Alassane Souleymane à propos des assises de la Femafoot à Mopti : «Je parie sur une Assemblée apaisée»

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Révélations fracassantes sur la mauvaise gestion de notre sport-roi par Hammadoun Kolado Cissé ; explication sur sa démission de la Femafoot au poste de président de la Commission communication ; clin d’œil sur la 42ème Assemblée générale de l’instance dirigeante de notre football… Alassane Souleymane nous édifie. Lisez !

 

Alassane Souleymane
Alassane Souleymane

Le Katois : Quelle appréciation faites-vous de l’état actuel de notre football sur le plan management ainsi que sur la gestion des équipes nationales ?

Alassane Souleymane : J’avoue que la gestion du football malien reste énigmatique. On ne trouve toujours pas la bonne procédure. En réalité, elle est mauvaise, notamment au niveau de la grande sélection. Elle est la vitrine et doit être la terminaison de toutes nos politiques. Mais, les derniers épisodes très fâcheux et malheureux nous rappellent que le ver est dans le fruit.

Vous parlez de quels épisodes?

Nous faisons deux fois de suite en 2012 et 2013, deux Can avec une 3ème place et paf! Nous sommes coincés sur la route d’un premier mondial tant attendu. Croyez-vous sincèrement que nous avons été éliminés par manque de joueurs ou par manque de moyens ? Les épisodes dont je parle sont les séquences Cheick Tidiane Diabaté  et Patrice Carteron. Pensez-vous pour une Fédération qui se respecte, que des situations pareilles doivent intervenir pour annihiler les chances très grandes de notre équipe et de toute une génération ? Je vais vous dire et j’ai regretté de n’avoir pas été en bonne position, dans un organe de presse, pour mener l’enquête. Avec tout le respect que je dois à tous ceux qui me considèrent, l’affaire du billet d’avion non envoyé de Cheick Diabaté et l’affaire du départ de Carteron ont été vraisemblablement ourdis, avec une grosse opération de manipulation, à des fins électoralistes. Quelqu’un a joué à éliminer, à disqualifier un autre au sein du Comité exécutif de la Femafoot pour avoir l’investiture à l’élection du nouveau président de la Fédération prévue cette année. Il y a  deux éléphants dans l’actuel bureau, l’un a  terrassé l’autre et l’équipe nationale a été l’herbe qui en a pâti.

 

 

Pouvez-vous être plus explicite?

Non, je m’arrête là et je demande juste à vos lecteurs de suivre mon regard. Je n’aime pas trop entrer dans les histoires de personnes, mais j’ai eu la chance de faire deux ans à la Fédération.  Je sais pourquoi on a voulu, à l’époque, que je vienne à la Fédération. C’était pour me faire taire, car je faisais régulièrement des analyses et des critiques souvent piquantes contre le Comité exécutif. Alors qu’en 2009, je n’étais pas à Tombouctou, j’ai eu l’honneur et la confiance des gens pour que je rentre dans le Comité exécutif de la Fédération. Quand j’y suis entré, j’ai voulu rendre cet honneur et mériter cette confiance. Et quand j’ai vu que jetais combattu avec des bâtons dans les roues par ceux qui ne doivent pas le faire. J’ai compris que je ne pouvais pas travailler sereinement et je suis parti.

 

 
C’est pourquoi vous aviez claqué la porte, alors même que l’équipe nationale venait de se qualifier pour la Can Orange 2012, au Gabon et en Guinée équatoriale ?

