9 avril 2008-9 avril 2019 ! Il y a 11 ans que disparaissait Mamadou Kéita dit Capi, l’ancien gardien de but et ancien entraîneur des Aigles du Mali. Cette 11e commémoration du décès de l’homme de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Tunisie 94 n’est pas passée inaperçue. En effet, l’Association des journalistes sportifs du Mali (Ajsm) et la famille de Capi ont organisé, le samedi 13 avril 2019 au Centre Olympafrica “Cheick Kouyaté” de Banankabougou, une conférence-débat axée sur la vie de Capi. Animée par Djibril Dramé (entraîneur) et Maître Boubacar Karamoko Coulibaly (ancien ministre des Sports), cette causerie a été émaillée par des témoignages des amis et des connaissances de l’illustre disparu.
Organisée par Mariétou Kéïta dite Tatou (la fille aînée de Capi) en partenariat avec l’Association des journalistes sportifs du Mali (Ajsm), la conférence-débat (qui a fait office de journée de bénédiction, de sacrifices pour le repos de l’âme du disparu) a mobilisé une foule immense au Centre Olympafrica “Cheick Kouyaté” de Banankabougou. Tout ce beau monde était venu par reconnaissance aux bienfaits de l’homme pour le football et le sport maliens. Et ces invités n’ont pas tari d’éloges et d’hommages à l’endroit de Capi.
Reconnaissances et immortalité pour Capi
La cérémonie a commencé par des éloges et des hommages des griots à l’endroit de Mme Doumbia Mariétou Kéïta dite Tatou qui, à leurs dires, depuis sa nomination comme directrice générale du Centre Olympafrica “Cheick Kouyaté”, n’a cessé de faire preuve de générosité à l’endroit des populations, surtout juvéniles, de Banankabougou et de Bamako. Selon eux, Tatou est la fille de son père.
Hôte de la cérémonie, Bakary Dembélé dit Pablo (maire délégué de la Commune VI à Banankabougou), fera observer une minute de silence avant de faire des bénédictions pour le repos de l’âme du défunt.
Au nom des membres de son Bureau exécutif national, Oumar Baba Traoré (Président Ajsm) a remercié la famille Kéîta pour avoir associé l’Ajsm à l’organisation de la 11e commémoration du décès de Capi. Il a pris l’engagement que désormais cette commémoration sera inscrite dans l’agenda annuel des activités du Bureau exécutif national de l’Ajsm. Une façon pour les journalistes sportifs du Mali de pérenniser la mémoire de Mamadou Kéita dit Capi.
Intervenant au nom de la famille Kéîta, Mme Doumbia Mariétou Kéïta dite Tatou (la fille spirituelle de Capi), très émue, a remercié les compagnons de son père et les journalistes sportifs pour leur participation à cette 11e commémoration du décès de son père. “C’est aujourd’hui que j’ai compris qu’il y a des gens qui pensent encore à mon père”, a-t-elle reconnu.
Djibril Dramé : “Capi était
tout pour moi”
Le coach Djibril Dramé (le fils spirituel de Capi), en larmes, s’est dit interpellé pour faire des bénédictions pour l’ancien entraîneur des Aigles du Mali. Car, d’après lui, il doit tout à Capi. Ce qui fait que, a-t-il révélé, chaque vendredi, il va se recueillir sur la tombe de Capi pour lui faire des bénédictions. Car Mamadou Kéïta était tout pour lui. Il a témoigné sur les qualités de Capi.
“J’ai eu cette chance de fréquenter Capi. J’étais son confident avant sa mort. Des mots me manquent pour qualifier Mamadou Kéïta. L’homme avait la connaissance approfondie du football. Il lui suffisait de regarder une partie d’un match pour en déterminer l’issue. C’est pour dire que Capi avait la capacité de lecture d’une rencontre de football. Il avait de l’ambition pour le football malien et pour le Mali et il a mis le Mali au-dessus de tout. Capi était un homme de principe jusqu’à ce qu’il ait été qualifié de dictateur. Capi n’a pas été compris par les encadreurs et les dirigeants sportifs maliens. C’est Capi qui m’a incité à être entraîneur.
Mamadou Kéïta a été mon professeur. Et il m’a encadré pendant 8 ans. Et quand il est tombé malade, il m’a confié que ce soit de son vivant ou après sa mort, je ferai quelque chose pour le football malien. Et cette prédiction de Capi a été réalisée quand je suis devenu entraîneur du Stade Malien de Bamako. Nous avons remporté la Coupe d’Afrique des clubs champions en 2009″, a-t-il dit. Il a révélé que Capi est resté stadiste jusqu’à sa mort.
Djibril Dramé a remercié l’Ajsm pour sa participation et son engagement à pérenniser la commémoration du décès de Capi. Ce qui, à ses dires, prouve que Capi est désormais immortalisé.
“La rigueur de Capi vient du
fait qu’il a reçu une éducation européenne avec son oncle qui
était médecin”, dixit Siré Diallo
Ami d’enfance de Mamadou Kéïta, Siré Diallo a témoigné que la commémoration du décès de Capi est une reconnaissance et une réhabilitation de la mémoire de Capi. Car, selon lui, le public sportif malien avait commencé à l’oublier. Il dira qu’il a connu Capi en 1961 quand il avait 14 ans et lui 16 ans. Ils ont cheminé ensemble jusqu’à sa mort. Il a laissé entendre que Capi était très intelligent avec un esprit alerte. Sur le plan sportif, il a révélé que Capi était leur gardien de but avant de signer sa 1ère licence au Stade malien en 1962. D’après lui, Capi a été incompris par les autres. Malgré tout, il se battait pour les autres. “Capi avait son caractère.
