A l’issue de la 43è Assemblée Générale de la Confédération Africaine de Football, le vendredi 12 mars 2021 à Rabat, le Sud-africain Patrice Motsepe a été plébiscité président ! Sauf ce plébiscite a l’air d’une «comédie» pour de nombreux observateurs : le nouveau patron de la CAF n’avait en face de lui aucun adversaire. Le scrutin n’était donc pas ouvert !
Le président sortant, Ahmad, bien qu’ayant vu sa suspension ramenée à 2 ans par le Tribunal arbitral du sport ne pouvait pas se présenter pour un deuxième mandat. Celui qui assurait l’intérim, Constant Omari, était sous le coup d’une enquête à la FIFA et n’avait pas été autorisé à briguer un nouveau mandat au Conseil de la FIFA. Enfin, le retrait des trois adversaires de Motsepe qui restaient – l’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya – a rendu surréaliste cette élection.
Officiellement, les candidats de l’Afrique de l’Ouest se seraient rangés derrière la candidature du Sud-africain dans l’intérêt supérieur du football continental. Argumentaire fondé ? Il semble qu’il y ait eu de nombreuses tractations dans les coulisses quelques semaines avant le vote de Rabat.
En effet, réunis au Maroc fin février pour discuter d’éventuels compromis, Anouma, Senghor et Yahya ont été tous les trois surpris de découvrir la présence de Motsepe. Des représentants de la FIFA étaient également présents, indiquent des sources convergentes. Encore une mainmise de la FIFA sur la CAF ? Très probable ! Une chose est en tout cas claire : son président, Gianni Infantino, était visiblement satisfait de la composition du bureau de la CAF.
Le compromis de Rabat
À Rabat, s’il est avéré qu’aucun candidat de l’Afrique de l’Ouest n’aurait accepté de gaieté de cœur de retirer sa candidature, une chose est on ne peut claire : par le «compromis de Rabat», Senghor est devenu 1er vice-président de la CAF, Yahya le 2ème et Anouma le Conseiller spécial de Motsepe. Le nouveau patron du foot africain a animé sa première conférence de presse avec ses désormais anciens rivaux pour la présidence devenus ses lieutenants.
Pour rappel : c’est le même président de la FIFA qui avait été aux manœuvres, quatre ans plutôt, pour permettre l’accession du bureau sortant de la CAF dirigé par le Malgache Ahmad. Mais Infantino n’avait jamais pardonné au Malgache sa volonté de s’émanciper de sa tutelle. Alors, cette nouvelle équipe, dirigée par le milliardaire sud-africain pourra-t-elle s’émanciper de la FIFA ?
Gaoussou Madani Traoré