L’équipe s’est qualifiée le samedi 8 octobre et moi, j’ai remis ma lettre au président de la Fédération le mardi 11 octobre. Au fait, j’avais pris ma décision depuis le mondial junior en Colombie au mois d’août précédent. Les conditions dans lesquelles cette équipe pétrie de talent avait été préparée, laissaient à désirer. Et pourtant,  le département avait pris toutes les dispositions pour une bonne préparation, soit au Mexique, soit au Brésil ou dans le pays organisateur. Car, toute la préparation se faisait par rapport à l’altitude, Bogota, la capitale colombienne, étant l’une des villes les plus hautes au monde. Mais, à la Fédération, on n’écoute pas tout le monde, vous le savez bien. Il y a une sorte d’autocratie qui ne dit pas son nom. On a tout simplement dit que l’équipe pouvait bonnement se préparer à Kabala et arriver deux jours avant son match. C’est ce qu’on a fait. Et arrivés en Colombie, le temps même de savoir quelle attitude adopter face à l’altitude, notre premier match était là face à  la Corée du Sud avec une défaite de 2-0 au bout et une expulsion. Ce fut le même scénario aux trois matches de poule: défaite 2-0 et une expulsion. L’expulsion était l’explication technique de l’impréparation comme me l’a expliqué, avant notre départ, un membre de la délégation française, puisque nous faisions la même poule que la France. Il m’a dit ceci : «Avec l’altitude, si on n’est pas préparé, on ne maîtrisera pas le geste. Là où vous sembler mettre le doigt, c’est tout le bras qui part. C’est ce qui arrivait à ceux qui se faisaient expulser: ils tentent un simple tacle, mais le geste les dépasse». A partir de cette déconvenue colombienne, j’avais pris ma décision qu’au retour, je quitterais!

 

 


Vous n’êtes pas parti aussitôt?

Oui, c’est vrai. A mon retour, je devais prendre le temps de consulter un certain nombre de personnes qui me sont proches et qui comptent pour moi. Car, on m’a prévenu qu’au Mali, ce n’est pas bien de démissionner. J’ai à chaque fois rétorquer qu’il y a bien eu des précurseurs pourtant. Je ne voyais pas aussi la difficulté de rendre le tablier. Pour moi, c’est un geste humain et puis, c’est une preuve de bon sens. Si dans n’importe quelle activité collégiale où vous êtes amenés à jouer une partition dans un ensemble, un processus, quand vous vous sentez bloqué où vous sentez que vous est bloquant, de deux choses l’une: vous améliorez la position ou vous la quittez. Dans mon cas, je me sentais bloqué dans ce que je faisais et de ce fait je bloquais le travail d’ensemble. Que vaut ma modeste personne pour gripper une machine qui, plus est, un sport qui fait tousser même le président de la République ?

 

 


Revenons. Pourquoi attendre le 11 octobre?

A notre retour de Colombie, nous sommes venus trouver une atmosphère délétère. Il y avait l’affaire dite des trois jugements. Ce sont les délibérés de la Commission recours qui avait annulé les résultats des élections des ligues de Kayes, Bamako et la montée en D2 du Nianan de Koulikoro. Les actes de la Commission étaient entre les mains du Secrétariat général et de la présidence de la Fédération et l’info était retenue. Or, comme on est à Bamako, toutes les parties prenantes savaient ces verdicts et que les deux élections devaient être reprises et le Nianan débouté de son ticket de promotion en Ligue 1. Alors, cela a pourri l’atmosphère davantage et lors d’une réunion d’un Comité exécutif difficilement convoquée, le débat autour de ces jugements a dégénéré et on a failli assister à des actes imparables. J’avoue que ça m’a choqué. Ce qui m’a le plus choqué, c’est que nos propres textes relus et adoptés, deux mois auparavant, venaient d’être violés de façon flagrante par nous-mêmes. Il est dit dans ces textes que les jugements de la Commission recours sont définitifs et sans recours. Mais, l’on voulait faire main basse sur la loi. On connaît la suite. Ces actes juridiques n’ont jamais été appliqués. Une jurisprudence qui nous coûte chère, car personne n’accorde un crédit à ces textes.

 

 

A partir de cet instant, j’avais pris la résolution de partir. Mais, je ne voulais pas attirer l’attention sur moi, surtout ouvrir quelque polémique que ce soit, alors que l’équipe nationale avait un match important au Liberia en début octobre. Jai donc attendu le match et puis partir dans le calme, sans que personne ne crie gare.

