L”instance dirigeante du football mondial s”est prise les pieds dans le tapis d”une affaire qu”elle est seule a avoir créé. Normale dans ce cas qu”elle présente ses plates excuses.
Sepp Blatter, le président de la FIFA, fait son mea culpa. Dans une déclaration au quotidien sportif français, "l”Équipe", le patron du football mondial "reconnaît son erreur dans la gestion du cas malien et promet qu”elle ne se reproduira pas". Et pourtant c”est bien lui qui avait signé, en des termes sans appel, le courrier adressé la semaine dernière à la Fédération malienne de football (FMF). Une correspondance qui exigeait la libération immédiate de Frédéric Kanouté (FC Séville) et Mahamadou Diarra (Réal Madrid) au profit de leur club respectif. Les deux joueurs étaient alors en stage à Kabala avec la sélection nationale pour le match Mali-Sierra Leone qui s”est disputée hier au stade du 26 Mars.
"Cette date internationale du 17 juin a été fixée arbitrairement par la FIFA, je le reconnais. Et lorsque, en, mars, nous avons avalisé cette dérogation, parce que la Confédération africaine de football (CAF) cherchait une date, nous aurions dû préciser que ne pouvaient être concernés les joueurs engagés dans un championnat. Dans ces conditions, notre erreur ne doit pas être préjudiciable aux clubs qui, je le pense, auraient pu éventuellement attaquer la FIFA", affirme Sepp Blatter avant d”ajouter que “ça ne se reproduira plus”. En tout cas la décision de l”instance mondiale du football, a porté un grand coup au mental du monde sportif malien et africain et continue a faire des vagues dans les "grins" et les cafés de Bamako. Presque tout le monde s”accorde à dire que la FIFA a manqué de respect à l”égard des pays du sud, même si le Brésil et l”Argentine sont également concernés par l”affaire et même si la CAF n”est pas non plus sans reproche.
À l”annonce de la décision de la FIFA, Frédéric Kanouté n”a pas pu contenir sa colère.
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L”attaquant des Aigles a accusé l”instance dirigeante du football mondial de manquer de respect au football africain. "Cette décision relève d”un manque de respect pour le Mali, mais aussi pour moi même", a critiqué l”attaquant des Aigles qui a regagné l”Espagne vendredi. "Ce qu”a fait la FIFA est scandaleux, je suis outré, c”est un manque de respect pour le football africain", proteste également Mahamadou Diarra dans les colonnes du journal l”Équipe. "Kanouté et moi sommes dans la "merde", car, au pays, les gens pensent que c”est nous qui ne voulons pas défendre les couleurs du Mali", a ajouté le capitaine des Aigles. "Aucun pays ne peut être content lorsqu”il se retrouve dans cette situation. Mais pour le moment nous ne voulons pas faire de commentaire", s”est contenté de dire le conseiller du président de la Fédération malienne de football, Sadia Cissé.
Il faut rappeler que cette affaire intervient quelques semaines après une autre décision de la FIFA qui a été beaucoup critiquée par les "petits pays" : l”interdiction de jouer les matches internationaux à plus de 2600 m d”altitude. Mais la Fédération internationale se défend : "Nous sommes impartiaux, assure le chef du service de presse de la FIFA, Andreas Herren. Nous gérons 208 associations, nous ne pouvons satisfaire tout le monde, c”est une tâche assez ingrate. Normalement, les compétitions officielles internationales (comme la CAN) ont la priorité sur les championnats nationaux. Mais la date a été choisie par la CAF début 2007, bien après la publication du calendrier espagnol, Elle n”a donc pas le même caractère obligatoire que les dates FIFA", explique Herren.
On se rappelle qu”en septembre, le sélectionneur français Raymond Domenech s”était vanté d”avoir le droit de la FIFA pour lui quand il a voulu imposer à Chelsea de libérer Claude Makelele pour des matches qualificatifs au Mondial. Alors, deux poids deux mesures parce que la France est une "grande nation" du football ? "Non! On ne peut absolument mélanger ces deux affaires, la FIFA n”avait rien à imposer parce que le joueur lui-même avait fait savoir qu”il voulait arrêter sa carrière internationale avant de changer d”avis", répond le chef du service de presse de la FIFA.
Du côté de l”Espagne, le Réal Madrid a précisé, avoir reçu des fédérations argentine, malienne et brésilienne les autorisations pour que Fernando Gago, Gonzalo Higuain, Mahamadou Diarra, Robinho et Marcelo soient présents pour la dernière journée de la Liga qui s”est disputée hier. Cette déclaration a été confirmée par la Fédération brésilienne de football qui a indiqué avoir accepté de mettre Robinho à la disposition du Réal Madrid pour son match décisif d”hier. Le sélectionneur brésilien Dunga avait sélectionné Robinho en vue de la Copa America, qui débute le 26 juin au Venezuela. Les règlements de la FIFA exigent que les clubs libèrent leurs internationaux deux semaines avant les tournois majeurs.
"Étant donné que le Réal Madrid a reconnu que le joueur ne pouvait pas légalement être autorisé à jouer dimanche, et la promesse de la direction du club espagnol qu”une telle situation ne se reproduira plus, la CBF a libéré Robinho et Marcelo, qui devront être disponibles après le match du Réal Madrid le 17 juin", a indiqué la fédération brésilienne.
Pour revenir à nos deux compatriotes, la faute de la FIFA, car c”en est une et non une erreur comme on tente de la qualifier, aura été commise au bénéfice exclusif des clubs. Cependant, on ne peut s”empêcher de voir en dessous les menaces et chantages que subit la FIFA de la part de la puissante multinationale de football qu”est le G14. La puissante CBF, comme on l”a vu dans le cas de Robinho, s”est battu pied à pied contre l”iniquité de la décision de Blatter avant de consentir à donner son accord. C”est à un pareil acharnement dans la présentation de son bon droit qu”on attendait la Fédération malienne de football, mais hélas Pour l”avenir il serait plus convenable que nos dirigeants montent en première ligne dans la défense des intérêts de nos joueurs au lieu de les laisser eux mêmes monter au filet, car dans cette affaire ils n”ont fait preuve d”aucune résistance. Blatter a beau reconnaître, après coup, son erreur, gageons que s”il s”était agi du Cameroun, de l”Égypte ou même… de la Côte d” Ivoire, il aurait regardé par deux fois sa lettre du 14 juin avant d”être aussi catégorique dans ses termes.
M. DIARRA
M. N. TRAORÉ
L”Essor du 17 Juin 2007
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