Affaire Bouvier : Mythe ou réalité ?

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               Que d’ergotages et de supputations, à propos du football malien, depuis Yaoundé 1972, où l’équipe nationale a raté, d’un cheveu, son sacre pour la Coupe d’Afrique des Nations, au Cameroun ! Un sacre sur lequel reposaient pourtant tous les espoirs du peuple malien… Depuis ces moments de gloire de l’équipe nationale, notre football est comme frappé d’une mystérieuse malchance qui déteignait sur tous ses résultats, surtout au niveau international. A tel point que bien des Maliens (les fans du football, en particulier) ont vite fait d’occulter les raisons objectives de ces échecs, pour les assimiler… à une certaine malédiction.

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Des raisons plus rationnelles que passionnelles.

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                Sans aller à la limite du pessimisme ou de l’extrémisme, il y a cependant lieu de s’interroger. Qu’est-ce qui constitue donc le frein à un essor durable de l’équipe nationale? Nos équipes ont pourtant enregistré des succès éclatants et connu des joueurs d’envergure nationale et internationale. Mais il semble que ces prouesses et performances n’ont encore guère été entretenues au point de se transformer en expériences profitables pour le devenir de notre football.

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                Chaque fois que la formation nationale se trouve à un pas de la consécration (la CAN), les “Dieux du football” semblent s’acharner sur elle et lui ôter l’espoir. Sur les raisons de ces “malchances”, pourtant, le plus souvent explicables, les avis des Maliens sont aussi différents que variés. Tandis que les uns les attribuent à des querelles de personnes, des conflits d’intérêt ou de compétence, et au manque d’engagement de certains dirigeants de la fédération, les autres en accusent plutôt la mésentente entre certains joueurs ou leur implication insuffisante pour l’intérêt du football malien.

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                D’autres esprits vont encore plus loin dans le pessimisme et attribuent les raisons des contre-performances passées des Aigles… à une malédiction lancée, dans le temps, sur le football malien. Sur ce cas, une ancienne élève du Cours Jeanne d’Arc, Mme Geogette Koné, nous livre ses souvenirs : “Enfin…, les gens le disent, mais je n’en suis pas si convaincue. Tout ce que j’ai appris, c’est par d’autres personnes qui disaient que l’actuel Stade Mamadou Konaté était une propriété du Père Bouvier, qui l’avait baptisée en son nom. Et c’est bien plus tard que ce nom a changé.

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                Quant à cette malédiction dont on parle, je n’en crois rien. Le Père Bouvier que j’ai connu n’était pas un homme à maudire quelque chose, encore moins quelqu’un. Il était foncièrement bon et étonnamment charismatique. Il aimait surtout le football, et le sport en général… Je me souviens aussi que l’équipe de Jeanne d’Arc était battue à Conakry. Mais au retour, la Guinée a été sévèrement laminée par l’équipe formée par le Père Bouvier. Concernant cette affaire de terrain, c’est-à-dire le Stade Mamadou Konaté, je n’en connais pas les dessous. Mais je suis sûre que Bouvier n’a rien à voir avec les échecs de notre équipe nationale, c’est absurde. La cause de ces échecs, c’est les joueurs eux-mêmes”.

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                En effet, du fait même de leur aspect plus passionnel qu’objectif, ces raisons ne peuvent expliquer lesdits échecs. Et cette prétendue poisse qui poursuit les Aigles ne pourrait résister, face à d’autres raisons. Le football mondial exige, aujourd’hui d’autres qualités du joueur, en phase avec les réalités et contextes actuels. En quarante ans, il a muté et évolué à un dégré tel qu’aucune  comparaison n’est logiquement valable entre le joueur du passé et celui  du présent.

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                De l’avis de la majorité des amateurs du ballon rond, les anciens joueurs éprouvaient plus de passion pour le métier. Ils jouaient “avec le coeur et les tripes”, selon Karim Bah, un septuagénaire et ancien fan de l’équpe nationale, qui a participé à la CAN de Yaoundé 72. Il précise  : “Ces anciens jouaient plus par amour que pour de l’argent. Ce qui est rarement le cas, aujourd’hui. Et plus, le contexte mondial a changé les données, surtout celles du  football. Nos joueurs africains ont pris goût au gain et à la fortune, dans les grands clubs européens ou occidentaux. Ce qui, quelques part, les pousse à ne pas se donner, lors des matches inter-africains. Je suis sûr qu’avec le coeur, on arrive à tout. Ces jeunes (NDLR : les joueurs de l’équipe) peuvent réussir, s’ils y mettent de la passion. Sans ça, aucune technique, ni tactique ne pourraient nous donner la coupe.”

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                C’est dire que toute raison mystique s’efface du coup, sans corroborer  ces arguments qui fustigent certaines contre-performances de l’équipe nationale.

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Oumar DIAWARA

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