 

Mais votre démission a pourtant  fait du bruit ?

Certains confrères qui m’aiment bien ont salué ou regretté mon départ, c’est vrai. Des gens qui m’aiment bien m’ont encouragé. Ça s’arrête là.
 

Vous êtes sur la liste de Boukary Sidibé «Kolon» pour la présidence de la Fédération malienne de football. Qu’est-ce qui motive ce choix ?

J’ai connu Kolon à la Fédération. Il a tout de suite eu de la sympathie pour moi. Nous sommes de la même génération et c’est un bon jeune grand-frère à moi. Je crois que nous avons des façons communes de voir les choses. Avec l’équipe nationale, nous avons essayé d’apporter chacun, lui une sorte de gestion axée sur le management du groupe de la sélection en tenant compte de toutes les sensibilités qui s’y trouvent et surtout sur la base de l’appartenance générationnelle avec les joueurs ; et moi, j’apportais les touches communicationnelles, car une équipe de football dans le monde d’aujourd’hui, ça doit communiquer. Nous avons essuyé même avec les embûches. Je me souviens de ces centaines de photos que je faisais des séances d’entraînement quand nous étions hors du pays ; de ces dizaines d’éléments sonores que  j’envoyais à la presse nationale au prix des longues nuits de montage ; de traitement de photos et d’articles. Je tenais à apporter ce que je savais et pouvais. Alors, Kolon et moi de même que d’autres, n’hésiteront jamais à apporter notre part à la marche du football malien. Avec tous les autres qui sont sur notre liste, nous nous sommes concertés au prix de nos relations personnelles et de la connaissance professionnelle que nous avons des uns et des autres, pour nous retrouver et faire chemin ensemble. Si je regarde la liste, je vois des personnes qui ont de la crédibilité et du professionnalisme nécessaire pour faire avancer les choses.
En plus de répondre à l’appel de Boukary Sidibé, j’ai à cœur de faire campagne proprement. En 2009, vous savez, j’étais le seul membre élu, mais absent de l’Assemblée générale à Tombouctou. Unanimement, on avait décidé de me faire confiance et de m’attribuer le poste de président de  la Commission communication. J’étais à Yamoussoukro en mission au sommet du Conseil de l’Entente comme envoyé spécial de l’Ortm. C’est à mon retour que je l’ai appris. J’avais pris la chose avec honneur et avais pris l’engagement de servir, sans considération aucune, de personne ou de clan. Cette fois, je veux moi-même me battre, avec d’autres volontaires du football et briguer les suffrages des électeurs du football malien. Proprement. Cela me permettra de sentir la respiration de ce vivier naturel de notre sport-roi ; de dire mes ambitions et celles de notre tête de liste et de tous les autres camarades: que nous voulons le renouveau du football malien axé sur une gestion saine, efficace et apaisée.

 

 

 

Qu’est-ce qui fait la particularité de votre liste et qu’est-ce qui la différencie des deux autres listes, notamment celle de Hammadoun Kolado Cissé, président sortant et celle de Boubacar M’Baba Diarra ?

