Amadou Kayantao, meilleur athlète Ouest-Africain 2015 : “Nous pouvons faire mieux si l’Etat nous donne les moyens et nous met dans les conditions adéquates “

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L’athlétisme est l’une des disciplines phares au Mali. Cependant très rares sont les athlètes maliens qui vivent de leur sport. Amadou Kayanto (28 ans) en est une parfaite illustration. Actuellement l’un des meilleurs athlètes maliens, ce natif de Téné, (cercle de San, région de Ségou) estime que des athlètes maliens, à son image, sont aux oubliettes de la part de l’Etat. Meilleur athlète des Jeux ouest-africains 2015 et détenteur du record du Meeting de San, Amadou Kayantao s’insurge contre les conditions des athlètes maliens et interpellent la fédération d’athlétisme ainsi que l’Etat malien. 

Il y a environ trois semaines, des athlètes maliens ont vaillamment défendu les couleurs nationales en faveur du tournoi de la solidarité organisé les 14 et 15 juillet derniers à Porto-Novo (Bénin). Regroupant 4 pays de la sous-région, le Mali termine premier au classement général avec 377 points engrangés devant pays hôte, le Benin (376 points), le Togo (197 unités) et le Niger (83 points). En plus du classement général, le Mali a aussi remporté le trophée masculin. Les nôtres ont totalisé 200 points contre 184 pour les Béninois. Quant au trophée féminin,  il est revenu aux Béninoises qui ont engrangé 192 unités contre 177 points pour les Maliennes. Fort des 11 médailles d’or, 15 médailles d’argent et 13 médailles de bronze le Mali s’était classé 2e sur tableau des médailles derrière le pays hôte qui a décroché 14 médailles d’or, 9 d’argent et 13 de bronze.

Incontournable au 800 m, (1’55’25), Amadou Kayantao a encore prouvé sa prouesse lors de ce tournoi de la solidarité en terminant en tête de la catégorie devant la star béninoise, Noélie Yarigo, spécialiste du 800 m et demi-finaliste des Jeux Olympiques 2016. Au terme de la compétition, le natif de Téné s’est adjugé trois médailles dont 1 d’or et deux de bronzes. Avec désormais 15 médailles à son actif (8 d’or, 5 d’argent et 2 de bronze) et pour avoir été le porte-drapeau du Mali sur plusieurs fronts de l’athlétisme, Amadou Kayantao, également détenteur du record du Meeting de San en 800 m (1’55’23) estime qu’il est grand temps que la Fédération en charge de la discipline et l’Etat Malien apportent leur soutien et leur accompagnement aux athlètes afin qu’ils puissent aller encore plus loin, réaliser leur rêve et représenter valablement les couleurs du  Mali en Afrique et dans le monde.

Après plusieurs participations aux tournois nationaux et internationaux dont le tournoi de la solidarité, dernièrement, Kayantao s’entraine chaque soir sous les ordres d’Ousmane Mariko sur le terrain Badema de Lafiabougou où nous l’avons rencontré. Un terrain qui, selon lui, n’offre pas les conditions favorables à son progrès. “Je pratique l’athlétisme depuis plusieurs années maintenant et vu mes performances sur le plan national et international, c’est difficile d’imaginer que c’est sur ce terrain que je m’entraine encore. Un terrain qui ne respecte pas les normes d’un terrain d’entrainement d’un athlète” s’est-il d’abord indigné, avant d’ajouter que “la seule vérité est que le Mali favorise certaines disciplines sportives plus que d’autres. Nous voyons des villas et des millions offerts à certains sportifs d’autres disciplines, mais les athlètes n’en bénéficient pas. Ce n’est pas parce qu’ils ne font pas de bonnes performances, mais parce que la discipline n’est pas valorisée”.

C’est en 2010 que Kayantao débute sa carrière d’athlète à la suite d’un tournoi inter-écoles. Apres l’obtention de son DEF (Diplôme d’Etudes Fondamentales) en 2006 à Téné, son village natal, il a e été orienté au Lycée Mamadou Sarr de Bamako. Intraitable sur la piste, il a été sélectionné en 2010 par son professeur d’EPS pour représenter son école à un tournoi inter-écoles où il a terminé champion en athlétisme. “C’est suite à ce titre que mon professeur m’a dit que j’avais toutes les qualités pour devenir un athlète. Et c’est ainsi que je me suis intéressé à la discipline. Franchement, je ne savais même pas que l’athlétisme était aussi une discipline qu’on pouvait faire comme métier. C’est au lycée que j’ai découvert cela et depuis je me suis consacré à la pratiquer” nous a-t-il expliqué.

Vainqueur du Grand Prix de Bamako en 2014 avec un chrono de 1’48’99, Amadou, qui s’est offert l’année suivante le litre de meilleur athlète du tournoi auest-africain de M’Bour (Sénégal), estime que les autorités doivent fournir un cadre adéquat pour espérer encore plus de performances. “Nous voulons faire de bonnes performances lors des grandes compétitions or nous n’avons pas de bonnes conditions. Malgré toutes mes performances, je reste toujours sans centre digne ce nom. Je ne suis pas le seul, aucun athlète malien n’ayant bénéficié de bourse à l’étranger n’a les conditions adéquates pour s’entrainer convenablement” se plaint-il, avant d’inviter les autorités à offrir des moyens aux athlètes pour la bonne pratique de la discipline dans notre pays. “J’ambitionne d’atteindre le sommet. Je rêve de devenir un athlète qui représentera le Mali et l’Afrique dans les plus grandes compétitions mondiales, mais hélas, ce serait très difficile d’atteindre ces ambitions vues les conditions dans lesquelles je m’entraine. Nous pouvons faire mieux si l’Etat nous donne les moyens et nous met dans les conditions “ conclut-il.             Youssouf KONE

 

 

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