Aussitôt après s’être lancé dans l’exploitation du bois malien, l’entreprise Yatassaye Global Business se singularise par des merveilles qu’atteste une dynamique ascendante prouvée par la création de valeur-ajoutée. Son élan pourrait être cependant brisé avec l’avènement d’une mesure suspensive de l’exploitation du domaine qui tombe comme un cheveu dans la soupe.
Il s’agit d’une véritable success-story dont l’idée a germé pratiquement du néant. Elle est associée au nom du jeune opérateur malien, Hambarké Yatassaye, dont la migration des pierres précieuses vers le bois précieux aura été une véritable réussite. «Après avoir arrêté les études, en 2006, j’ai commencé l’exploitation les pierres précieuses avec des amis Chinois avant de me lancer dans le secteur du bois en commençant par des importations du côté du Burkina-Faso», a confié celui qui accumule les depuis quelques temps les merveilles dans le domaine de l’exploitation du bois malien.
A la tête d’une unité qui pèse plus d’1 milliard francs CFA d’investissement personnel, M. Yatassaye arrive à employer depuis quatre moins plus de 120 personnes (saisonniers et salariés compris), qui forment une grande famille au sein de Yatassaye Global Busines International dont le complexe de transformation est situé dans les confins de Yirimadio. Il s’agit au fait d’une scierie installée sur un imposant domaine de plus d’1 hectare et demie où le vacarme des machines permet à peine la cohabitation entre administrateurs et ouvriers. C’est là que le bois de Vène, acheminé à l’état brut par les nombreux fournisseurs qui en vivent, est accueilli par les journaliers avant de passer sous la coupe réglée des lames circulaires des différentes machines. Tranchée en longueur et en largeur, la matière y ressort complètement nivelée sous la forme de planches dont la dimension est fonction des commandes et besoins exprimés par la clientèle, a confié l’employé Goho Marius. Ce machiniste ivoirien très expérimenté n’est pas le seul étranger de la scierie, mais les employés sont majoritairement constitués de nationaux parmi lesquels on en trouve qui ont même abandonné leurs activités de petit commerce au profit des avantages qu’ils tirent de leurs tâches journalières à Yatassaye Global Business International. Y figure par exemple Abou Dicko, un travailleur à la machine, qui assure ne pas regretter d’avoir abandonné son activité au profit d’un emploi où la stabilité des revenus lui permet de mieux subvenir à ses besoins et à ceux de sa petite famille qu’avec le petit commerce.
Le journalier reconverti, à l’instar de tous ses autres collègues, ne se plaint non plus des conditions d’emploi, au regard des mesures de sécurité instaurées pour mieux les protéger contre les éventuels accidents. Chacun est en effet doté de gants, de cache-nez et de chaussures de sécurité pour les prévenir, tandis que le rares cas d’accidents de travail sont directement pris en charge par l’infirmerie de l’entreprise pour les premiers soins et jusqu’à hauteur de 10 000 francs CFA pour les soins nécessitant des interventions médicales externes. Il suffit d’en présenter le ticket pour être rembourser, a reconnu un autre employé approché par nos soins.
Avec sa belle aventure entrepreneuriale, Yatassaye Global Business International est en train de prouver que l’exploitation et la transformation du bois de vène, un trésor national très prisé, est aussi un créneau de valeur ajoutée voire une réponse structurelle aux défis qui se posent aux autorités maliennes dans le domaine de la création d’emplois et de lutte contre le chômage. Le mérite revient à son Pdg Ambarké Yatassaye, un jeune investisseur ambitieux au coup d’œil et au flair assez alerte pour débusquer les bonnes initiatives. Il a ainsi su profiter des ouvertures faites en 2014 avec un avec l’avènement d’un arrêté interministériel (départements du commerce, des finances et de l’environnement) sur l’exploitation du bois de vène malien. Ladite mesure disposait, en effet, que l’exploitation de cette matière soit assujettie à la création de valeur ajoutée, sans doute dans le but de compenser les coupes massives d’arbres par une création proportionnelle de bois. La brèche ainsi ouverte a incité le jeune promoteur à explorer le secteur de la transformation du bois en produits semi-finis. Son agrément obtenu la même année, le jeune prodige a aussitôt consenti un investissement de plus de 500 millions de nos francs dans l’équipement et les machines, sans compter une bagatelle de plus de cent millions pour l’aménagement du domaine qui abrite en même temps les bureaux de son entreprise et l’usine où travaillent chaque jour un effectif de 120 personnes. «On ne compte pas s’en arrêter là», nous a indiqué le Pdg, qui se fixe l’objectif d’atteindre le cap de 300 employés d’ici à un an, quoiqu’il déplore les obstacles qui commencent à se dresser sur son chemin. Le créneau qu’il exploite depuis seulement quelques mois risque en effet d’être fortement mis à mal par des nouvelles mesures de blocage découlant d’un arrêté émanant du département de l’Environnement pour suspendre l’exploitation du bois malien. Il s’agit d’un simple moratoire en attendant d’y voir clair dans les engagements internationaux du Mali, à en croire une source au ministère concerné, mais le hic est que les mesures administratives interviennent en blocage d’autant plus sérieux qu’elles créent déjà une crise de confiance tant avec les fournisseurs qu’avec les employés. «Nous sommes constamment sous une pression intenable de toutes parts, depuis l’avènement de cette mesure», a fulminé M. Yatassaye, qui s’explique difficilement que des menaces continuent de peser sur son activité après que l’entreprise a satisfait à l’ensemble des exigences ayant prévalu à sa création et aux énormes investissements que cela a requis. Quant aux impacts sur l’environnement et la diversité de la flore, ils sont atténués par des mesures palliatives qui consistent à reboiser les hectares par centaine après les coupes, conformément au plan d’aménagement arrêté de commun accord avec les autorités, a expliqué M. Yatassaye. Et d’ajouter par ailleurs que la conformité de son entreprise est même attestée par les différentes correspondances des autorités régionales en charge de la question tant à Keniéba qu’à Sélingué, les deux localités d’où provient essentiellement la matière première.
A KEITA