Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, Amadou Togola, président de la Fédération malienne de cyclisme, nous parle de l’annulation de son élection par le Tribunal de grande instance de la Commune IV, de la décision du ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne de mettre en place un bureau consensuel et demande aux autorités sportives de laisser son bureau travailler avant la fin de la procédure judiciaire en cours”.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous parler de la crise à la quelle la Fédération malienne de cyclisme est aujourd’hui confrontée ?
Amadou Togola : C’est vrai que nous nous sommes retrouvés dans une situation qui n’était pas notre souhait. J’ai été président de la Fédération malienne de cyclisme durant huit ans et dès que j’ai été battu en 2021 lors du conseil national de la Fédération malienne cyclisme, je me suis retiré du monde de cyclisme. Au bout de trois mois, les responsables des ligues sont venus me voir en me disant que ça ne va pas au niveau du bureau fédéral, ils ont dit que mon successeur avait d’autres agendas qui ne sont pas celui du développement du cyclisme. Je leur ai conseillé d’aller voir le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) parce que c’est là-bas que tout le problème lié au sport se règle.
Effectivement, ils sont allés au niveau du Cnosm qui a pu les ramener à la raison. Cependant, une année après, mon successeur a fait des choses imaginables, il a retiré unilatéralement sans réunion du bureau la Fédération du seul contrat qui lui permet de mener des activités. Il s’agit du contrat Moov Africa Malitel à travers le Cnosm. Là, les ligues se sont organisées en disant que cela ne peut pas continuer. Alors, quatre ligues sur cinq ont demandé à aller à une assemblée générale extraordinaire afin de le destituer. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne et le Cnosm ont été informé de la date de l’organisation de cette assemblée générale extraordinaire. La direction nationale des sports et de l’éducation physique (Dnsep) a même choisi un représentant qui devait superviser l’assemblée en la personne de Mamadou Sidibé qui est chargé de la législation au sein de la Dnsep. Le jour de l’AGE, le représentant du Cnosm, le commandant Adama Mariko était sur le lieu, il a même appelé le patron de la Dnsep sur la position de son représentant. Vu le retard du représentant de la Dnsep, le représentant du Cnosm a supervisé l’assemblée à l’issue de laquelle j’ai été élu nouveau président de la Fédération malienne de cyclisme.
Le représentant du Cnosm a rendu compte au directeur national des sports. Quelques jours après, le ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, Mossa Ag Attaher et son staff ont initié une réunion d’urgence avec le président du Cnosm pour valider notre bureau en publiant une lettre officielle. Lorsque nous avons reçu cette correspondance, nous avons été reçus par le directeur national des sports, par le ministre de la Jeunesse et des Sports et par le président du Cnosm. Du coup, nous avons commencé à travailler en organisant le Grand Prix du PDG du Moov Africa Malitel, le Critérium de la paix et le ministre de la Jeunesse et des Sports était représenté à ces deux compétitions. En plus de cela, nous avons organisé une autre compétition de cyclisme dans la région de Sikasso.
Nous avons appris que votre élection a été annulée par le Tribunal de grande instance de la Commune V. Quant n’est-il exactement ?
Quelques semaines après avoir commencé à travailler, nous avons demandé à la Dnsep de nous mettre dans les conditions de travail parce que notre siège n’est pas à notre disposition. Ils nous ont invités à venir récupérer les clés du siège au stade Ouezzin Coulibaly. Ils nous ont demandé si nous avons informé le président sortant pour la passation et nous avons dit oui. Le jour de la passation, le président sortant n’est pas venu et le directeur du stade Ouezzin Coulibaly, représentant la Dnsep, a pris la responsabilité de chercher un menuisier pour forcer l’ouverture du siège.
Après, nous avons reçu des convocations de la part du président sortant au niveau du Tribunal de la Commune IV et même de la Sécurité d’Etat. Il est important de dire que le Tribunal s’est déclaré incompétent parce que cela ne relève pas de son rôle de dire à une fédération sportive d’arrêter de travailler. Il a également introduit une requête pour l’invalidation du bureau. Le 4 septembre dernier, le Tribunal de grande instance de la Commune IV du district de Bamako a invalidé notre bureau.
De toute façon, c’est une décision de première instance, mais une décision de justice ne peut appliquer que lorsque toutes les voies de recours ont été épuisées. Immédiatement, nous avons cherché un extrait du plumitif et nous avons interjeté appel auprès de la Cour d’appel de Bamako.
Lors de la rencontre mensuelle du nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne avec la presse, il a précisé qu’une rencontre a été organisée entre les deux camps par la Dnsep afin de mettre en place un bureau consensuel. Que pensez-vous de cette déclaration du ministre Fomba ?
Effectivement, nous avons rencontré le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, nous lui avons expliqué le problème et il nous a fait des propositions. Quelques jours après, nous avons écrit le ministre en lui faisant p art de nos propositions. Il y a trois semaines, le directeur national des sports et de l’éducation physique nous a reçus en faisant la proposition de fusion des deux parties. Il a précisé que le ministre lui a dit de nous dire de faire un consensus autour de Sidy Bagayoko, le président sortant et que pour lui les textes vont en faveur de Sidy.
Je lui ai répondu en disant que le procureur du Tribunal de la Commune IV qui nous a reçus avait eu les mêmes appréhensions, mais lorsqu’il a vu le règlement intérieur qui complète les statuts, il a compris. Je lui ai encore répondu que dire que les textes vont en faveur de Sidy Bagayoko est votre interprétation. Il est écrit dans le règlement intérieur que l’assemblée est la seule instance habilitée à statuer sur les questions non prévues dans le statut.
A partir de ce moment, ce que l’assemblée décide fait force de loi. Je pense que dès que quatre ligues sur cinq mettent un bureau en place, il n’y a pas plus légitimé que cela et ajouter à cela la légitimité par écrit de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, du directeur national des sports et du président du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm).
Quelle solution proposez-vous afin de sortir de cette crise ?
J’ai récemment demandé au directeur national des sports pourquoi ils n’appliquent pas la loi régissant les activités physiques et sportives au Mali ou ils attendent parce que le dossier est au niveau de la justice. Cette loi précise dans son article 81 que le Cnosm est doté d’une Chambre de conciliation et d’arbitrage chargé de gérer les litiges sportifs. En plus de cela, je lui ai fais deux propositions. La première est qu’il laisse le tribunal aller jusqu’au bout de l’affaire et la décision qui sortira de là s’imposera à tous.
La deuxième proposition est de ramener l’affaire au niveau de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Cnosm comme prévoit la loi 2017 régissant les activités physiques et sportives. Nous ne ferons pas de consensus autour de Sidy Bagayoko et nous n’accepterons pas d’autre proposition.
Dans la proposition que nous avons faite à la Dnsep, nous avons demandé de reprendre l’élection avec les cinq ligues (Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et le district de Bamako), mais pas avec des ligues inventées. Notre bureau a été déjà validé par les autorités sportives du pays, mais si le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne veut changer cela, je ne sais pas quoi lui répondre.
Votre mot de la fin ?
Je veux apporter une clarification à ce que le ministre Abdoul Kassim Ibrahim Fomba a dit lors de sa rencontre avec la presse. La Dnsep n’a jamais organisé une rencontre entre les deux parties. C’est vrai que le directeur national des sports nous a reçus, mais pas avec l’autre camp. Lorsqu’il nous a reçus, je lui ai dis que nous ne ferons pas un consensus autour de Sidy Bagayoko. Je demande aux autorités sportives de nous laisser travailler avant la fin de la procédure judiciaire en cours.
Propos recueillis par Mahamadou Traoré