La capitale malienne a abrité du vendredi 13 au samedi 14 janvier dernier, le 27ème sommet Afrique-France. La rencontre était co-présidée par les Chefs d’Etats malien, Ibrahim Boubacar Keita et Français, François Hollande. La rencontre a vu la participation d’une cinquantaine de délégations de pays africains et de la France ainsi que des représentants des institutions internationales comme l’ONU, le FMI, la Banque Mondiale, l’U.E, la BAD, etc.
Le sommet a été marqué par plusieurs activités. Un forum de la jeunesse a eu lieu le 12 janvier au Palais de la Culture. La journée du vendredi a été marquée par la tenue d’une conférence des ministres des Affaires Etrangères co-présidée par Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration Africaine du Mali et son homologue français, Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires Etrangères et Développement International. Aussi, il y’a eu un forum économique qui a vu la participation de plus de 300 chefs d’entreprises africaines et françaises pour la redynamisation du partenariat entre l’Afrique et la France. Ces rencontres ont toutes été clôturées par des recommandations à l’endroit des Chefs d’Etats.
Dans son discours d’ouverture de la réunion des ministres des Affaires Etrangères, le diplomate malien, Abdoulaye Diop, a remercié ses homologues pour leur participation à ce sommet. Avant de se pencher sur les enjeux à discuter durant cette réunion. Parmi ces enjeux, il a cité la lutte contre le terrorisme, la migration, les problèmes sécuritaires, etc…
Selon lui, l’objectif de cette réunion est d’identifier des réponses collectives, coordonnées et concertées aux nouvelles menaces sécuritaires à caractère transnational et complexe, d’une part, et d’autre part, les implications d’une croissance non inclusive et non suffisamment créatrice d’emplois, avec des inégalités persistantes et un degré élevé d’insécurité humaine.
C’est la journée du samedi 14 janvier qui a été très riche en activités. Elle a débuté par la cérémonie d’ouverture officielle du sommet.
Dans son intervention, le président Ibrahim Boubacar Keita a rendu un hommage particulier à François Hollande pour ses engagements pour le Mali à travers surtout l’intervention des forces françaises au Mali en janvier 2013 pour stopper l’avancée des djihadistes vers le sud du pays après avoir conquis tout le Nord. Il a aussi rendu hommage aux pays africains qui ont décidé d’accompagner l’intervention française dans le cadre de la stabilité du pays.
« De tous les chefs d’Etat français, François Hollande aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère et le plus loyal », a indiqué IBK. Qui a remercié les partenaires du Mali dont le président algérien, Bouteflika pour leur accompagnement ayant abouti à la signature d’un accord de paix et de réconciliation nationale. Un accord qui, pour lui, est la seule solution pour le retour du pays à la stabilité.
Quant à François Hollande, il a d’abord remercié le Mali pour la bonne organisation de ce sommet. Avant d’expliquer que l’intervention française au Mali est une dette que son pays est en train de payer vis-à-vis des pays africains pour leur engagement aux cotés de la France lors des deux guerres mondiales. Mais aussi pour la stabilité régionale.
Selon le Chef d’Etat français, l’instabilité peut avoir des répercussions dans tous les pays de la sous-région. François Hollande a laissé entendre que les interventions militaires françaises respectent toujours le principe de souveraineté des Etats en soulignant que la France est intervenue sur demande du président malien à l’époque, Prof. Dioncounda Traoré tout comme en Centrafrique.
Le président français a invité les Chefs d’Etats à coordonner leurs actions pour parvenir à assurer leur propre sécurité. Selon lui, son pays a dépassé son engagement de 2013 de former 20.000 militaires africains par an. Il a promis que ce nombre sera porté à plus de 25.000 au cours des trois prochaines années. Il s’est félicité d’avoir contribué à anéantir les forces terroristes sur tout le territoire malien. Toute chose qui a abouti à la reprise de la démocratie dans le pays avec la tenue de l’élection présidentielle de 2013 qui a vu l’élection d’IBK à la tête du pays. Mais aussi les élections législatives de 2013 et les communales de 2016 et la reprise de l’économie et la réconciliation nationale à travers la signature d’un accord de paix.
Sur le plan du développement, le président français a promis à travers l’AFD, d’augmenter de 15%, les engagements de la France pour mobiliser 23 milliards d’euros pour l’Afrique dans les 5 ans à venir ainsi que le lancement d’un Fonds d’investissement franco-africain de 76 millions d’euros sur 10 ans, soit plus de 45 milliards 600 millions FCFA.
Yaya Jammeh invité à reconnaitre sa défaite et à céder le pouvoir à Barrow
La situation politique en Gambie a été également évoquée lors de ce sommet.
Les présidents français et malien ont invité le président sortant Yaya Jammeh à reconnaitre sa défaite et à céder le pouvoir à Adama Barrow avant le 18 janvier 2017, date de la fin de son mandat.
En sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, le président tchadien Idriss Déby a remercié IBK pour la qualité de l’accueil et la bonne organisation de ce sommet. Mais aussi la France pour ses engagements sans cesse aux cotés de l’Afrique. Selon lui, la France occupe une place importante dans les relations de l’Afrique avec le reste du monde.
Pour Idriss Déby, malgré ses difficultés, l’Afrique est résolument engagée sur la voie de son irréversible émergence à travers la mise en exergue de l’agenda 2063, la transformation structurelle des économies africaines. Il a invité ses pairs africains à diversifier leurs productions, à accélérer l’industrialisation et le renforcement des mécanismes d’intégration des pays africains pour rendre le continent attractif à tous égards aux investissements extérieurs. Egalement en créant les conditions d’une émergence elle-même génératrice d’emplois pour les jeunes et les femmes dans le but d’offrir une image du continent qui fait rêver sa jeunesse et la dissuader de continuer à emprunter le train de la mort à travers une migration humiliante, dangereuse et aux retombées chimériques.
L’ouverture officielle du sommet a aussi marquée par la remise de quelques prix les Chefs d’Etats français et malien. Ce qui a été suivi par les travaux du sommet proprement dit en huis clos sur le thème « Paix et sécurité) et sur « l’économie et le développement ». Avant l’adoption de la déclaration finale du sommet.
Ensuite, IBK et François Hollande ont animé une conférence de presse. Une conférence au cours laquelle, a été question du retour de l’Etat à Kidal, l’intervention française au Mali, l’accord de réadmission entre l’U.E et l’Afrique, etc..
S’exprimant par rapport à l’accord de réadmission, IBK est formel : « Nous ne l’avons pas signé et nous ne le signerons pas. » Avant de reconnaitre que c’est un sujet très sensible. Il a invité les populations à ne pas céder aux vents de l’amalgame et de la manipulation.
Pour l’intervention française au Mali qui est en train de couter cher à la France, François Hollande a laissé entendre que cette intervention durera autant que la menace restera au Mali. Et autant que le Mali voudra de cette présence. S’agissant du retour de l’administration à Kidal, les deux Chefs d’Etats ont insisté sur la voie du dialogue pour régler ce problème en évoquant la signature de l’accord de paix et de réconciliation nationale.
Comme nous l’avions dit dans notre parution du mardi 10 janvier dernier, la ville de Bamako était prête pour accueillir le 27ème sommet Afrique-France car toutes les dispositions sécuritaires et organisationnelles avaient été prises dans ce sens. Ce qui a été confirmé par la réussite de ce sommet.
Modibo Dolo