Son Excellence Monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République Française ;
Son Excellence El Hadj Omar BONGO ONDIMBA, Président de la République Gabonaise, Doyen des Chefs d’Etat Africains, Cher aîné ;
Son Excellence Monsieur John KUFFUOR, Président la République du Ghana, Président en Exercice de l’Union Africaine ;
Son Excellence Monsieur Hosni Moubarak, Président de la République Arabe d’Egypte ;
Madame, Messieurs, les Chefs d’Etat d’Afrique, Chers Collègues ;
Monsieur, le Secrétaire Général der l’Organisation des Nations Unies ;
Mesdames, Messieurs,
Quinze mois après le Sommet de Bamako, nous voici réunis dans cette belle ville de Cannes pour la 24ème Conférence des Chefs d’Etat de France et d’Afrique. Hier, le Mali, au nom de l’Afrique, avait accueilli la France ; aujourd’hui, c’est au nom de ce même continent, et avec la fraternelle compréhension du Président John Kufuor, Président en exercice de l’Union Africaine, que je voudrais remercier le Président de la République Française pour toutes les marques d’attention et d’amitié dont nous sommes l’objet depuis notre arrivée dans ce grand et beau pays.
Jacques, je m’empresse d’ajouter que nous ne sommes guère surpris par cette chaleureuse convivialité si caractéristique de nos rencontres et de tes
retrouvailles avec l’Afrique. A Bamako, en décembre 2005, j’avais insisté sur le fait que les relations entre Etats, resteront toujours sans âme, si elles ne sont pas servies par l”ambition, la générosité et l”humanisme des hommes d”Etat, qui sont chargés de les faire vivre.
Mon cher Jacques,
Au risque de répéter ce que je disais, il y a quelques mois, vous pouvez être fier de la part personnelle que vous avez prise dans la pérennisation et le renforcement des liens entre l”Afrique et la France. Dans le respect de nos identités, vous avez su apporter à la relation Afrique-France une touche personnelle faite de chaleur humaine, de complicité et d”attention.
Le choix des thèmes de nos rencontres montre aussi la sensibilité commune que nous développons face aux grands problèmes de société de notre temps et les angoisses que nous partageons devant les menaces et les facteurs potentiels de crise. La décision de consacrer le Sommet de Bamako à la Jeunesse Africaine en était une belle illustration. C’est le lieu, pour moi, de saluer la France et tous les autres pays pour l’accompagnement dont le Mali a bénéficié de leur part, dans la mise en œuvre des recommandations du 23è Sommet Afrique-France.
Nous devrons continuer à explorer des voies toujours plus audacieuses et inventives pour permettre à la Jeunesse de donner la pleine mesure de sa vitalité et de sa créativité. Dans ce sens, le Sommet de Bamako a contribué à donner davantage de relief aux politiques nationales en matière d’emploi, d’éducation, de luttes contre des maladies qui frappent, dans une forte proportion, les jeunes, notamment le VIH/SIDA. Nos Etats ont pu s’enrichir les uns des expériences des autres s’agissant des perspectives offertes à la Jeunesse.
C’est dans cette continuité que je situe l’initiative heureuse que vous avez prise, Jacques, de la tenue du Forum « Afrique-Avenir », le 12 février dernier à Paris. Les africains présents à ce Forum, de par la diversité de leurs profils, les talents et les compétences prouvées dans leurs différents secteurs d’activités, sont le symbole de l’Afrique qui gagne. Leur parcours doit inspirer les jeunes de notre continent.
Excellence, Monsieur le Président de la République Française,
Madame, Messieurs les Chefs d’Etat,
Ici, à Cannes, nous sommes conviés à réfléchir sur le thème : « l’Afrique et l’équilibre du monde ».
Ce vaste sujet est d’abord, à mes yeux, une interpellation faite à l’Afrique sur la nécessité de consolider ses propres assises. Il nous faut donc continuer à renforcer nos systèmes politiques fondés sur la bonne gouvernance et le respect des valeurs de démocratie et de liberté et notre environnement socio-économique à travers des politiques performantes de croissance, de création de richesses et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
Dans ces différents domaines, nos progrès sont incontestables, même s’ils demeurent parfois fragiles. Depuis plus d’une décennie, la démocratie ne cesse de s’imposer comme la règle ; de la même manière, les réformes économiques se poursuivent, avec des résultats encourageants dans de nombreux pays.
Je veux simplement ajouter que l’apport de l’Afrique à l’équilibre du monde ne saurait se limiter aux ratios économiques et aux critères de gouvernance. Vieux continent pétri de cultures, façonné par de brillantes civilisations, berceau de l’Humanité, l’Afrique saura toujours enrichir le monde de sa sagesse ancestrale, de la force de ses expressions artistiques et culturelles et de ses valeurs de solidarité, entre autres. Ces richesses sont, certes, souvent immatérielles, mais c’est bien elles qui donnent du sens à tout le reste.
