Le Collectif des associations des jeunes du pays Dogon (Cajpd) était face à la presse, le week-end dernier, au siège de l’association Ginna Dogon sis à Banankabougou. Objectif : dénoncer l’existence au marché à bétail de Niamana d’un vaste réseau de receleurs des animaux emportés lors des différentes attaques meurtrières dans le pays Dogon dont les auteurs et les complices bénéficient de la protection de certains cadres de la haute sphère de l’Etat. Par la même occasion, le Collectif attire l’attention de nos plus hautes autorités sur la persistance de l’insécurité dans le centre du Mali.
Nul n’est sans savoir de la profondeur de la dégradation sécuritaire qu’a vécu ce dernier temps les régions du centre, plus particulièrement les pays Dogon. Une situation qui a causé d’énormes pertes en vie humaine, sans compter les dégâts matériels très importants dont des villages entiers partis en fumée”. C’est ainsi que la conférence a été introduite. Et de poursuivre qu’après chaque catastrophe, tout le cheptel du village est emporté par les bandits armés déguisés en djihadistes ou terroristes.
Précisons que le bétail est estimé à plusieurs centaines de milliers de têtes. Pire, dit-il, les victimes ont constaté que la plupart de ces bêtes volées sont soit exportées vers des pays comme Ghana, le Sénégal, le Niger, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie le Burkina Faso ou sont conduites dans les différents parcs à bétail de l’intérieur du pays ou encore de Bamako. “C’est dans ce cadre que les victimes se sont organisées pour sillonner les pacs de bétail de Bamako afin d’identifier les bêtes qui leur ont été volées. Suite à cela, les victimes ont indiqué que c’est généralement au parc de Niamana, à Bamako, et celui du Drale à Kati que certaines têtes sont retrouvées”, a-t-il martelé.
Il a saisi l’occasion pour remercier les autorités policières et judiciaires pour leur implication, grâce à laquelle, quelques bœufs ont été retrouvés avec certains responsables et complices. Ces derniers sont, selon le conférencier, à la disposition de la justice en attendant le jugement. Cependant, il déplore le sort réservé à certains cas qui impliquent certains responsables du marché de bétail de Niamana.
Car, dans ce cas précis, plus d’une dizaine de têtes sur 95 bœufs emportés dans le village de Goudaga (cercle de Bandiagara) ont été retrouvés avec un frère de Ousmane Koïta dit Poker, également marchand de bétail à Niamana. Notons que lors de cette opération de vol, le propriétaire des bœufs, Brahima Karembé dit Mara Bara, a été froidement assassiné. “A partir du moment où les bœufs ont été retrouvés avec le frère de Poker qui a pu d’échapper avec la complicité de ce dernier et du président du marché à bétails de Niamana, Boubou Cissé, les autorités devaient poursuivre ces deux pour complicité. Malheureusement, ces deux ont été tout simplement libérés“, a déploré le collectif.
C’est d’ailleurs cette décision de la justice qui a poussé les responsables de toutes les associations et organisations de jeunes du pays dogon ont interpelé les plus hautes autorités de l’Etat à s’investir pour que justice soit faite sur cette affaire en honneur à toutes victimes de cette crise au centre. Le collectif des associations est formel que cette affaire renferme un important réseau de recel de bétails volés qui sert après à financer le conflit dans le centre du pays.
Fort de ce constat amer, le collectif regroupant toutes les associations et regroupements de jeunes du pays Dogon exige que la loi soit dite dans toute sa rigueur. A défaut, le collectif de réserve le droit de saisir d’autres juridictions supranationales ou au contraire se rendre justice lui-même.
Boubacar PAÏTAO