Vote autorisant la construction d’une mosquée dans la ville de New York : Le Maire assène ses vérités

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In extenso le discours du Premier Magistraty de New York. M. Bloomberg a déclaré le 03 aout dernier que la Constitution garantissait la liberté de religion dans ce cas comme elle ferait pour n’importe quel autre groupe. Le maire de la ville de New York, M. Michael Bloomberg, a récemment prononcé une allocution soulignant l’importance de la liberté de religion aux États-Unis après que des responsables de la municipalité eurent rejeté un effort visant à suspendre la construction d’une mosquée et d’un centre communautaire près de l’endroit où se produisirent les attaques du 11 septembre 2001 à Manhattan. M. Bloomberg a affirmé que la Constitution des États-Unis garantissait la liberté de religion à tous les Américains et que « les musulmans faisaient tout autant partie de notre ville et de notre pays que les adeptes de n’importe quelle autre religion et qu’ils étaient les bienvenus à pratiquer la leur dans le sud de Manhattan comme tous les autres groupes ».

 

Le maire de New York, M. Michael Bloomberg évoque l’importance de la liberté de religion aux États-Unis le 3 août 2010.

« Nous sommes venus à cet endroit particulier, à l’île Governors, appelée la Nouvelle-Amsterdam par les premiers colons qui y ont débarqué et où ils ont semé les premières graines de la tolérance religieuse. Nous sommes venus ici pour voir le symbole de la liberté qui depuis plus de 250 ans inspire et accueille des millions d’immigrants à ce port. Et nous sommes venus ici pour affirmer plus fermement que jamais que cette ville est la ville la plus libre du monde. Et c’est ce qui rend New York si spéciale, différente et forte.

Nos portes sont ouvertes à tous, ouvertes à tout un chacun qui a un rêve à réaliser et la volonté de travailler sans relâche et d’obéir aux règles. New York a été bâtie par les immigrants et perdure grâce à eux, grâce à ces gens venus de plus de 100 pays différents qui ensemble parlent plus de 200 langues différentes et adhèrent à des fois différentes. Que vos parents soient nés ici ou que vous soyez arrivés hier, vous êtes tous New Yorkais.

Nous ne convenons peut-être pas de tout avec nos voisins. C’est la vie. Et cela fait partie de la vie quand on habite dans une ville aussi diverse et aussi densément peuplée. Mais nous reconnaissons aussi le fait qu’être New Yorkais signifie vivre avec ses voisins dans le respect et la tolérance mutuels. Et c’est justement cet esprit d’ouverture et d’acceptation des autres qui fut l’objet de l’attaque du 11 septembre 2001.

Ce jour-là, 3.000 personnes furent tuées car quelques fanatiques meurtriers ne voulaient pas que nous profitions de la liberté de pratiquer la religion de notre choix, d’exprimer nos opinions personnelles, de chercher à réaliser nos rêves et de vivre notre vie comme nous l’entendons.

De toutes les précieuses libertés qui sont les nôtres, la plus importante pourrait bien être la liberté d’adhérer à la religion de notre choix. Et c’est en faveur de cette liberté qu’il a fallu lutter pendant des années, même ici, dans cette ville fondée sur la tolérance néerlandaise. Au milieu des années 1650, une petite communauté juive du sud de Manhattan soumit une pétition au gouverneur néerlandais de l’époque, Peter Stuyvesant, revendiquant le droit de construire une synagogue – demande qui fut rejetée.

Et quand en 1657, M. Stuyvesant interdit aux Quakers de tenir leurs réunions, un groupe de résidents de Queens qui n’étaient pas membres de la communauté des Quakers signèrent la Flushing Remonstrance, une pétition visant à défendre le droit des Quakers et de toute autre personne de pratiquer librement leur religion. Ce document fut peut-être la première pétition politique officielle en faveur de la liberté de religion à être signée dans les colonies américaines et son organisateur fut jeté en prison puis banni de la Nouvelle-Amsterdam.

Dans les années 1700, la liberté de religion commençait à prendre racine en Amérique, mais il était effectivement interdit aux Catholiques de New York de pratiquer leur foi, et les prêtres faisaient l’objet d’arrestations. C’est en grande partie la raison pour laquelle la première paroisse catholique new-yorkaise ne fut établie que dans les années 1780, l’église de Saint Pierre, sur la rue Barclay, qui se trouve à un pâté de maisons du site du World Trade Center et à un autre au sud de l’endroit où l’on propose de construire la mosquée et le centre communautaire en question.

