Il est aisé d’observer dans notre vie de tous les jours que ce qui tient encore notre pays, malgré toutes les misères et crises successives depuis l’indépendance, c’est la capacité de la société, moi je dis de la nation malienne à respecter et à gérer la diversité dans l’unité. Chaque enfant du Mali s’identitifie d’abord par son nom de famille qui renvoie à sa communauté d’origine, ensuite à son terroir d’origine ou d’attache qui permet de faire le lien avec les autres communautés voisines ou distantes. C’est un lègue de notre histoire commune.
Notre culture partagée a poussé le respect de la diversité jusqu’à l’invention de pactes de non agression et même d’alliance entre des communautés, des générations et des parentés différentes. Le sinangouya, le kalimeya, la bouranya, nimoninya, bref la somogoya, etc… demeurent encore des chefs d’œuvre pour le confort du vivre ensemble à travers la prévention et le règlement à l’amiable des crises et des conflits. Malheureusement, bien que chacun de nous les utilisant quotidiennement, nous n’avons pas osé encore franchir l’étape de leur insertion dans l’armature institutionnelle et administration qui gère le pays. Pour moi c’est une des raisons du décalage visible et persistant entre le pays réel et le pays légal.
La majorité d’entre nous, surtout dans le cercle des élites dites modernes, est englué dans le “intellectuellement correct” vis à vis de nos maîtres penseurs (politiques et intellectuels) auxquels nous faisons encore référence, je dirais déférence, à chaque fois que le changement et l’osez être nous même s’imposent. Allons nous continuer à nier l’évidence que si notre pays existe encore, c’est parce que notre nation et nos sociétés ont réussi à unir sans uniformiser ? Si nous tenons à l’unité de ce pays, quelque soit sa forme d’organisation, osons à notre tour ce que nos “ancêtres glorieux” dont nous sommes si fières ont osé à leur temps pour faire le Mali fort et prospère qui a bâti sa réputation au delà des océans.
Notre pays a un patrimoine politique et institutionnel qui est antérieur à la colonisation française que nous devons d’abord assumer (en bien et en mal) pour en tirer les leçons et pratiques positives afin de nous construire un avenir commun dans le pays et dans le monde. Un adage dit : “pour être du monde, il faut être de chez soi”.
C’est le modèle d’Etat que nous nous efforçons de construire depuis l’indépendance et de maintenir, malgré toutes les crises successives et un dépérissement de plus en plus évident, qui est aujourd’hui la menace la plus grave pour le pays, sa paix et sa stabilité. Un Etat fort est d’abord et avant tout un Etat accepté. Osons le changement pendant qu’il est encore temps.
SAMBOU SISSOKO
Monsieur Sissoko,
Ce que vous considerez etre la force de la société malienne est egalement sa grande faiblesse. Je vous cite “Chaque enfant du Mali s’identitifie d’abord par son nom de famille qui renvoie à sa communauté d’origine, ensuite à son terroir d’origine ou d’attache qui permet de faire le lien avec les autres communautés voisines ou distantes. C’est un lègue de notre histoire commune”. Notre malheur actuel vient du fait que nous melangeons tout. Les bonnes practiques sociales sont utiles pour gerer les rapports sociaux à un niveau, mais quand on parle d’entrepises ou d’institutions, force doit rester à la loi et seulement la loi. Malheureusement au Mali, nous voulons tout gerer à travers le prisme de nos bonnes pratiques sociales. Si cela ne change pas, le pays va continuer à s’enfoncer. Tout les pays qui s’en sortent commencent par appliquer d’abord leur propres lois. Les bonnes pratiques sociales peuvent etre utiles, mais force doit rester à la loi.
Comments are closed.