Et derrière sa carapace de dur, il était gentil, un homme complet. Et sa rigueur vient du fait qu’il a reçu une éducation européenne avec son oncle qui était médecin”, a-t-il expliqué. Il s’est appesanti sur la générosité de Capi. Après son témoignage, Siré Diallo a remis à Tatou un manuscrit de Capi sur les techniques de jeu et du développement du football.
Un manuscrit dont il ambitionnait d’en faire un livre pour les entraîneurs de football. Siré Diallo a espéré voir l’édition de ce livre.
Maître Boubacar Karamoko Coulibaly : “Capi était un homme
de conviction et de défi”
L’ancien ministre des Sports, Maître Boubacar Karamoko Coulibaly, a remercié les organisateurs de la cérémonie, surtout Mme Doumbia Mariétou Kéïta “Tatou” qui œuvre pour perpétuer la mémoire de son père. Il a apprécié l’engagement du président de l’Association des journalistes sportifs du Mali à pérenniser la commémoration. Pour Maître Boubacar Karamoko Coulibaly, Capi n’était pas un ange. Il était difficile de le faire revenir en arrière. Car il était un homme de conviction et de défi. “Capi avait une volonté farouche de réussir”.
Selon lui, Capi, avec sa petite taille (1,68 mètre), à force de travail et d’abnégation, est parvenu à s’imposer comme gardien de but grâce à Georges. Sinon, au départ, Capi jouait à l’attaque. Il a mentionné que Barou Diallo, Ben Oumar Sy et l’allemand Karl ont beaucoup contribué dans la carrière de gardien de Capi. Sur le plan social, il dira que Capi était généreux. Il avait le sens de l’amitié et de la justice. Ce qui fait qu’il s’est toujours révolté contre l’injustice dont il a été victime de la part des autorités qui ont refusé de reconnaître son diplôme d’entraîneur. Ce qui le poussera à s’exiler à Bouaké (Côte d’Ivoire). Selon Maître Coulibaly, Capi a été toujours qualifié “d’anti-vedette” car il a toujours mis à leur place les vedettes qui voulaient créer la zizanie au sein de l’équipe nationale.
“Capi était loin d’être ce qualificatif. Seulement, il avait sa conception du football. Pour Capi, le football est une affaire d’équipe et non d’individualité. A son entendement, un seul joueur ne peut pas faire gagner une équipe. Il faut la conjugaison de tous les joueurs pour faire gagner une équipe. Pour Capi, un homme seul ne vaut rien. Et il est resté sur cette conviction.
Capi n’était pas méchant, il n’était pas traître. Il était un homme de principe qui respectait ses parents, surtout sa maman. Contrairement à ce que les gens lui disaient, Capi n’était pas un maudit. Car un maudit ne peut pas faire une carrière comme celle de Capi”, a-t-il dit de Capi.
Parlant de la participation de Capi à la Can de Tunisie 94, Maître Boubacar Karamoko Coulibaly a témoigné que c’est lui, en tant que ministre des Sports, qui a fait appel à Capi en 1993 pour rentrer au pays afin de s’occuper de l’équipe nationale. Car, à ses dires, Molobaly Sissoko qui entraînait l’équipe nationale avait des problèmes avec des joueurs, alors que l’équipe devait livrer deux matches capitaux pour leur qualification à la Can Tunis 94.
D’après lui, c’est le Premier ministre d’alors, Me Abdoulaye Sékou Sow, qui est à la base de la nomination de Capi comme entraîneur national avec un salaire de 500 000 Fcfa qui a fait l’objet de beaucoup d’interprétations. C’est ainsi que Capi a pu faire qualifier les Aigles à la Can de 94 avant de faire un bon parcours. L’ancien ministre a reconnu que Capi avait le sens de l’intérêt général.
Me Boubacar Karamoko Coulibaly n’a pas occulté les démêlés de Capi avec Djibril Diawara. A cause de son mauvais comportement au sein du groupe, cette star a été écartée par Capi de l’effectif de la Can 94. “Autant Capi était exigeant, autant il était généreux. Il savait conditionner les hommes et il avait le dos large avec une haute personnalité. Il suivait ses joueurs comme ses propres enfants. Car pour lui, un bon joueur devait avoir une bonne hygiène de vie”, a-t-il souligné. Il a invité les jeunes à faire de Capi leur référence et de chercher la bénédiction de leurs parents.
Issa Kolon Coulibaly : “Capi n’a pas vécu inutilement”
Selon Issa Kolon Coulibaly (président de l’Association des entraîneurs du Mali), Capi a été un entraîneur professionnel qui a guidé les pas de beaucoup de jeunes entraîneurs. Pour lui, Capi n’a pas vécu inutilement. Il a planté des arbres de joueurs et d’entraîneurs qui sont en train de produire des fruits. Car ce sont des joueurs et des entraîneurs formés par Capi qui sont aujourd’hui aux affaires du football malien.
Mohamed Soumaré est intervenu sur la générosité et la rigueur de Capi. Mais, selon lui, Capi était très abordable et très ouvert aux autres. Mohamed Alassane Sall “Lepel” fera des bénédictions pour que le nom de Capi ne disparaisse pas.
Yacouba Dansoko d’Africable Télévision, quant à lui, a développé ses relations avec Capi qui était très disponible pour répondre aux sollicitations.
Après un déjeuner sacrificiel offert par Tatou aux participants, la conférence-débat a pris fin par des bénédictions pour le repos de l’âme du disparu.
Le soir de la conférence-débat, un match de gala a opposé les Aigles de la Can de Tunis 1994 (dont Capi était l’entraîneur) aux Bobabins (les enfants du Centre de football de Capi) sur le terrain du Centre Olympafrica de Banankabougou. Les Bobabins ont gagné par 4 buts à 2.
Siaka DOUMBIA