En trois ans de présidence à la tête du Horoya AC, Antonio Souaré a métamorphosé son club de cœur avec un triplé historique de champion de Guinée. Le sacre 2012-2013 a un goût particulier pour le président Antonio en phase avec son projet sportif, c’est-à-dire faire du Horoya, un grand club d’Afrique et changer l’indice du football guinéen. C’est donc un président sur des nuages qui s’exprime en toute décontraction ! L’entretien a été réalisé au soir du titre de champion décroché par le Horoya le 18 août dernier.
Nous sommes au terme du championnat national de Guinée, saison 2012-2013, le Horoya est champion. Comment avez-vous vécu ce titre très particulier ?
Avec beaucoup de tension, de joie, de satisfaction pour le travail accompli. C’était une très grande joie lorsque l’arbitre a sifflé la fin du match. Je voyais surtout ce monde qui tenait à cette victoire. Je veux parler des supporters, les membres du bureau de Horoya, les sympathisants et surtout moi président qui tenions au respect de notre projet sportif. Parce que notre projet sportif s’étale sur 2013-2017.
Si on manquait ce titre, 2017 ne serait pas respectée. Donc c’était une immense joie.
En trois ans de présidence, vous avez été champion 3 fois. Un triplé historique ! Comment vous vivez cela ?
Cela m’a rappelé le triplé de deux grandes équipes que j’aimerais compléter à 3 : le grand Hafia lorsqu’il avait fait le triplé en Afrique et l’équipe de Brésil avec la Coupe Jules Rimet au temps de Pelé. C’est exceptionnel. Ce n’est pas tous les ans qu’une équipe peut devenir championne trois fois d’affilée. On peut remporter mille titres, mais en remporter 3 fois de suite mérite un clin d’œil particulier. C’est une occasion rare qu’il ne fallait pas rater. On a mis les moyens, nos attentes ont été comblées sut toute la ligne.
Comment vous vous êtes retrouvé à la tête de cette équipe de Horoya AC ?
Par amour parce que j’ai porté le maillot de Horoya AC. Le Horoya a été créé à Koleya où j’ai grandi. Après j’ai quitté le navire pour y faire la promotion du football. Donc on a créé le Gala international de Guinée. Nous avons continué à gérer le football sur le plan marketing. Quand j’ai crée Guinée Games beaucoup de clubs sont venus me voir pour être leur sponsor, mais j’ai préféré prendre Horoya, l’équipe de la banlieue. L’équipe de mes premières amours. Je suis venu à Horoya pour l’ancien champion d’Afrique retrouve ses valeurs. Je suis venu avec toutes mes forces pour que le Horoya puisse planer sur le football guinéen et bientôt sur le football africain. C’est cette ambition qui m’a amené vers le Horoya.
Quel est votre projet sportif pour le Horoya ?
Je compte faire du Horoya l’un des grands clubs d’Afrique. Nous travaillons pour cela. Nous avons fait un projet pour nous permettre d’être un véritable club de football avec tout ce qu’il faut pour affronter les grandes compétitions du monde. Nous avons un Centre de formation qui nous donne la chance de former de jeunes joueurs d’U12 à U19. Cela nous permettra de faire le retour sur nos investissements. Parce qu’il faut rentabiliser ce que tu investis. Il fallait aussi avoir une équipe compétitive pour le championnat aussi bien que pour les compétitions internationales. Il fallait aussi avoir des structures permettant d’asseoir un club digne de ce nom. Aujourd’hui, le Horoya a une administration complète. Tous nos joueurs sont des professionnels avec des véhicules à leur disposition. En plus de cela, le club même à deux bus et trois 4X4 pour la liaison. Nous avons songé à mettre les joueurs et le personnel dans les meilleures conditions afin que ceux-ci puissent travailler sans arrière-pensée. Aujourd’hui, tous les joueurs de Horoya n’ont devoir que de jouer au ballon.
Le football guinéen est à la croisée des chemins. A vous entendre parler, on a l’impression que vous incitez les autres à faire comme vous. Comment vous vivez cette concurrence interne ?
Dès mon arrivée à Horoya, j’ai dit que pour que le niveau de notre football soit relevé, il faut qu’il ait des grands clubs, de gros investissements et des présidents de club forts. Le Horoya a donné le ton. Aujourd’hui, je suis très heureux et fier que beaucoup d’investisseurs et d’hommes d’affaires s’intéressent au football guinéen. Le tout soutenu par le retour du public au stade. Comme j’aime le dire, nous, on veut faire sortir le football guinéen du bas fond. Notre premier objectif en Ligue des champions n’est pas de rempoter toute de suite le trophée, mais de changer l’indice du football guinéen afin que beaucoup de nos clubs puissent représenter le pays aux compétitions africaines. Il faut qu’on se dise la vérité : le football guinéen est à plat. La preuve : le Sily national ne s’est pas qualifié à la Can, ni à la Coupe du monde encore moins au Chan. Un désastre à mes yeux. C’est incroyable et inimaginable pour un pays comme la Guinée. Nous, nous ambitionnons de remettre la Guinée au premier plan. Et je suis sûr qu’on y arrivera. Le ton sera donné dès cette année, inchallah. Et dans les quatre prochaines années, la Guinée retrouvera sa place sur l’échiquier continental.
Quel est le leitmotiv pour la saison prochaine après deux présences infructueuses en Ligue des champions ?
Nous avons déjà tiré les leçons de ces deux sorties infructueuses en Ligue des champions. Ce parcours ressemble à celui d’un nouveau-né qui rencontre beaucoup de difficultés avant de pouvoir se tenir debout. Mon équipe a une base solide. J’aime toujours dire cela à mes joueurs et à mon encadrement. Maintenant, il faut consolider cette base. Certes, nous avons de jeunes joueurs expérimentés que tout le monde admire, mais il nous faut également des jeunes qui ont l’expérience des compétitions internationales et africaines. Nous comptons mettre une véritable équipe africaine en place capable de rivaliser les grands d’Afrique. Je souhaite de tout mon cœur que le Horoya participe valablement en phase de poules de la Ligue des champions africaine.
Par Baba Cissouma, envoyé spécial à Conakry
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