Sommet de la francophonie : Hypocrisie au sommet

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Le dernier sommet de la Francophonie était consacré à la femme et à la jeunesse mais n’a pas manqué de se pencher sur les questions politiques. Pour fermer ses portes, il a procédé à la désignation de la remplaçante d’Abdou Diouf à la tête de l’OIF et a expliqué comment cela s’est fait.

Les 29 et 30 novembre s’est tenu à Dakar (Sénégal) un sommet historique de la Francophonie. Historique pour plusieurs raisons.           D’abord parce que pour la première fois, c’est une femme qui prend les rênes de l’organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il s’agit de Michaëlle Jean, ancienne gouverneure du Canada et seule candidate à la succession d’Abdou Diouf. Ensuite, parce que pour la première fois, c’est un non Africain qui est désigné secrétaire général de l’OIF, alors que l’Afrique y est représentée par plus de 50% de pays. Enfin parce que les dirigeants francophones ont décidé désormais d’une francophonie économique. Mais dans tous les cas, c’est la France qui reste maitre du jeu et compte faire signer par tous les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) ces fameux accords de coopération économique qui tiennent tant à cœur les dirigeants hexagonaux. Auparavant, pendant le cycle Francophonie culturelle (née de l’Agence française de coopération culturelle et technique, Acct), la France a multiplié dans les pays ayant la langue française en commun, les centres et instituts culturels français, sûre par ce biais d’imposer et de faire survivre sa culture et sa langue qui est toujours en perte de vitesse derrière l’anglais. Elle a si bien réussi que nos dirigeants se sentent plus à l’aise dans un complet veste-cravate que dans un boubou faso dan fani, plus à l’aise devant un verre de Bordeaux ou une flute de Champagne plutôt qu’avec une calebasse de dolo à la main. Pour se soigner, faire accoucher leurs épouses ou passer des vacances, c’est à Paris qu’ils se rendent plutôt que dans leurs villages où les populations sont laissées pour compte.

Pour des accords de coopération économique

La Francophonie politique a également permis à la France de maintenir son pré-carré en bon état de répression de la part de présidents qui ne quittent le palais que dans un cercueil ou sous les jets de pierres et les huées d’une population en colère. Et quand cette population a été encore plus en colère, François Mitterrand a cru de son devoir de faire porter à ces Nègres la camisole de force démocratique alors que Jacques Chirac lui affirmait pourtant que ces Nègres n’étaient pas mûrs pour la démocratie. Le premier voulait des nègres quelque peu affranchis mais toujours serviles pendant que le deuxième tenait toujours à ses esclaves. Puis survint le troisième larron, « le petit Nicolas », pour lequel ces Africains n’étaient bons qu’à trimer comme des bêtes puisqu’ils ne sont pas entrés dans l’histoire de l’humanité.

Pendant ce cycle Francophonie politique dont la fin est annoncée, le scénario sénégalais aurait pu être tout autre si l’histoire ne s’était pas grippée, en fin octobre dernier, au Burkina Faso. En effet, si le président Blaise Compaoré n’avait pas été déchu de ses fonctions par un mouvement insurrectionnel populaire, il aurait pu être aujourd’hui à la place de Michaëlle Jean. Ainsi en avait décidé le président Hollande de France avec l’accord d’Abdou Diouf, secrétaire général sortant de l’OIF. La voie avait été tracée dans les règles de l’hypocrisie parce que deux des concurrents potentiels de l’ex-chef d’Etat burkinabé, le Congolais Henry Lopez et le Burundais Pierre Buyoya, avaient déjà été disqualifiés. Le premier parce que son président, Denis Sassou Nguesso, veut s’éterniser au pouvoir en tripatouillant la Constitution de son pays. Le second parce que pour accéder au pouvoir, il avait commis un coup d’Etat militaire.

Toujours donneur de leçon

A Dakar, le président Hollande de France n’a pas manqué de donner la leçon paternaliste de morale dont sont coutumiers les chefs d’Etat français à l’égard des dirigeants africains. Aussi, le président français a t-il mis en garde les chefs d’Etat africain qui seraient tentés de bricoler leur constitution pour perdurer au pouvoir au mépris de leur opinion nationale. Cela est bien noble de la part de François Hollande qui a su se rappeler que le ridicule ne tue pas. Parce que c’est ce même président français, sans doute le plus mauvais de la cinquième République en termes de cote de popularité, qui avait le candidat le plus contesté et contestable. Car, non seulement Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, qui plus est, contre son meilleur compagnon d’arme, mais en plus il a été chassé du pouvoir et de son pays pendant qu’il tentait de modifier la constitution afin de se maintenir au pouvoir après un règne de plus de vingt-sept ans. Il est donc un concentré de Denis Sassou Nguesso et de Pierre Buyoya. Mais était tout de même le meilleur candidat de la France et de son affidé.

Cheick Tandina

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