Afric’ actu : Sommet Afrique-France, un forum néocolonialiste

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Les chefs d'Etat africains lors de l'ouverture du sommet ce matin (Maliweb.net)

Afin de quitter le cadre informel et formaliser les relations bilatérales entre la France et ses anciennes colonies, il a été instauré, sur l’initiative du Président Hamani Diori du Niger, que les Chefs d’Etat se réunissent  périodiquement. Le premier Sommet Franco-africain s’est tenu le 13 novembre 1975 à Paris sous la présidence de Georges Pompidou. A partir de  la deuxième rencontre de Bangui (Centrafrique), il a été ainsi décidé de faire une rencontre périodique  au sommet entre l’ensemble des dirigeants africains  et celui de la métropole, alternativement en Afrique et en France.   C’est à la faveur de cela que Bamako reçut en février 2007,  le 23ème Sommet Afrique-France, le premier de son histoire. C’était  sous la présidence d’Amadou Toumani Touré.

Ce 27ème Sommet Afrique-France tenu du 13 au 14 janvier 2017,  la   deuxième rencontre du genre à Bamako sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, aura  quasiment bien  vécu.  Même si la France n’a  pas manqué de promettre  toute sa solidarité et  son entraide pour le modernisme, le développement, la paix, la sécurité et l’émergence des pays africains, pour se conformer au thème « Partenariat, Sécurité, Paix et Emergence », les  observateurs les plus sceptiques des relations franco-africaines tablent que son impact sera similaire aux  précédents.

Une crainte qui  s’explique par le fait que depuis  l’accession des anciennes colonies françaises à la souveraineté nationale  au début des années soixante, il n’y a point eu de changement notable dans la politique française en Afrique. La pratique au fil du temps a malheureusement démontré que, quelle que soit la nature du  régime  dans l’Hexagone,  la politique menée  par l’Exécutif sur le continent noir  est demeurée la même. Les intérêts de la France sur le continent africain  priment sur toute autre considération.  L’arrivée  des Socialistes au pouvoir dans les années 80 n’a pas dérogé  à cette règle  sacro-sainte bien établie par les régimes précédents.

Ainsi, le président François Mitterrand, en  deux septennats, n’a  rien fait pour  mettre fin  au concept de la « France-Afrique ». Bien au contraire, son  discours fut très paternaliste en 1989,  lors du 16ème Sommet France-Afrique de la Baule. Il exigeait   des dirigeants africains de l’époque de procéder  au  multipartisme et  à l’alternance  politique dans leurs pays. Une « prime à la démocratie » multiforme  a  même été promise aux bons élèves. Les pays dont  les Chefs d’Etat avaient refusé d’obtempérer  à ces  injonctions  pour amorcer des changements démocratiques ont  bien fait les frais.

Notre pays, dirigé à l’époque par  Moussa Traoré  qui fut parmi les plus virulents  des Chefs d’Etat  qui  montrèrent leur  irritation à ce néo-paternalisme français, en faisait partie. Leurs régimes  sont majoritairement tombés dans les années 90, comme des châteaux de cartes, à travers des soulèvements populaires.  De la même manière que  ceux survenus dans les pays de l’Europe  de l’Est, à la faveur de ce que l’on avait convenu d’appeler « Vent de l’Est ». Ce vent démocratique qui avait balayé  sur son passage l’ensemble des régimes communistes.

Une dynamique qui continue de nos jours, dès lors que la France  est  plus que jamais ‘’pyromane et pompier’’. Après avoir contribué à créer  des foyers de conflits dans nombre de pays africains et permis la décadence des armées régulières au profit des rebellions qualifiées par les terminologies occidentales de « Djihadismes », la métropole est  bien parvenue à s’arroger le rôle incontournable de « gendarme de l’Afrique ». Au Mali, la réalité actuelle est très criarde, le nord du pays échappe totalement à la souveraineté  nationale par l’absence de son armée et de son administration.  Alors que l’armée française y règne en maître  absolu. La preuve ayant  été donnée par Hollande lui-même qui passe d’abord rendre visite à ses soldats stationnés à Gao, comme s’il était en territoire français, avant d’atterrir à Bamako pour le Sommet.

 Gaoussou Madani Traoré

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