Le récent aveu de Lamine Diack, ancien président de la Fédération Internationale d’Athlétisme, mettant en cause le financement de la campagne électorale de Macky Sall, actuel Président de la République Sénégalaise, n’est qu’une rhétorique de plus pour alimenter la riche littérature politique qui consacre actuellement l’entremêlement des affaires politiques et sportives engendré par la puissance de l’argent. Car avant ce scandale qui ne concerne que seulement un peu plus d’1 milliard de FCFA (un peu plus d’1 million d’Euros), il y en a eu cette année bien d’autres d’une ampleur plus importante. Notamment dans le domaine du football international. Des scandales dont la manne financière détournée par les hauts dirigeants de la FIFA, dépassant parfois le budget annuel de certains Etats africains, tournerait autour de dizaines de millions d’Euros.
Ce qui a même entraîné des arrestations de personnalités ou leur suspension de leurs fonctions, afin de pouvoir faire la lumière sur le plan juridique. La suspension de Blatter et de Platini, des anciennes sommités du football mondial, sont la preuve que l’on est désormais décidé à aller à plus de transparence pour gérer les affaires sportives internationales. Mais suffit-il de couper quelques têtes qui gangrènent dangereusement la bonne marche de ce sport roi ? Ou se borner à ne révéler que quelques scandales, sans essayer de chercher à résoudre le problème en amont ? Dorénavant l’on doit s’atteler à dissocier, comme le recommandent d’ailleurs les textes constitutifs des instances sportives internationales, les affaires politiques de celles sportives.
Or, cela n’est possible que lorsque les diverses instances qui gèrent ces empires financiers apportent toute la transparence nécessaire. Mais encore que, pour empêcher que sport et politique ne continuent de s’entremêler, il faut forcément chercher à trancher le nœud gordien qui les lie. Alors qu’il se trouve malheureusement que les législations nationales n’ont généralement pas prévu de textes contraignants qui interdiraient (ou moraliseraient) les financements de partis politiques. Une triste réalité qui est pourtant palpable dans tous les pays du monde, notamment les pays occidentaux. Les affaires judiciaires liées aux financements occultes de partis politiques y sont pendantes. Comme c’est le cas du scandale concernant le financement présumé de la campagne présidentielle de Sarkozy par la Libye, que la justice n’a pas encore tranché.
Ainsi, la roue des scandales politico-financiers liés au sport va continuer de tourner en boucle. Ceux qui sont au pouvoir vont toujours puiser naturellement dans les caisses de l’Etat pour se maintenir. Tandis que de l’autre côté, les opposants chercheront le maximum de financements extérieurs possibles. Ce, par n’importe quel réseau qu’ils auront à leur portée. Même si évidemment, un jour ou l’autre cela déboucherait sur un scandale comme ce que la vie politique sénégalaise est en train de vivre. A moins que la passerelle entre manne financière sportive et monde politique soit considérablement réduite. Car, c’est le sport et le monde des arts qui fournissent actuellement le plus de ressources financières que les hommes politiques sont en mesure de s’approprier facilement.
Gaoussou M. Traoré