Le mardi 4 mai 2021, le consortium Tuwindi, Free Press Unlimited et Amnesty international Mali ont procédé à la Maison de la Presse, à la présentation du rapport de deux plateformes SIRA et XENSA mises en place dans le cadre du projet ‘’Observatoire citoyen contre l’impunité et pour la redevabilité’’ (Ocipre). Ces plateformes ont été mises en place pour la collecte et la diffusion des droits humains et pour faciliter le dialogue citoyen entre les décideurs et les populations.
Le consortium Tuwindi, Amnesty International Mali et Free Press s’est fixé comme objectif la diminution de l’impunité des violations des droits de l’homme, des crimes économiques et des cas de corruption au Mali, grâce à l’emploi de la technologie digitale et mobile pour le monitorage collectif et l’accès à la justice, dans le cadre de la veille citoyenne et du plaidoyer comme pour la redevabilité.
Dans le cadre du projet, les plateformes SIRA et XENSA ont été développées afin de faciliter l’atteinte de ces objectifs. Des observateurs, des activistes et des journalistes ont été mis sur le terrain pour la collecte des informations.
SIRA (Système Intégré de Rapportage et d’Analyse) est une plateforme mobile et web mise à la disposition des défenseurs des droits de l’homme pour mieux observer, documenter et publier les cas de violations des droits humains. La plateforme permet de contribuer aux investigations judiciaires en partageant les informations recueillies sur l’ensemble du territoire malien.
Aux dires de Ramata Guissé, directrice exécutive d’Amnesty International Mali, ceci est le second rapport de SIRA qui sera présenté et elle couvre le premier trimestre 2021. « A ce jour, la plateforme SIRA accessible sur le site www.sirashahel.com a enregistré 187 cas de violations des droits humains dans 60 localités du Mali. Parmi ces violations des droits de l’homme enregistrées, au moins une dizaine de cas représentent les atteintes à la liberté d’expression », affirme Ramata Guissé.
Les violations des droits humains recueillies dans ce second rapport d’étude SIRA se présentent comme suit : 45 % concerne les droits civils et politiques, 38 % les autres abus, 3 % la corruption, 4 % les droits de la femme et 2 % les droits de l’enfant.
Ramata Guissé affirme également que parmi les 187 cas déclarés à ce jour, 67 cas concernent les violations commises courant le 1er trimestre de l’année 2021 ; parmi les 67 cas rapportés courant 1er trimestre 2021, le district de Bamako et les régions de Koulikoro, Ségou et Sikasso ont enregistré cumulativement 26 cas de violations ; la seule région de Mopti a comptabilisé 30 cas ; les observateurs des régions de Gao et Tombouctou ont recensé 11 cas de violations des droits humains.
Concernant la plateforme XENSA qui est accessible sur Xensa.org, c’est une plateforme web interactive et spécialisée dans le contrôle citoyen. Elle permet de faciliter l’échange entre les leaders politiques (nationaux et locaux) et leurs populations mandataires dans le cadre de la veille citoyenne. La plateforme a été adaptée à l’évolution de la situation sociopolitique et la transition au Mali. 67 internautes et blogueurs ont eu la possibilité d’interpeller certaines institutions du Mali, de suivre l’évolution de la transition à travers l’onglet transitomètre.
Durant trois mois, la plateforme XENSA a enregistré : 125 articles dans le transitomètre, 81 interpellations, 68 pétitions, 56 dénonciations, 205 publications au total.
Le consortium Free Press, Tuwindi et Amnesty International Mali, au regard la situation actuelle, fait des recommandations dans ce rapport : à l’endroit de l’Etat malien : l’amélioration de l’accès à la justice pour les victimes de violences notamment les femmes ; ne pas restreindre l’espace civique en interdisant les manifestations ou en les réprimant ; intensifier la lutte contre l’impunité en respectant, protégeant et en réalisant les droits humains sur l’ensemble du territoire national ; accorder aux journalistes le libre accès à toutes les sources d’informations et les offrir des garanties dans le cadre de leur travail. A l’endroit des organisations de la société civile : s’organiser davantage et travailler en synergie pour une meilleure protection des droits humains ainsi qu’une forte implication aux côtés des médias dans la défense de la liberté d’opinion et d’expression. A l’endroit des partenaires techniques et financiers : soutenir davantage les institutions et organisations des droits humains dans la défense et la lutte contre les violations des droits humains notamment sur les questions d’atteintes à la liberté de la presse.
Zeïnabou Fofana