Né le 7 décembre 1939 à Bamako, Bassidiki Touré à l’état civil, débute la pratique du football dans les rues de Bozola (son quartier). Un jour, alors qu’il n’a que seize ans, il tombe sur le recruteur de la Jeanne d’Arc de Bamako, Oumar Traoré dit Maro, qui décèle en lui un certain talent. Il signe alors chez les missionnaires et se retrouve aux côtés de Ben Oumar Sy, Mamadou Koné Batlin, Seydou Thiam, Seydou N’Daw…
Lors de sa première saison (1955-1956), il confirme tout le bien qu’on pensait de lui, en s’imposant comme l’un des meilleurs attaquants du pays. Après avoir remporté la même année la Coupe AOF, il pose ses valises en Hexagone et signe à l’ASPTT de Nice. Après une saison sur la côte d’Azur, il est engagé par l’Olympique de Marseille, qui avait eu des échos d’un jeune attaquant soudanais du côté de Nice.
A Marseille, il joue cinq matchs avec les amateurs, avant de rallier l’équipe première grâce à son talent. En 1959, il quitte les bords de la cannebière et s’engage avec Toulouse. Malheureusement, une méchante blessure l’éloigne des terrains pendant 18 mois et l’empêche de montrer l’étendue de son talent. Durant cette période, il tire le diable par la queue, car il ne perçoit aucun salaire (alors qu’il a une femme et 2 enfants).
En 1964, le légendaire José Arribas, entraîneur de Nantes, se souvient de lui et l’engage dans son effectif. Après avoir gagné un championnat de France en 1965 et perdu en finale de Coupe de France l’année suivante face à Strasbourg, il quitte Nantes pour Ajaccio. En 1969, il rejoint les amateurs de Blois et commence à songer à l’après-football. En 1971, à l’occasion de la double confrontation contre la Guinée Conakry (match qualificatif pour la CAN 1972), l’entraîneur des Aigles Karl-Heinz Weigang lui fait appel et il contribue à la qualification des siens pour une première coupe d’Afrique des nations.
A Yaoundé, tout comme Salif Keïta, il est attendu par toute la presse internationale. Doyen d’âge de l’équipe, il contribue à recadrer ses cadets qui, après 3 matchs nuls, étaient en doute. Un de ses coéquipiers, à savoir Bakary Traoré dit Alliance, se souvient du Match Mali-Togo à Yaoundé, au cours duquel il a eu à effectuer une reprise de volée spectaculaire.
Pris de peur par la réaction de Bakoroba, il se couvre le visage avec les mains et reste à terre. Quelques secondes plus tard, «l’homme noir» vient le relever et lui dit : «Petit frère, lèves-toi, tu viens de marquer». Grâce à sa présence, le Mali atteint la finale, mais s’incline de peu face au Congo Brazzaville, le 5 mars 1972.
Après «Yaoundé 72», il raccroche les crampons et devient entraîneur à Blois jusqu’à son départ définitif pour le Mali en 1974. En 1975, il entraîne le Stade malien de Bamako, avant de se consacrer à son complexe hôtelier situé sur le site de l’ancien aéroport de Bamako (Hamdallaye). En Décembre 1983, un jubilé est organisé en son honneur au Stade omnisports, au cours duquel le public découvre son fils José Touré, professionnel à Nantes. Bakoroba, Bako, l’homme noir, l’enfant de Bozola, rejoint le Royaume des cieux le 28 avril 2001, après avoir mené un long combat contre la maladie. Depuis lors, un comité des supporters du Stade malien de Bamako porte son nom, afin que nul n’oublie celui pour lequel, «le football est un jeu très simple, un jeu d’équipe».
Dors en paix, Bako. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons» !
Mohamed SOUMARE
Source Bama sport pour Maliweb.net