Circulons un peu à travers les quartiers de Bamako pour visiter les «grins» de thé des jeunes pour bien comprendre la réalité. En dehors des fainéants qui sont à la merci de leurs parents pour un paquet de thé ou du sucre, il y a aussi des diplômés qui font la fierté de ces «grins» ou autres retraités.
Tournons notre regard sur le jeune Papi qui au sortir de l’université, après des années d’études supérieures, le jeune homme est resté trois ans sur la chaume. Pas tout à fait inactif cependant. Cinq lettres de demande d’emploi, cent réponses polies sans suite, dix entretiens prometteurs, et pas un seul recrutement, même pas à l’essai. Ou plutôt si, mais en terme d’errance de stage non rémunéré en stage non rémunéré, et pas un seul recrutement au bout du compte. Misère ! Et toujours à la charge des parents qui commencent à encaisser le coup.
Le jeune homme enfourche alors une Sotrama et se fait conducteur. Il tressaute à longueur de journée et zigzague entre les nids de poules. A-t-il acheté la Sotrama ou l’a-t-il louée contre redevance journalière ? On ne sait pas. En tout cas, en moins de deux ans, elle rend l’âme définitivement. Un bras valide est perdu l’Etat qui a été incapable de lui donner un emploi.
Solidarité au Mali : Escroquerie ou arnaque ?
En vérité, la solidarité n’est pas de nature à aider qui que ce soit. La solidarité exhale un parfum d’aumône, de charité et de ce point de vue, disqualifie l’effort. Celui qui reçoit gratuitement n’a plus besoin de se fouler la rate, d’investir et de s’investir de quelque manière que ce soit, pour quoi que ce soit. La solidarité étouffe et assassine tout mérite. Celui qui reçoit gratuitement ne peut se prévaloir d’aucune qualité, ni se réclamer d’aucune utilité. Il se place d’emblée en contrebande des lois de la nature. Parlons de nous-mêmes.
Les journalistes viennent de recevoir une centaine de casques à eux gratuitement distribués par un conglomérat de donateurs, dont entre autres, l’ANASER et le département des transports. C’est dans le cadre d’une campagne de port de casque. Tout le monde a trouvé l’initiative belle. A commencer par les journalistes. Ils étaient heureux de disposer d’un casque sans passer à la caisse, donc sans en connaître vraiment le prix. Sauront-ils l’utiliser à bon escient ?
Avec la recrudescence des cas de paludisme, le gouvernement a pris la décision d’offrir gratuitement à nos compatriotes des moustiquaires imprégnées. Combien nous ont-elles coûté? Beaucoup d’argent, sans nul doute. Comment se comporteront les populations bénéficiaires, quand on sait qu’elles n’ont à faire qu’à un cadeau dont elles ne connaissent pas le prix. Mais, avons-nous déjà évalué les effets d’une telle mesure ? Parce que tout le monde veut du pain et du beurre, sans en connaître le prix.
Continent noir – Quel monde vivons-nous ?
Les progrès de la science, de la technique et de la technologie éclairent les temps actuels. Quel monde merveilleux vivons-nous ? Ces immenses progrès, dans toutes les sphères d’activités, ont provoqué des mutations sans nombre et ont bouleversé nos modes de vie et de pensée. Mais, sommes-nous pour autant plus heureux ? Sommes-nous pour autant plus libres ? Nous sommes-nous trouvés de nouveaux repères pour mieux nous orienter et mieux nous guider par les dédales de la vie ? Nos arrière-parents ne connaissaient ni les bienfaits de l’électricité, ni les facilités de l’ordinateur ou du téléphone portable.
Aujourd’hui, nous semblons balayer du revers de la main ces considérations autour du nom. C’est au marché des feuilletons latino-américains ou indiens qui envahissent les programmes des télévisions de nos pays que nous allons faire provision des noms que nous donnons à nos enfants. Quel raccourci affligeant ! C’était hier que l’âge, en Afrique, était un privilège, synonyme de respect et de sagesse. Etre vieux ou être vielle, aujourd’hui, dans une agglomération comme Bamako, fait de vous une cible vivante. Cela vous expose gratuitement à la vindicte populaire.