Ce matin, la Commission pour la préservation des sites historiques de la ville de New York a voté à l’unanimité de proroger – de ne pas proroger – le statut historique du bâtiment sur la place Park où la construction de la mosquée et du centre communautaire est prévue. La décision se fonde entièrement sur le fait que le bâtiment offre une signification historique moindre. Mais avec ou sans la désignation de site historique, il n’y a rien dans la loi qui empêche les propriétaires d’ouvrir une mosquée dans l’enceinte de l’immeuble en existence.

Le simple fait est que ce bâtiment est un bien foncier privé ; ses propriétaires ont le droit d’en faire un lieu du culte et le gouvernement n’a aucun droit de les en priver. Et si ce dossier venait à être soumis aux tribunaux, ceux-ci détermineraient presque certainement qu’une telle interdiction constituerait une violation de la Constitution des États-Unis.

Quelle que soit votre opinion au sujet de la mosquée et du centre communautaire dont la construction est proposée, une question fondamentale a été négligée dans l’échauffement du débat : le gouvernement devrait-il tenter de priver des citoyens de leur droit de construire un lieu du culte sur une propriété privée en raison d’une religion en particulier ? Cela arrive peut-être dans d’autres pays mais nous ne devons jamais permettre à cela de se produire ici. Cette nation fut fondée sur le principe que le gouvernement ne doit jamais choisir ou favoriser une religion entre d’autres.

Le site du World Trade Center sera pour toujours un endroit spécial dans notre ville et dans nos cœurs. Mais nous trahirions la meilleure part de nous-mêmes et notre identité en tant que New-Yorkais et en tant qu’Américains si nous disions « non » à la présence d’une mosquée dans le sud de Manhattan.

Il ne nous faut jamais oublier que des musulmans furent aussi tués le 11 septembre 2001 et que nos voisins musulmans ont partagé notre deuil en tant que New Yorkais et en tant qu’Américains. Nous trahirions nos valeurs et jouerions le rôle que nos ennemis nous souhaitent si nous venions à traiter les musulmans différemment des autres. En effet, baisser les bras devant le sentiment populaire serait accorder la victoire aux terroristes et c’est quelque chose que nous ne devons jamais accepter.

C’est pour cette raison que je suis convaincu qu’il s’agit là d’une épreuve importante relative au principe de la séparation entre la religion et l’État, dont nous sommes témoins pendant notre vie, une épreuve des plus importantes. Et il est tout aussi crucial que nous nous en acquittions de juste manière.

Le 11 septembre 2001, des milliers de premiers répondants se sont rués héroïquement sur la scène et ont sauvé la vie à des milliers de personnes. Plus de 400 de ces premiers répondants n’en sont pas sortis vivants. En se précipitant à l’intérieur de bâtiments en flammes, aucun d’entre eux ne s’était demandé « Quel est votre Dieu » (La voix de M. Bloomberg se brise un peu ici alors qu’il refoule les larmes.) « Quelles sont vos croyances ? »

L’attaque fut un acte de guerre et nos premiers répondants ont défendu non seulement notre ville mais aussi notre pays et notre constitution. Nous n’honorerions pas leur vie si nous privons certaines personnes de ces droits constitutionnels mêmes qu’ils ont péri pour protéger. Mais nous honorerons leur vie en défendant ces droits et ces libertés que les terroristes ont attaqués.

Il est, bien sûr, juste de demander aux organisateurs de la mosquée de faire preuve de sensibilité spéciale à l’égard de la situation, et leur plan, en fait, envisage de tendre la main au-delà de l’enceinte du lieu du culte en construisant un centre intercommunautaire. Et ce faisant, j’ai bon espoir que la mosquée contribuera à accroître encore davantage le sentiment d’union dans notre ville et à répudier l’idée erronée et répugnante que les attaques du 11 septembre étaient en quoi que soit alignées à l’Islam.

Les musulmans font tout autant partie de notre ville et de notre pays que les personnes de toutes les autres religions. Et ils sont autant les bienvenus s’ils veulent pratiquer leur foi dans le sud de Manhattan que tous les groupes religieux. En fait, ils pratiquent leur religion à cet endroit depuis une bonne, bonne partie de l’année, comme cela leur revient de droit. Le conseil de la collectivité locale du sud de Manhattan a voté à une majorité écrasante en faveur de la proposition. Et si ce projet va de l’avant, je m’attends à ce que le centre communautaire et la mosquée contribuent à la vie et à la vitalité du quartier et de la ville en entier.

Les controverses politiques vont et viennent, mais nos valeurs et nos traditions perdurent, et il n’y a aucun quartier de cette ville qui soit interdit à l’amour et à la miséricorde de Dieu, tels que les leaders religieux ici présents avec nous peuvent en témoigner. »

La Redaction

 

 

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