APRES LE SOMMET AFRIQUE-FRANCE: ATT demande des comptes à Tiébilé Dramé

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Le 23è sommet Afrique-France a été une grande réussite au point de vue organisation. La distinction remise au président du Comité national d’organisation par le président Jacques Chirac en est la preuve. N’empêche que le président Amadou Toumani Touré demanderait aujourd’hui des comptes à Tiébilé Dramé à la grande surprise du Parti pour la renaissance nationale (PARENA). Dans une Déclaration déposée à notre rédaction, cette formation politique prend l’opinion nationale et internationale à témoin.
 
 1 – Le 10 juin 2003, le président de la République a nommé par décret n°03-230/P-RM, Monsieur Tiébilé Dramé, président du Parena comme président du Comité national d’organisation du 23e sommet Afrique-France (CNOSAF) avec la mission « d’assurer la coordination et le suivi de toutes les activités relatives à la préparation et au déroulement du Sommet ».
 
2 – Le Mali n’avait aucune expérience de l’organisation d’un événement politico-diplomatique d’une telle importance. En 45 années d’indépendance, le Mali n’avait jamais organisé un sommet d’un tel format (54 pays, 20 organisations internationales). Pendant deux ans et demi, de juin 2003 à décembre 2005, Tiébilé Dramé et ses collègues conscients, qu’il y allait de la crédibilité et de la réputation internationales du Mali, se sont entièrement dédiés à relever le défi de l’honneur fait à notre pays.
 3 – Pour mener à bien sa mission, Tiébilé Dramé s’est entouré de hauts cadres de l’Etat et a mis en place un comité d’organisation dont les commissions thématiques étaient présidées par des directeurs nationaux ou directeurs nationaux adjoints des services centraux de l’Etat.
 4 – Le sommet eut lieu à Bamako les 03 et 04 décembre 2005. Il a enregistré la participation, sans précédent, de tous les Etats du continent et un record de Chefs d’Etat présents pour une réunion de ce genre sur le continent. Il a été précédé, pour la première fois dans l’histoire des rencontres franco-africaines, d’un Forum de la jeunesse africaine au cours duquel les représentants des jeunes de toute l’Afrique, réunis sur les rives du Djoliba, ont élaboré une Adresse à l’attention des chefs d’Etat recensant les espoirs et les attentes des générations montantes. En marge du sommet s’est tenu une rencontre d’une vingtaine de Premières Dames autour du thème de la mortalité maternelle et néo-natale.
 5 – Le Sommet de Bamako fut un immense succès politique et diplomatique salué à travers le monde. Près de 850 représentants de la presse nationale et internationale accourus dans notre capitale ont salué le Mali pour les excellentes conditions de travail des délégués et des journalistes et loué la généreuse hospitalité de notre peuple.
 
6 –Le Président du comité d’organisation a reçu les félicitations, entre autres :
 
• Du Président Amadou Toumani Touré, dès le 6 décembre 2005 :
 « A l’issue du 23e Sommet Afrique-France tenu à Bamako les 03 et 04 décembre 2005, il me plaît de vous adresser, à vous-même, à votre équipe et aux collaborateurs qui ont travaillé à vos côtés, mes vives félicitations. La tâche était ardue, mais vous avez su relever le défi, à la grande satisfaction de nos hôtes et invités de marque.
    Je suis sûr que nous retiendrons de l’organisation de ce sommet Afrique-France de précieuses leçons pour les autres grands rendez-vous futurs ».
 
