À 24 heures de l’ouverture du 27ème sommet Afrique-France, Bamako a fait peau neuve et se dit être prête à accueillir les délégations d’au moins 35 États. Mais dans la ville, le citoyen lambda n’espère pas pouvoir retirer son épingle du jeu.
L’aéroport de Bamako est devenu plus lumineux et plus…propre. Les monuments sur les grandes artères repeints et les routes rénovées. La capitale malienne est devenue plus étincelante et cela frustre.
“Je regrette amèrement qu’on attende ce genre d’événements pour rénover nos routes et assainir notre capitale”, déplore Mamadou, réparateur et chauffeur de taxi âgé de 35 ans. Son sentiment de frustration est d’autant plus grand que les principales voies qui relient les deux rives de la capitale sont interdites d’accès pendant les deux jours du sommet. “C’est ce qui est encore plus grave. Restreinte la circulation de cette manière, signifie pour nous de faire de longs détours. Donc plus de carburants et les clients sont incertains”, explique-t-il, assis sur son taxi et en train de caresser les cheveux de son enfant de six ans.
Clients incertains:
La journée du vendredi 13 janvier, premier jour du sommet, a été déclarée chômée et payée à Bamako et environs par les autorités.
Pendant l’hivernage, le gouvernement avait aussi lancé une opération de déguerpissement pour nettoyer les grandes artères de Bamako des commerçants encombrants. Mohamed Diarra en fait partie. “J’avais un petit restaurant à l’hippodrome. J’y avais investit près d’un million FCFA au démarrage et je continuais de l’agrandir au fur et à mesure. Mais les bulldozers d’Ami Kane (gouverneur du district) sont arrivés…”, affirme Mohamed servant le thé devant la boutique d’un de ses amis à Bacodjicoroni. ” C’est ici que je suis chaque matin”, regrette-il.
“C’est un manque de respect total”
Quelques mètres plus loin, Malick, propriétaire d’une petite boutique où il vend divers produits esthétiques est impatient de s’exprimer : “je trouve que c’est un manque de respect total à l’égard des Maliens. Ce sommet sert à quoi si le manque d’eau et d’électricité sévit ici même. Dans certains quartiers de Bamako”, affirme-t-il, furieux. Il ajoute: “les routes rénovées, c’est de la poudre aux yeux pour tromper les étrangers, pas nous.”
Cependant, sur l’autre côté de l’iceberg, se trouvent les enthousiastes. À Bamako, il y a eu des réservations dans la quasi totalité des hôtels depuis plusieurs jours. Les artisans, eux aussi, se frottent les mains. “Les étrangers vont vouloir rentrer avec des souvenirs et nous espérons qu’ils vont venir se ravitailler ici”,raconte un artisan au palais de la culture où des marchés temporaires ont été installés. S’y ajoutent également les nombreux hommes d’affaires et chefs d’entreprises qui ont déjà posé leurs valises dans la capitale malienne.
Aboubacar Dicko / maliweb.net