A quarante huit heures de son investiture par le PARENA à la présidentielle du 29 avril, Tiébilé Dramé nous a accordé un entretien exclusif. Il y aborde ce que le parti du bélier blanc propose au Mali, les ambitions du FDR et bien sûr le sujet brûlant concernant son implication dans la «mauvaise gestion» des fonds alloués à la commission d’organisation du 23ème sommet Afrique-France tenu à Bamako, en décembre 2005. Sans porter de gants, il accuse ceux à qui le succès du forum a porté ombrage à Koulouba et à la primature d’avoir ourdi ce complot.
L’Indépendant : Monsieur le président, le dimanche 18 février, votre parti, le PARENA, va vous investir pour défendre ses couleurs à la présidentielle du 29 avril. Etes-vous prêt pour affronter à la fois ATT, IBK et les autres ?
Tiébilé Dramé : Evidemment ! Le Parena dispose d’un projet pour le Mali adopté lors de notre congrès extraordinaire en décembre dernier. Nous avons des idées et sommes animés d’une farouche volonté de relever ce pays, de le construire. Malgré les incertitudes du moment, malgré les difficultés multiples que rencontrent la majorité des Maliens, ce pays peut s’en sortir. Il a des atouts. Au premier rang de ces atouts, il y a les hommes et les femmes du Mali. Il manque à notre pays un grand dessein et un leadership adéquat. C’est ce que propose le Parena au peuple malien !
L’Indép. : Le président sortant a démarré depuis fort longtemps sa campagne électorale au point que certains pensent
qu’il serait inutile d’organiser le scrutin présidentiel. Partagez-vous cette opinion ?
T.D : Je ne partage pas ce point de vue ! Je sais que si ça ne tenait qu’à certains, on supprimerait purement et simplement l’élection présidentielle et le suffrage universel ! On nommerait le Président sortant président de la République sans même consulter le peuple selon les mécanismes appropriés ! L’embrigadement et l’endoctrinement en cours à longueur de journaux et d’émissions télévisés ne pourront jamais se substituer à l’obligation d’élections transparentes pour permettre au peuple de choisir librement ses dirigeants. Les officines de propagande et d’intoxication n’y pourront rien. A cet égard la radio et la télévision maliennes n’ont rien à envier à la télévision nord-coréenne ! C’est tout simplement triste !
Vous êtes l’un des initiateurs du FDR, mis sur les fonts baptismaux au siège du PARENA. Ce regroupement tarde à commencer ses activités. Peut-on savoir vos difficultés ?
T.D : Le FDR ne rencontre aucune difficulté ! La signature de l’acte de création est prévue pour très bientôt. Ses activités démarreront réellement après cet acte fondateur.
Quelles sont les chances de réussite de ce regroupement lors des élections prochaines (conseils nationaux, présidentielle et législatives) ?
T.D : L’objectif du FDR est de réaliser l’alternance pour le bien du Mali, de sa démocratie et pour l’avenir de ses enfants ! Chacun sait qu’on ne peut pas continuer les pratiques actuelles cinq autres années. Le changement est indispensable. Il est inscrit dans la logique de l’Histoire. Nous mobiliserons les Maliens à l’intérieur comme à l’extérieur, nous mobiliserons tous ceux qui souhaitent que ce pays soit dirigé autrement pour préserver ses chances.
Monsieur le président du PARENA, il y a des soupçons qui pèsent sur vous dans le cadre de votre gestion du 23ème Sommet Afrique-France. N’est-ce pas là un sérieux handicap pour émerger à la faveur de la présidentielle ?
T.D : Cette histoire est un montage grossier orchestré par ceux qui, à la Présidence et à la Primature, ont pris ombrage de la réussite du 23è sommet Afrique- France qui fait la fierté du Mali et des Maliens tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Vous imaginez que je ne me laisserai pas distraire, car je sais que les Maliens ne sont pas dupes ! Les commanditaires de cette honteuse machination ne sont pas plus vertueux que moi. Ils n’aiment pas le Mali plus que moi ! Comme certains peuvent avoir la mémoire courte !
Est-ce qu’on peut affirmer au regard de ce dossier Afrique-France que la rupture est désormais totale entre vous et ATT ?
T.D : Le Parena a apporté au président de la République un soutien politique multiforme dès la fin du 1er tour de la présidentielle de 2002 jusqu’à ces derniers mois, sur la base d’un accord signé le 3 mai 2002 lors de la visite du candidat ATT au siège de notre parti. Le dossier Afrique-France, comme vous le dites, n’a été que l’occasion de faire le bilan politique de notre collaboration de 2002 à 2006. Ce bilan nous a conduit à tirer des conclusions. Nous sommes un parti politique responsable animé par des femmes et des hommes dont le combat pour la démocratie et la justice ne date pas d’hier. Pour nous, la morale existe en politique.
Vous avez décliné l’invitation d’ATT de vous rendre à Cannes (24è sommet Afrique-France). Peut-on savoir les raisons…..
T.D : Je n’ai pas de commentaires à faire à ce sujet. Je laisse le soin à vos lecteurs et à l’opinion publique de juger à la lumière de tout ce qui s’est dit et fait ces derniers temps.
Entretien exclusif réalisé par Chahana TAKIOU
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