Madame, Messieurs les Chefs d’Etat,
La Conférence France-Afrique est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle décide de se pencher sur les crises en Afrique. Je me dois d’ailleurs de rappeler que c’est au cours du Sommet Afrique-France, tenu à Ouagadougou en 1996, que 4 Chefs d’Etat africains, le Doyen Bongo, les Présidents Blaise Compaoré, Idriss Déby Itno et Alpha Oumar Konaré avaient été dépêchés à Bangui pour entamer, sous les feux des armes, les premières consultations avec les parties en conflit, à Bangui, en République Centrafricaine. J’ai été désigné, moi-même, par ce panel de Chefs d’Etat pour engager la médiation, sous la direction, je dois dire efficace et pragmatique, du Président Omar Bongo Ondimba. La Mission Interafricaine de Suivi des Accords de Bangui, qui comprenait des contingents militaires Sénégalais, Tchadiens, Burkinabé, Gabonais, Togolais et Maliens, a bénéficié de l’appui logistique français.
Après deux ans de présence à Bangui, et au terme du mandat de la MISAB, l’ONU a pris le relais avec la création de la Mission des Nations-Unies en RCA, avec à sa tête un Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies. A la lumière de cette expérience, il n’est nullement exagéré d’affirmer que le RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix) est un concept forgé dans le cadre de la relation France-Afrique, avec la MISAB comme opération pionnière.
En parlant des crises, je m’en voudrais de ne pas évoquer, en ces instants solennels, les douloureux événements que vit la République amie de Guinée. Il nous faut aider ce pays frère, si important à la préservation de l’équilibre sous-régional, à retrouver la paix des cœurs et des esprits. Permettez-moi, enfin,
de renouveler, une fois de plus, notre profonde gratitude au Président Jacques CHIRAC pour son accueil, son amitié et de transmettre à notre conférence les salutations et les vœux de succès du Président de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), Mouamar Kadhafi.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Cellule Communication Présidence de la République du Mali
Le 15-02-2007
L”ESSOR du 16-02-2007: 24è sommet France-Afrique : "L’AVENIR DU MONDE NE PEUT ETRE DISSOCIE DE CELUI DE L’AFRIQUE"
Le président français le souligne en relevant que l’humanité est entrée dans un âge où les destins des peuples sont indissociablement liés.
Le XXIVè sommet des chefs d”État d’Afrique et de France s’est ouvert hier au palais des festivals et des congrès de Cannes dans la sud de la France. Au total 32 présidents africains ont répondu à l’invitation de leur homologue français, Jacques Chirac, qui participe à sa dernière rencontre du genre car tout porte à croire qu’il ne briguera pas un troisième mandat après 12 ans passés à la tête de son pays.
Le chef de l”État, Amadou Toumani Touré, en tant qu’hôte du 23è sommet tenu dans notre capitale en décembre 2005, a été le premier orateur de la cérémonie d’ouverture à laquelle a assisté la chancelière allemande, Angela Merkel, présidente du Conseil de l’Union européenne et dont le pays préside actuellement le G8.
Amadou Toumani Touré a mis l’accent sur les "progrès incontestables, mais fragiles" du continent en matière de démocratie et de développement économique, avant de faire remarquer que l’apport de l’Afrique ne saurait se mesurer uniquement à l”aune du ratio économique. Berceau de l’humanité, l’Afrique peut enrichir le monde avec ses valeurs ancestrales et artistiques, a souligné le chef de l”État. Évoquant les crises auxquelles notre continent est confronté, le président de la République a félicité son homologue burkinabé, Blaise Compaoré, pour son implication dans la résolution de la crise ivoirienne.
AIDER LA GUINÉE:
Amadou Toumani Touré a ensuite souligné le rôle de la communauté franco-africaine dans la résolution des crises en Afrique en rappelant qu’en 1996, le sommet de Ouagadougou avait mandaté des chefs d”État africains pour une médiation dans la crise centrafricaine. "J’y ai moi-même pris part", a-t-il rappelé. Toujours au chapitre des crises, il n’a pas manqué de souligner son inquiétude vis-à-vis de la crise qui secoue actuellement la Guinée : "Nous devons œuvrer à trouver une solution aux douloureux événements qui se passent actuellement en Guinée. Il faut aider ce pays frère". Il a été appuyé par le président ghanéen John Kuffuor, président en exercice de l’Union africaine, qui a indiqué que la crise guinéenne devait être résolue le plus rapidement possible. "Nous demandons l’aide la communauté internationale", a déclaré John Kuffuor.
