Afri’actu : La théâtralisation de la jeunesse africaine !

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Quatre ans après la dernière rencontre au sommet, en janvier 2017 à Bamako, au Mali, un autre « Sommet Afrique-France » s’est tenu ce vendredi 8 octobre à l’Arena de Montpellier, au Sud de la France. Mais au lieu de « convoquer », comme d’habitude, des chefs d’Etat et de gouvernement, le président français a innové.  Car il a préféré inviter près de 3 000 jeunes venus du continent ou membres de la diaspora.

Telle une œuvre théâtrale bien préparée, Emmanuel Macron va assurer la réalisation, la représentation sur scène de son œuvre dramatique. En faisant organiser des tables rondes et ateliers à l’issue desquels, onze jeunes Africains bien choisis, ont été invités à débattre avec lui.  Ainsi ces « pépites » (ces jeunes sélectionnés pour l’interpeller) vont fustiger « le colonialisme » et l’attitude « paternaliste » de la France. Ils vont aussi plaider pour une nouvelle relation entre la France et le continent basée sur la collaboration. Et le tour est bien joué !

En hôte généreux, le chef d’Etat français annonce : la création d’un « Fonds d’innovation pour la démocratie en Afrique », avec une  « gouvernance indépendante », ainsi que plusieurs initiatives culturelles. Ce fonds, doté de 30 millions d’euros sur trois ans, doit aider les « acteurs du changement » notamment sur les questions de gouvernance et de démocratie. Une première restitution de vingt-six œuvres d’arts fin octobre, au Bénin, avant une seconde restitution à la Côte d’Ivoire.  Pourquoi donc ce soudain geste de bonne volonté de Macron ?  D’ailleurs, pourquoi la France (ce petit pays de 66 millions d’âmes dont près de 10 millions sont d’origine africaine) se préoccupe-t-elle tant du devenir de la jeunesse africaine ?  Peut-il exister une véritable relation de partenariat entre la France et les Etats africains sans l’implication des dirigeants ?

De toute façon, de cette théâtralisation de la jeunesse africaine, il ressort certainement une nette volonté politique de la diviser. D’autant que la jeunesse invitée par la France officielle (par quels critères de choix ?), n’est nullement représentative du continent, parce qu’elle n’émane pas de la vraie société civile africaine.  Au Mali, le Conseil national des Jeunes (CNJ) n’a pas manqué de saisir la chancellerie française au Mali pour lui signifier sa totale désapprobation.

Cet exercice d’échanges avec une soi-disant jeunesse africaine, auquel Macron s’est volontiers prêté ce vendredi 08 octobre, cache bien son agenda personnel. En réalité, il est en pleine précampagne pour la présidentielle de 2022. Par ce « sommet Afrique-France » innové, il espère récupérer l’électorat de la Diaspora.

D’ailleurs, fin premier trimestre 2022, il est prévu, sous l’initiative du même président français, un sommet Union Européenne-Union Africaine au niveau, cette fois-ci, des chefs d’Etat et de gouvernement.  Ce qui ne sera ni plus ni moins qu’un énième « Sommet entre la France et l’Afrique ». La France-Afrique aura ainsi toujours de beaux jours devant elle, pour la défense des intérêts économiques et géostratégiques français.

L’Afrique compte cinquante-trois Etats, avec une population de plus d’Un milliard 200 millions d’habitants. Elle possède heureusement en son sein une population juvénile, consciente et responsable qui n’a nullement besoin d’être sponsorisée par la France. L’Afrique ne se construira pas de l’extérieur avec des idées et des fonds extérieurs. Il revient donc à sa seule jeunesse de s’inventer un nouveau paradigme pour sa gouvernance et son développement.

Gaoussou Madani Traoré

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