Y aurait-il une guerre de l’eau au Mali ?: Conflits communautaires liés à la gestion de l’eau, un risque récurrent

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“Il y’a un risque très élevé de conflits communautaires autour de sources d’eau”, selon le président de la CN-CIEPA/WASH, Dounantié Dao.

Pour le président de la Coalition nationale de la campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-Ciepa/Wash), Dounantié Dao, le  mot guerre est trop fort. Par ailleurs, il reconnait qu’il y a un “risque très  élevé de conflits communautaires autour des sources d’eau”“La quantité d’eau disponible est globalement insuffisante, ce qui est source de fortes tensions, en particulier en périodes sèches”. A l’en croire,  les éleveurs se déplacent avec leurs troupeaux plusieurs mois pendant l’année à la recherche des sources incertaines en eau et en pâturages. Et que les usages domestiques dépendent  également de ces  sources locales en eau, dans la mesure de leur existence et disponibilité. Dans ce contexte, dit-il,  où l’ensemble de la population, éleveurs et ménages, dépendent de cette ressource pour vivre et survivre. Le président de la CN-Ciepa/Wash propose une amélioration des systèmes d’approvisionnement en eau des communautés en vue de réduire les tensions liées à l’usage de ces sources.

Pour rappel, dans leur manifeste citoyen publié en fin décembre, la Coalition nationale de la campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-Ciepa/Wash) et Wetlands International ont alerté sur la situation “préoccupante” de l’état des lieux du secteur  de l’eau au Mali. Selon la déclaration, encore 1269 villages ou fractions n’ont toujours pas accès à une source d’eau potable et 1/3 des Maliens sont toujours privés de l’eau potable. Ils relèvent aussi un  taux élevé de panne des ouvrages hydrauliques. Le nombre est évalué à 35 % en moyenne.

Ibrahima Ndiaye

 

 

L’EAU POTABLE

Tout faire pour que ça coule à flots à partir de cette année !

 

Si l’eau est source de vie, son accès à un grand nombre de populations reste une priorité dans notre pays. Raison pour laquelle les autorités du pays ne cessent de multiplier les initiatives pour l’accès à une eau de qualité et un cadre de vie sain et assaini pour tous afin de relever les défis et consolider les acquis d’où ce grand projet de  réalisation de 34702 branchements sociaux dans la capitale de Bamako et dans plusieurs autres villes à travers le pays au cours de cette année.

Structure en charge de la gestion de l’eau au Mali, la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep SA) a indiqué que 2019 sera  marquée par la poursuite de l’amélioration de la qualité des prestations à la clientèle et assurer une évolution permanente et pérenne du secteur de l’eau potable.

Pour l’atteinte des objectifs visés, qui sont notamment, la poursuite et la mise en œuvre du Programme présidentiel d’urgences sociales (PPUS),  la société compte procéder à la consolidation de l’intégration  dans le périmètre de l’affermage de 72 nouveaux centres, et la reprise de 12 centres.

En ce qui concerne l’amélioration de l’accès des populations à l’eau potable, elle projette en 2019, la réalisation de 34702 branchements sociaux dans la capitale de Bamako et dans plusieurs autres villes à travers le pays.

Du constat de l’état  d’avancement du projet d’alimentation en eau potable de la ville de  Bamako à partir de la localité de Kabala, jugé satisfaisant, il ressort que le taux d’exécution sur l’ensemble des lots du projet est à peu près de 80 %. Ainsi, les travaux en cours devront  permettre la production d’environ 288 millions de litres d’eau par jour, qui couvriront les besoins en eau potable des populations de la capitale.

Aux dires  du secrétaire général du ministère de l’Energie et de l’Eau,  Moussa Cissé, le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de la localité de Kabala est en très bonne voie dans la mesure où, de nos jours, les financements nécessaires à la première phase du projet sont mobilisés, tandis que la mise en œuvre de la seconde phase bénéficie également du soutien des Partenaires techniques et financiers. A l’en croire, ledit projet est pour le moment la seule alternative, dont on dispose, pour juguler le stress hydrique dans la capitale et ses environs dans un esprit de durabilité.