Je ne vais pas juger les autres. Dans ce monde du football, je me suis érigé une règle: rester en bons termes avec tous les acteurs que j’ai la chance de rencontrer ou côtoyer. Le football est un sport et le sport est vecteur de cohésion sociale, de rapprochement, d’intégration, d’amitié, de bien-être partagé. A quoi bon de s’entre-déchirer quand, à la fin d’un match, on éteint les lumières du stade, on ferme les portes parce que chacun est rentré chez lui et s’occuper de lui même, de sa famille et de ses affaires ? Pendant ce temps, les joueurs et les équipes pour qui on s’entre-déchire, sont ailleurs et s’occupent de leurs propres affaires. Etre dans une Fédération, être membre d’une Fédération, c’est du pur bénévolat. On a des généraux, des commissaires, des directeurs généraux dans nos Fédérations. A ce que je sache, ils peuvent aisément vivre sans la Fédération. S’ils y sont arrivés, c’est pour servir le football et non s’en servir. Sur notre liste, tous ceux qui y figurent ont des occupations très lourdes et prenantes, et je sais qu’ils y viennent tous pour  donner leur expérience et leur temps. Le membre le plus dangereux d’un Comité exécutif sous le format que nous avons dans nos pays, c’est celui qui n’a pas une occupation professionnelle. Là forcément, la Fédération va devenir sa profession et il peut devenir dangereux et nuisible, car il va tenter de vivre de la Fédération et des activités connexes. Dès lors, sincèrement que vous avez une activité professionnelle ailleurs et dont vous vivez décemment, il ne vous restera qu’à donner de votre temps et de votre expérience au football. Cela s’appelle la vertu. Et c’est la vertu que nous voulons ramener au centre du jeu et de la gestion de notre football avec Boukary Sidibé devant.

 

 
Quel message avez-vous pour les trois camps afin que ces assises se tiennent dans un climat apaisé et dans la toute transparence ?

Pour moi, si quelqu’un veut sauvegarder un sou ou conquérir un pouvoir, le jeu d’intérêt peut soulever de la tension et nous amener même à des actes de violences. Mais, nous sommes encore dans un football amateur et je crois que personne sur ces trois listes n’entend venir chercher de l’argent ou du pouvoir à la Fédération. Ceux qui pensent comme ça, sont ceux par qui toute violence peut venir. Je pense honnêtement que dans notre camp, nous ne sommes pas des va-t-en guerre. L’Assemblée générale doit être un moment de retrouvailles entre bienfaiteurs et amoureux du sport. Ce sera un jeu, un match à gérer dans un temps et un espace définis, avec un ou des arbitres. Avec aussi des règles définies et connues de tous. Et je crois qu’aucune place n’est réservée à la violence et à des tensions inutiles. C’est d’ailleurs l’apanage des mauvais perdants, des mauvais esprits. Je parie sur une Assemblée apaisée.

 
Que vous inspire la supervision de cette Assemblée générale par la Fifa et la Caf ?

C’est un honneur que d’avoir ces institutions. Nous devons faire de sorte à l’avenir qu’elles n’éprouvent pas le besoin de venir. C’est aussi un message à nous adressé. C’est un des défis de notre conclave à venir.

 

Réalisée par Mamadou DIALLO  

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Alassane tu as bien fais de démissionner,car c’est pas facile pour un homme aussi ambitieux comme toi de travailler dans l’amateurisme.
    Voyons le cas Allain Giresse, Carteron ou encore affaire cheick Tidiane. c’est du n’importe quoi, du jamais dans ce monde, il n’ont plus leur place dans la gestion de notre sport roi. C’est fini pour eux. Kola et sa bande qui veulent toujours vivent de notre football et défendre leurs propres intérêts ça va comme ça. Votre place est ailleurs pas à la femafoot

  2. Alassane tu n’as pas démissionner tu as fuit l’expulsion comme Kolon et consort, la preuve c’est juste 1 mois après ton départ que ceux ci ont été remercier mais sache qu’on vous donnera pas l’occasion d’une quelconque revanche. C’est toi et ta bande de journal eux qui ont organisé et planifier l’élimination des aigles en coupe du monde mais l’histoire vous rattrapera.

      • Alassane tu as bien fais de démissionner,car c’est pas facile pour un homme aussi ambitieux comme toi de travailler dans l’amateurisme.
        Voyons le cas Allain Giresse, Carteron ou encore affaire cheick Tidiane. c’est du n’importe quoi, du jamais dans ce monde, il n’ont plus leur place dans la gestion de notre sport roi. C’est fini pour eux. Kola et sa bande qui veulent toujours vivent de notre football et défendre leurs propres intérêts ça va comme ça. Votre place est ailleurs pas à la femafoot

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