Fifa, par lettre en date du 18 mars 2019, a tracé une feuille de route. D’ores et déjà, il faut être formel que la présidente du Comité de normalisation (Conor), Mme Daou Aminata Guindo, est de très mauvaise foi. Comment comprendre qu’elle ait attendu une semaine pour divulguer la teneur d’une lettre de la Fifa censée être la clef de la situation ? Inutile de dire, une fois de plus, que cette crise a fait couler beaucoup d’encre. Les responsabilités sont connues et situées. Bref, il est temps que l’Etat s’assume.
Exacerbé par la gestion de la crise du football malien, il nous est revenu d’écrire dans notre parution du 22 février qu’à défaut d’un accord entre les protagonistes au siège de la Fifa, l’Etat devait prendre toutes ses responsabilités, en excluant les deux camps.
Il s’agissait d’un plateau idéal pour enterrer définitivement la hache de guerre afin de donner de nouvelles orientations à notre football. Parce que trop, c’est trop. Les dirigeants ont montré leurs limites depuis bientôt cinq ans. Puisque la Fifa, face à l’échec des négociations des deux parties, a produit une feuille de route, la logique veut bien qu’on se tienne à ses directives. Le 18 mars courant l’instance suprême a adressé au Conor une correspondance, qui traduit sa vision pour la décrispation de la crise. Cependant une question s’impose : pourquoi la présidente du Conor a attendu au moins une semaine pour divulguer la teneur de ladite correspondance ? Cette attitude de Mimi met en évidence sa volonté de jouer au dilatoire, afin de rester le plus longtemps possible à la tête du Comité de normalisation. Comme on le dit souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En effet, la question est de savoir si la fin de la crise arrangerait cette dame sortie brusquement de l’anonymat pour être projetée sous les lambris dorés de l’actualité sportive, avec en primes des prébendes substantielles ?
En donnant un calendrier à la présidente du Conor pour l’application de sa feuille de route, la Fifa ne lui envoie-t-elle pas un message ? C’est-à-dire qu’au cas où elle continuera à jouer sur la montre, des dispositions seront prises pour la débarquer et confier la mission à une autre équipe ?
L’Etat n’a jamais voulu intervenir officiellement dans la crise. Les démarches des différents ministres des Sports n’ont pas produit les résultats escomptés. Aujourd’hui, l’évidence est là : l’Etat a plus que l’occasion de se faire entendre. Pourquoi ne pas imposer l’application de la feuille de route à toutes les parties, quoi que cela puisse coûter ? Le président Ibrahim Boubacar Keïta a dit lors de sa rencontre avec les juniors, qu’il tapera désormais du point sur la table pour trouver une solution à la crise. Lui qui est toujours critiqué par ses opposants de ne pas appliquer ses mises en garde face aux problèmes cruciaux de la nation, ne doit-il pas faire de cette feuille de route de la Fifa une jurisprudence, pour démontrer que l’autorité de l’Etat n’est pas à négocier. Que dit la lettre la lettre de la Fifa ? Nous vous proposons intégralement la feuille de route de l’instance suprême.
O Roger Sissoko