Cablegates ou les murmures de l’oncle Sam de Amadou Wane : Le Complexe Militaro-industriel de la France en Afrique, 1ère Partie

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Les militaires français en route pour Gao, le 31 décembre 2013 à Bamako (Alain ROBERT/APERCU/SIPA)

La France a longtemps maintenu cinq bases militaires permanentes en Afrique pour ses opérations. Ces bases sont situées en Côte d’Ivoire, à Djibouti, au Gabon, au Sénégal et à la Réunion, le département français d’outre-mer près de Madagascar. Les questions de base dans les quatre Etats africains (Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon et Sénégal) sont régies par des Accords bilatéraux de défense, qui comportent certaines dispositions obligeant la France à défendre ces Etats contre une agression extérieure.

L’avenir de la base française en Côte d’Ivoire était incertain durant l’ère Gbagbo. La France maintenait qu’elle n’aura pas de base dans un pays où elle n’était pas la bienvenue, et le président Gbagbo indiqua qu’il ne s’opposerait pas à un départ français. Avant le conflit de 2002 qui divisa le pays, la présence militaire française était composée d’environ 550 soldats. Une fois que la crise éclata, les français augmentèrent les effectifs de leurs forces à environ 1880 soldats.

En juin 2008, le conseiller à l’Elysée, Romain Serman, déclara à l’Ambassadeur Mary Yates de AFRICOM que les relations militaires françaises avec la Côte d’Ivoire ne seraient jamais les mêmes après l’Opération Licorne.

La base de Djibouti est la plus grande base française en Afrique, avec environ 2 950 soldats qui peuvent opérer en mer, sur terre et dans les airs. Ces forces utilisent deux installations : dans la ville de Djibouti et à Arta. L’hôpital militaire français de Bouffard est le seul centre médical militaire de niveau III dans la région. Les forces françaises à Djibouti (FFDJ) servent principalement à soutenir la mise en œuvre de l’accord de défense bilatéral. En juillet 2008, la France fournit ses services de renseignement, de soutien logistique et d’aide médicale aux forces djiboutiennes durant le conflit frontalier entre Djibouti et l’Érythrée. En outre, la base sert de point de pré-positionnement pour les interventions au Moyen-Orient et en Afrique. L’avenir de la base française à Djibouti pourrait être affecté par la nouvelle base aux Émirats arabes unis. Il semble peu probable que les français maintiendront deux bases militaires dans une même région, dont les fonctions sont redondantes.

La base française de Libreville au Gabon compte actuellement environ 450 soldats, dont un élément aérien et une unité des forces spéciales. Deux compagnies de parachutistes stationnées au Gabon ont été envoyées au Tchad lors de l’incursion des rebelles en février 2008.

La base française de Dakar compte environ 350 soldats, avec un bataillon d’infanterie et des unités aériennes et navales. Une source du ministère de la Défense affirme que la garnison française au Sénégal est beaucoup moins opérationnelle que la base au Gabon. Parmi les bases françaises en Afrique, celle du Sénégal ressemble le plus à une “relique de l’ère coloniale”.

Depuis 1986, les Français ont “temporairement” déployé l’Opération Épervier au Tchad, en réponse à la provocation libyenne dans la région. Compte tenu de sa longévité, elle est devenue une base permanente de facto. La présence militaire française a apporté son soutien au régime de Deby et au régime de Bozizé en République centrafricaine et dans certains cas, impliquant des opérations de combat contre des groupes rebelles. En théorie, le soutien au combat a cessé sous Sarkozy qui a ordonné, dans le cadre de sa politique de «partenariat égalitaire» entre la France et l’Afrique, que les troupes françaises «ne tireraient plus sur les africains» sauf, évidemment, en cas de légitime défense. Un ordre auquel les français affirment qu’ils ont scrupuleusement obéi, même lors des combats intenses au Tchad en février 2008.  Le dispositif Épervier comptait environ 950 militaires en 2013. Vers 2014, avec la crise au Mali, les opérations Serval et Épervier furent remplacées par l’opération Barkhane.

Plusieurs responsables français ont déclaré en privé que la France aimerait voir la frontière entre le Tchad et le Soudan servir de brise-lames, sinon de mur, pour empêcher la propagation de l’islam radical de la Corne de l’Afrique vers l’ouest et le sud du continent. La propagation des attaques terroristes à travers toute l’Afrique démontre un échec de cette stratégie.

 

A suivre…

 

Amadou O. Wane

Collaborateur externe,

Floride, Etats-Unis

amadou@amadouwane.com

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