Ce sont avec de telles initiatives que le gouvernement croit  pouvoir faire du mauvais souvenir  le faible taux d’accès à l’eau potable de 65,3 % en milieu rural, 74,7 % en milieu urbain soit un taux national de 68 % (données de 2017 de la DNH) pour rapidement atteindre les objectifs visés afin de ne pas fausser les calculs de l’ l’Objectifs du développement durable  N° 6 qui est  d assurer,  d’ici à 2030, l’accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût abordable et  l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats.

“Une eau propre et accessible pour tous est un élément essentiel du monde dans lequel nous voulons vivre. Il y a assez d’eau sur la planète pour réaliser ce rêve”, dit-on.

Alassane Cissouma

 

PORTAIT : Abdoulaye Yanogué, revendeur d’eau au Point G

A la quête d’une meilleure vie, beaucoup de jeunes, venus de l’intérieur du Mali, passent par plusieurs petits métiers informels avant de se faire une place dans la capitale. Abdoulaye Yanogué, 27ans, en est un. Depuis trois ans, le jeune s’est tourné vers la vente de l’eau potable au point G. Un travail qu’il tire profit aujourd’hui. 

Abdoulaye Yanogué a quitté sa ville natale Bandiagara il y a de cela sept ans, pour faire fortune dans la capitale. Le jeune dogon avant de devenir revendeur d’eau, a pratiqué plusieurs métiers.  “J’ai été apprenti bouché, manœuvre … et enfin vendeur d’eau potable au quartier du Point G”.

Abdoulaye part acheter de l’eau auprès des  bornes fontaines publiques du quartier. A l’aide de son pousse-pousse, son seul instrument de travail, il va les revendre à des concessions qui n’ont pas de robinets. En trois ans d’expériences, il a gagné très vite la confiance de plusieurs  familles. “Je peux faire plusieurs tours des bornes fontaines par jour”, dit-il, heureux de son nouveau travail.

Devenir revendeur d’eau potable au Point G, Abdoulaye n’a pas choisi par hasard cette zone.

La première raison était de se rapprocher de son oncle chez qui il passe la nuit.

La seconde raison, par contre, était bien calculée par Abdoulaye. Le quartier enregistre fréquemment de coupures d’eau en plus seulement quelques  familles sont abonnées au réseau de distribution de la Société malienne de distribution d’eau potable (Somagep). Il a donc su profiter de cette situation. L’ouvrier dit servir plusieurs clients par jour. “Mon pousse-pousse prends six bidons de 20 litres. Une seule livraison coute 300 F CFA soit 50 F CFA par bidon”.

Tout travail a ses avantages et ses inconvénients tel est le cas de ce boulot de revendeur d’eau potable. Même elles ne sont pas courantes, Abdoulaye évoque des difficultés qu’il a rencontrées au cours de ses trois ans d’expériences. “Souvent des clients disent m’avoir payé alors que je n’ai rien reçu. Pour d’autres, au moment de la livraison ils prennent leur temps alors que d’autres clients attendent. Je travaille dur donc je ne me laisse pas faire”.

Faire ce qu’on aime est source de bonheur, quand on aime ce qu’on fait il sera facile de braver les obstacles tout en s’imposant. Il n’y a pas de sot métier, il n’ya que de sottes personnes.

Grâce à son travail de revendeur d’eau, Abdoulaye aujourd’hui subvient à ses besoins et à ceux de sa famille.  Mieux, avec ses petites économies mises à côté, il a commencé à réaliser le projet qui lui tient le plus à cœur, avoir son propre toit à Bamako.  “J’ai acheté une parcelle. Il ne me reste plus que la construction”, dit-il, fier. Dès  l’achèvement de sa maison, le jeune dogon pense réunir sa famille, restée à Bandiagara. Ils ne se sont revus depuis sept ans.

