Notre pays, le Mali, se débat depuis 2012 dans une crise endurante et si profonde que les fondamentaux de la République et les socles mêmes de la démocratie et de l’Etat de droit n’en sont pas indemnes. Cette crise qui perdure dans notre pays trouve son explication en partie, dans une mauvaise organisation du dialogue social, dans un débat public dont la pertinence, faible, ne transparaît pas toujours sous ses meilleurs auspices et qui ne pèse pas positivement par les idées et les critiques qui en sont issues.
Aujourd’hui, les voix nationales, jadis fortes et puissantes, s’estompent par la mort et par la réclusion. L’espace public, lui, se caractérise par la violence des forces et des mots, les acteurs en scène se gargarisant de la disparition des censeurs, de l’absence de tout cadre de régulation. La morale en recul national fout le camp, tournant le dos à l’éthique et maugréant toute référence à la chose publique et à l’intérêt général. Laissant place au vol et à la dissipation du bien et de la chose publics. L’enjeu étant de faire bénéficier le plus grand nombre : des complices passifs.
Les mosquées et les églises deviennent des refuges naturels puisque réceptacles du désir de vivre des gens meurtris, assoiffés et meurtris par un monde de plus en plus injuste. Lorsque chaque puissance indue est acquise au bout de la force, qu’il est exercé au prix de l’argent mal acquis, le sursaut en face pousse aux excès et à tous les excès. Le comportement fautif dont l’appréciation incombe à son auteur lui-même trouble la société. 2016 a été éprouvant pour les uns et infamant pour les autres. Malgré et contre tout, l’engagement et la volonté de bâtir et d’avancer des Maliens devraient s’affirmer davantage, pour la patrie et contre la morosité et la défaite. Le besoin de justice est aussi important que l’offre de justice. Les acteurs dans ce domaine doivent se déterminer encore plus fortement pour agir contre les déviances et pour rétablir les équilibres de la société. La justice et ses auxiliaires ont une mission toute particulière qui a besoin d’être connue et accompagnée.
Œuvrer pour assurer une présence de la justice partout sur le territoire national, rendre plus effectifs les droits humains et leur protection, au-delà de leurs seules proclamations, améliorer les conditions humaines et de travail du juge et des auxiliaires de justice pour plus d’optimisation, replacer le justiciable à sa place et dans sa mission ultime d’évaluateur final de l’acte de justice tant en quantité qu’en qualité seront le credo du ministère de la Justice et des Droits de l’homme.
Prions en 2017 pour que l’infamie soit bannie ; pour que l’ordre et la discipline reviennent ; pour que le calme et la sérénité ré-habitent les cœurs et les esprits des Maliens ; pour que le droit s’imprègne de notre environnement et de nos réalités sociales et culturelles, pour que la justice soit ! L’absence ou l’insuffisance de l’un ou l’autre est susceptible de remettre en cause l’unité nationale, la cohésion sociale, la paix et la concorde nationale. Engageons-nous pour un Mali de paix, d’unité et de justice totale. Meilleurs vœux et bonne année 2017 !