• Du Président Jacques Chirac, le 9 décembre 2005 :
    « De retour à Paris à l’issue de la tenue à Bamako de la XXIIIème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement d’Afrique et de France, je tiens à vous adresser mes félicitations pour la part décisive que vous avez prise à la remarquable réussite de ce Sommet.
    Le Président Amadou Toumani Touré vous a déjà exprimé publiquement ses remerciements pour les efforts que vous-même et votre équipe avez effectués sans relâche, depuis près de deux ans, pour assurer le succès de cette rencontre. Permettez-moi de vous exprimer à mon tour toute ma reconnaissance pour la qualité et l’efficacité de votre action, tant en ce qui concerne l’organisation matérielle de la conférence que pour la préparation des travaux politiques. »
• Du Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, le 21 décembre 2005 :
    « L’organisation impeccable du 23e Sommet Afrique-France et la part décisive que vous y avez prise, me donnent l’occasion de vous adresser mes très vives félicitations pour le travail accompli.
    La grande satisfaction exprimée par tous les hôtes du Mali constitue un motif de fierté pour tous ceux qui ont contribué auprès de vous-même au bon déroulement du Sommet et de ses travaux préparatoires. »
7 – Légitimement le peuple malien, à l’intérieur comme à l’extérieur, a ressenti une immense fierté.
8- Pourtant, à peine les lampions du sommet éteints, une mission conjointe du Contrôle général des services publics et de l’Inspection des Finances commanditée par le Premier ministre s’est attelée à vérifier la gestion des fonds mis à la disposition du Comité d’organisation du 23 e Sommet.
9 – Quoi de plus de normal  que Tiébilé Dramé, citoyen malien respectueux des lois du pays rende compte de sa gestion. Courtoisement, il s’est mis avec son équipe à la disposition des contrôleurs, et s’est prêté à leurs questions.
 10 – Le 13 mars 2006, le Contrôleur général des services publics adresse à Tiébilé Dramé un 1er rapport sur les constatations et conclusions des contrôleurs. Il lui donne 48 heures pour faire valoir son droit de réponse. Ce qu’il a fait le 15 mars 2006.
 11 – Vers la fin du mois de mars, un contrôleur dépose au siège du Comité Afrique/France une feuille volante contenant une liste de « matériels et de mobiliers de bureau manquants » d’une valeur de quelques dizaines de millions de francs CFA. Sans lettre d’accompagnement ni bordereau d’envoi. Cette liste qui n’était pas annexée au 1er rapport daté du 13 mars 2006 comportait entre autres, des ordinateurs, des motos, des machines à calculer, des agrafeuses, des dictionnaires, des services à café, des draps et couvertures utilisés par les chauffeurs et gardes du corps internés au GMS pour les besoins du Sommet.
Le 28 mars 2006, Tiébilé Dramé répond au Contrôleur général en lui fournissant toutes les précisions nécessaires à la localisation de la quasi-totalité des matériels et mobiliers considérés comme « manquants » par les contrôleurs. Cette lettre sera ignorée comme on le verra plus tard.
12 – Le 4 septembre 2006, Tiébilé Dramé est convoqué par la brigaded’investigation du Pôle économique et financier du Tribunal de 1ère Instance de la Commune III du district de Bamako. En citoyen respectueux de la loi, il se rend à cette convocation où il est entendu sur la gestion du 23e sommet sur la base d’un rapport rédigé par la mission conjointe du Contrôle général des services publics et de l’Inspection des Finances.
13 Par la suite, Tiébilé Dramé découvre que le rapport qui est entre les mains de la justice est fondamentalement différent de celui qui lui a été adressé le 13 mars et auquel il a répondu le 15 mars 2006. Ce rapport n’a jamais été communiqué aux membres du CNOSAF alors qu’il contient des griefs qui n’ont pas été portés à leur connaissance et sur lesquels ils n’ont pas eu l’occasion de s’expliquer.
 14 – Plus grave, toutes les appréciations positives qui figuraient dans le 1er rapport ont été enlevées et remplacées dans le second rapport par des critiques contestables.
A titre d’exemples, les appréciations suivantes ont disparu d’un rapport à l’autre :
• Vérification des dépenses de personnel :
«  La mission n’a pas relevé d’anomalie » (page 5 du 1er rapport)
• Vérification des dépenses de fonctionnement et d’investissement :
« La vérification de la régularité des pièces de dépenses n’a pas relevé d’anomalie » (page 8 du 1er rapport)
• Vérification des procédures de passation et d’exécution des marchés publics :
« La mission a relevé que les marchés ont été régulièrement exécutés dans leur ensemble »(page 10 du 1er rapport)
15 – En outre, un tableau intitulé « Situation des matériels et mobiliers de bureau manquant » qui n’était pas annexé au 1er rapport figure au second.
Ce tableau -comme indiqué plus haut a été déposé sur feuille volante au CNOSAF sans lettre et sans bordereau par un contrôleur vers la fin mars. Malgré cette façon de procéder peu orthodoxe, Tiébilé Dramé a tenu à y répondre par lettre n°06-21/CNOSAF du 28 mars 2006 en fournissant au Contrôleur général des services publics toutes les précisions nécessaires à la localisation du matériel considéré comme manquant par les contrôleurs. Cette lettre qui clarifiait l’état du matériel considéré comme manquant a été ignorée par les contrôleurs aux fins de justifier la saisine de la justice.
Il ne fait aucun doute qu’une réelle volonté de noircir la gestion du 23e sommet a émergé après la production du 1er rapport.
16 – C’est ce deuxième rapport qui a été transmis au Premier ministre qui, à son tour, l’a adressé au président de la République. Ni le Chef du Gouvernement auquel était rattaché le Comité d’organisation, ni le président de la République qui a nommé le Président du Comité d’organisation n’ont en aucun moment informé ce dernier du contenu et des conclusions dudit rapport. Ce qui aurait sans doute permis de relativiser certains constats faits pour le moins hâtivement. C’est un tel rapport qui a été envoyé à la justice par les services de la présidence de la République….
 
En Conclusion :
Le 23e sommet a été un immense succès qui a été salué à travers le monde.
 • Le Parena estime que ce succès qui est à mettre au crédit de notre peuple (qui s’est remarquablement mobilisé à l’occasion), de notre pays, de nos dirigeants et des membres du Comité national d’organisation n’a, au fond, pas été du goût de tous.
• Il est certain que le premier rapport de contrôle a fait l’objet d’une malveillante manipulation dans le but de noircir la gestion du 23e sommet Afrique-France, de salir le président du comité d’organisation et de ternir la bonne image laissée par l’organisation d’un événement qui fait la fierté de notre peuple et qui renforce la crédibilité et la réputation internationales de notre pays.
• Le Parena s’étonne que des contrôleurs sous serment aient pu du jour au lendemain changer leurs constatations et conclusions sans vérification supplémentaire et sans porter à la connaissance de la structure et des personnes contrôlées les nouveaux griefs formulés.
• Le Parena estime que ces pratiques rappellent celles des polices politiques de sinistre mémoire et représentent une honte pour notre pays et un danger pour la démocratie.
• Le Parena exprime sa vive indignation devant cette machination grossière ourdie pour porter atteinte à la dignité d’un homme politique.
• Le Parena saisit l’occasion pour réitérer son opinion maintes fois affirmée qu’il n’est pas acceptable que le Contrôle d’Etat soit un instrument de chantage et d’humiliation des cadres de notre pays.
 
                                                           Bamako, le 17 septembre 2006
                                                            
 Pour le Comité directeur du Parena
 Le Secrétaire général
                                                           
 Me Amidou Diabaté
 Chevalier de l’Ordre National du Mali
 
NB : Le surtitre, le titre et le chapeau sont de la Rédaction

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