Les habitants de la commune rurale de Yéréré ont procédé le vendredi 4 mars à l’inauguration de la seconde mosquée de prière de vendredi. Sa construction a commencé en 1989 pour être inaugurée en mars 2011. Son coût est estimé à plus de 43 millions de F CFA. La mosquée a été entièrement financée par les fils du terroir. La main d’œuvre a été assurée par les jeunes du village.
Le député de la localité Mamadou Diawara et beaucoup d’autres fils du terroir ont pris part à la cérémonie d’inauguration de la nouvelle mosquée de vendredi, 05 mars 2011.
Yéréré est une commune rurale située dans le cercle de Nioro du Sahel (12 km séparent Nioro de Yéréré). Elle est composée de soixante six (66) villages tous soninké.
Yéréré occupe le site de l’ancien empire de Kingui fondé par des Diawara. Le patronyme Diawara veut dire en bambara «Dia ka wara» (le lion de Dia…). Le royaume de Kingui serait né des cendres du royaume Djara, le premier royaume de l’Afrique noire situé à 14 km de Yéréré.
Histoire
Le village de Yéréré est fondé, il y a plus de 450 ans par Nouhoum Madiouma Diawara, accompagné de son marabout Fodé Mady Yattabary et Fousseyni Mangara son griot. Ils étaient accompagnés par une vieille femme captive du nom de Diaba Kassé qui portait sur sa tête les livres coraniques dans un panier.
Au cours de leur voyage, Diaba Kassé interrogea le marabout Fodé Mady Yattabarry sur leur destination. Il a promis à la porteuse des livres coraniques de fonder un village. Et celle-ci lui demande : quel sera son nom ? Leur parcours était guidé par un crapaud portant un gris- gris à sa patte. Quand le crapaud s’arrête, les trois voyageurs eux aussi s’arrêtent. Au cours de leur dernière nuit à 9 heures, le crapaud n’a pas pris la route. Il n’a pas bougé là.
A quelques mètres du batracien, le pied de Diaba Kassé se posa sur des épines et elle hurla «Yéréré». C’est à cet endroit que la nouvelle mosquée (la seconde pour la prière du vendredi) est bâtie. Depuis ce jour, le site s’appelle Yéréré. Le premier quartier du village fondé par Nouhoum Mady Diawara s’appelle Diaba.
Selon les chroniqueurs, les patronymes qui se sont succédé à la royauté sont les Cissé, Tounkara, Sako Bida, les Djerma, les Diawara sont les derniers souverains. Ils détiennent la chefferie dans soixante six(66) villages soninké dans le cercle de Nioro.
Il existerait, selon certains défenseurs de la tradition orale, vingt un (21) clans Diawara.
L’arrivée d’El Hadj Oumar Tall à Yéréré remonte en 1858. Il choisit le site de la plaine, un endroit béni, pour s’installer.
Agriculture
Une plaine de mille (1000) hectares est aménageable pour la culture du mil, maïs, haricot) et de maraîchage en toute saison. Ce sont les moyens qui manquent pour commencer les travaux. Le génie rural avait mené des études dont le coût s’élevait à douze (12) millions de nos francs. Faute de moyens financiers la mairie n’a pas pu réaliser ce grand projet vital pour toute la commune de Yéréré.
La faune est ravagée par les aléas climatiques. La famine guette la commune. Quand aux femmes, elles ont des difficultés pour avoir du bois de cuisine. Les zones de pâturages se rétrécissent pour les éleveurs. Pendant la saison des pluies les terres cultivables sont emportées par l’érosion.
Géographie
La commune rurale de Yéréré est composée de dix (10) villages (Yéréré, Nomo, Korokadio, Djébaly, Kouroukéré, Kamané, Boubou Abeidatie, Boulou Mouroukoula, Boubou Rangabé, Djintié).Faute de route praticable, ces villages sont inaccessibles en saison de pluies.
Elle est située au nord de Nioro du Sahel sur une plaine entourée de collines. La population, composée de Soninké, Peul et Maures est estimée à 5200 habitants. Yéréré, comme Nioro du Sahel, Djenné, Niamina et Baraouélé sont des villes menacées par les ravages des eaux de pluie. Si l’Etat n’intervient pas, ces localités vont disparaitre.
Politique
La commune de Yéréré est enclavée. Toute chose qui freine son développement. Sept partis politiques animent la commune : Adema- Pasj, Parena, Rpm, Urd, Mpr, Sadi, Pdes.
Santé
Un centre de santé communautaire, une maternité vétuste et exiguë où des agents de santé travaillent dans des conditions d’hygiène frôlant la mort pour soigner les malades. Ces structures manquent d’équipements sanitaires.
Education
L’école de Yéréré a vu le jour en 1967. C’est une école primaire de trois classes en mars 2011. Une médersa a ouvert ses portes depuis belle lurette.
L’actuel maire Adema de la commune rurale de Yéréré, Gagny Diawara est un pur produit de cette école. Comme disent les Malinké à propos de leur cousin Soninké «l’école c’est la fatigue, ça ne rapporte rien».
Le Soninké serait plutôt porté vers la recherche de l’argent plutôt que de s’adonner à des études longues dont la finalité est souvent incertaine.
Société
Les Soninké représentent 9% de la population du Mali. Ils vivent en communauté. C’est un peuple laborieux très fier mais belliqueux. Entre différents patronymes, c’est la guerre «le fadenya négatif» (entendez par là fratrie). D’où des séries noires vécues à Yéréré.
Toute la population soninké est musulmane. Pour 5 200 âmes, il y a dix mosquées à Yéréré dont deux (2) de vendredi. Ici dans cette bourgade toutes les grandes familles possédant un capital financier ont leur mosquée. Pourtant, la cuisine est plus vieille que la mosquée.
Ventre creux n’entend pas l’appel à la prière. A l’heure de l’intégration africaine et au nom de la générosité et de la solidarité malienne, les Soninkés auront gagné en enterrant la hache de guerre pour développer leur village que de construire des mosquées qui sont souvent sources de division.
Amy SANOGO, envoyée spéciale à Yéréré
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