A la suite du président Touré, son homologue égyptien, Hosni Moubarak, a, lui aussi, souligné les changements accomplis par l’Afrique, ajoutant que son pays partageait les ambitions et les préoccupations du continent. "Comment dépasser les obstacles dans les négociations commerciales ? Comment résoudre le problème des subventions agricoles ? Ces questions montrent qu’il reste encore du chemin à faire sur la route des Objectifs du millénaire", a indiqué le président Moubarak pour qui l’Afrique a besoin de l’appui tangible des partenaires, notamment dans le cadre de l’allégement de la dette, de la lutte contre les maladies, contre la désertification. Hosni Moubarak a lancé un appel à l’Union européenne et au G8 pour qu’ils aident l’Afrique à conquérir sa place dans l’économie mondiale.
L’ancien Premier ministre japonais, Yochiro Mori, a réagi à l’exhortation de Moubarak en annonçant que l’actuel chef du gouvernement de son pays promettait d’inscrire l’Afrique dans l’agenda du sommet du G8 qui se tiendra au Japon en 2008.
AU DELA DE L’AIDE CLASSIQUE AU DEVELOPPEMENT:
Quant à Angela Merkel, elle a annoncé la tenue, au second semestre de cette année, du sommet Afrique-Union européenne sous la présidence du Portugal. Elle a ensuite assuré que l’Europe est prête à faire face à toutes ses responsabilités afin d’aider l’Afrique à relever des défis comme le Sida, la pauvreté. La chancelière allemande a proposé aux Africains un partenariat allant au delà de l’aide classique au développement. Ce partenariat, a-t-elle expliqué, consistera à construire ensemble des institutions pour discuter de la transparence, de la gouvernance pour que l’aide arrive à ceux qui en ont vraiment besoin. "C’est une approche nouvelle qui permettra à l’Afrique et à l’Europe d’avancer ensemble", a-t-elle expliqué.
En ouvrant les travaux, l’hôte du sommet a constaté l”entrée de l’humanité dans un âge où les destins des peuples sont indissociablement liés. L’avenir du monde ne peut, de son point de vue, être dissocié de celui de l’Afrique, berceau de l’humanité, dépositaire de trésors de sagesse et de culture. Ce continent, a-t-il ajouté, représente des blessures au flanc du monde dont la communauté internationale ne peut détourner les yeux. "Les désordres régionaux ont souvent des répercussions planétaires", a-t-il ainsi averti.
Appelant les pays riches à aider l’Afrique, le président Chirac s’est interrogé, en référence au thème général du sommet de Cannes : quelle place pour l’Afrique dans la mondialisation ? Et de répondre : "De deux choses l’une. Soit la facilité du court terme et les égoïsmes l’emportent, et l’Afrique peut, une nouvelle fois, être mise au pillage, laissée pour compte de la prospérité, isolée dans ses difficultés. Ce serait un danger immense pour le monde. Soit nous relevons le défi du développement et l’Afrique prendra toute sa place dans la mondialisation pour devenir un pôle de paix et de prospérité". Jacques Chirac a souhaité, dans cette perspective, que l’insertion de l’Afrique dans les échanges internationaux se fasse dans le respect de l’équité. "Je pense en particulier au coton. Il est temps que les pays riches cessent de subventionner les producteurs au détriment de ceux du Sahel qui ont là leur unique source de revenus. C’est une attitude inacceptable et inhumaine", a-t-il plaidé.
RELATIONS PARTICULIERES:
Le président Chirac s’est ensuite félicité du fait que la démocratie s’installe aujourd’hui en Afrique où la croissance moyenne dépasse 5% et où les foyers de tension se raréfient, même si certaines crises continuent d’être des préoccupations majeures. Il a évoqué à ce propos, la crise du Darfour comme un
Jacques Chirac a également défendu les relations particulières entre le continent et la France en soulignant que pour son pays "l’Afrique ne sera jamais un partenaire comme un autre". Il a promis à ce propos que pour assurer la stabilité sur le continent, "la France respecte et continuera de respecter les accords de défense qui la lient à plusieurs pays africains". Il a ensuite exhorté ses amis africains au respect des règles de la démocratie en faisant remarquer que "les crises prennent souvent naissance dans des scrutins discutables qui entachent la légitimité de l’élu".
Dans le cadre de ses relations particulières avec l’Afrique, a promis Jacques Chirac, la France continuera à se montrer solidaire. "La France a doublé depuis ces quatre dernières années, son aide à l’Afrique", a-t-il rappelé en promettant que cette aide progressera encore pour tenir l’objectif de 0,7% du PIB en 2012. Autant d”assurances que le départ de "Jacques l’Africain" de la présidence de la République française, ne signifiera pas l’abandon des liens privilégiés.
Les travaux du sommet de Cannes prennent fin aujourd’hui.
Envoyé spécial
B. TOURÉ