Oumou Fofana        

 

1 Abdoulaye Yanogué, revendeur d’eau au Point G

 

 

 

EAU DOUCE

Ne laisser personne de côté

 

La Journée mondiale de l’eau, dont l’objectif est d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce, est célébrée le 22 mars de chaque année. C’est un moyen d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau douce et de plaider en faveur d’une gestion durable des ressources en eau douce. Chaque année, la Journée mondiale de l’eau met en lumière un aspect spécifique de l’eau. Le thème de cette année est : Ne laisser personne de côté.

Aujourd’hui encore, des milliards de personnes vivent encore sans eau salubre. Les femmes, enfants, réfugiés, personnes en situation de handicap et de nombreux autres sont souvent négligées et font parfois l’objet de discrimination.

Au Mali, la problématique d’accès à l’eau potable se pose avec acuité malgré les efforts fournis par l’Etat. Le taux d’accès à l’eau potable est de 65,3 % en milieu rural ; 74,7 % en milieu semi-urbain et urbain et 68,0 % au niveau national, de l’hydraulique, DNH.

Selon le même rapport, 30 % du parc hydraulique est non fonctionnel. Pour assurer un accès équitable et un approvisionnement adéquat en eau potable des populations, l’État a fait du secteur de l’eau, l’une des priorités à travers son engagement pris pour l’accès universel à l’Eau Potable et à l’Assainissement d’ici 2030, conformément à la vision africaine de l’eau, à la déclaration d’E-thikwini en 2008, au point 6 des objectifs de développement du millénaire, ODD et au Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD).

Selon Abdoul Karim Koné, chef de département de la communication de la Somagep, il faut reconnaitre que toutes les années, il y a des difficultés à un moment donné, pendant la période de fortes chaleurs, à assurer la production et l’alimentation correcte de la ville de Bamako. “Bamako est une grande agglomération. La Somagep a présentement 6 unités de productions. Les 6 unités de production ont une capacité d’à peu près 200 millions de litres d’eau par jour contre une demande de la population qui est estimée à 300 millions de litres d’eau. Donc il y a un gap de 100 millions de litres d’eau. Les populations situées loin de nos unités de production ou en altitude sont les plus défavorisées. Quand nous produisons l’eau, les consommateurs en bout de la ligne de distribution sont pénalisés. Ce sont eux qui sont obligés d’attendre tard le soir pour avoir de l’eau”, explique monsieur Koné. “Il y a un manque d’eau, un déficit d’eau, un déficit de production qui expliquent le manque d’eau”, affirme Abdoul Karim Koné.

De plus, pour ne rien arranger, les coupures d’électricité qui ralentissent la production d’eau. La Somagep travaille avec EDM et pendant la période de forte chaleur, l’électricité n’est pas stable. “Nos usines tournent avec l’électricité. Les coupures d’électricité font que nos unités de production s’arrêtent. Et quand notre station s’arrête pendant 30 minutes, il lui faut 8 heures pour arriver à l’étape initiale avant la coupure. Et pour les journées où la coupure devient en forme de clignotant notre travail s’arrête complètement. Donc les trois grandes raisons de coupure d’eau sont : le déficit de production, les gens qui sont en altitude et les coupures d’électricités”.

Le grand projet de la Somagep pour soulager la production est le projet de Kabala, financé par les partenaires à 172 milliards de F CFA. Kabala est en phase de test avant de mettre l’eau dans le réseau. Donc c’est ce projet qui va mettre fin à la crise d’eau à Bamako. “Il y a 150 millions de litres d’eau qui manquent à l’appel chez nous et ce projet, dans sa première et deuxième phase va renforcer les capacités de la Somagep à hauteur de 280 millions de litres d’eau”.

La réduction des inégalités dans l’accès à l’eau est importante car l’accès à l’eau est un droit humain. Il est essentiel au développement durable et c’est aussi le fondement de la santé publique. Donc il serait difficile d’atteindre un niveau de développement humain durable si tant de personnes vivent sans eau salubre. En 2010, l’Onu a reconnu “le droit à l’eau potable saine et propre et à l’assainissement comme un droit humain“.

Le droit humain à l’eau permet à chacun, sans discrimination, d’avoir accès à une eau suffisante, saine, acceptable, physiquement accessible et abordable pour son usage personnel et domestique.

Zeïnabou Fofana

Bintou Diawara

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