Jeune malienne et actrice de cinéma, Viviane Mina Sidibé est l’une des étoiles montantes du cinéma malien. Dans sa carrière artistique, la jeune dame a joué dans des séries télévisées et des longs métrages. Entre autres, ” L’œil du micro “, ” Rapt à Bamako “, “Les toiles d’araignée”, “Les concessions”… Rencontrée après son sacre de meilleure comédienne d’Afrique, à la 18ème édition des ” écrans noirs ” à Yaoundé, elle se prononce sur ce trophée, et, par ricochet, sur les difficultés liées à l’exercice du métier, et enfin ses projets…
L’Indépendant Week-end : Bonjour Viviane et merci de vous présenter à nos lecteurs
Je m’appelle Viviane Mina Sidibé, actrice de cinéma, 27ans, mariée avec un enfant.
Vous êtes une actrice de cinéma incontournable au Mali. Comment êtes-vous arrivée dans le monde du septième art ? Et que peut-on retenir de votre parcours ?
Un parcours fabuleux rempli de rencontres de réalisateurs, d’échange avec d’autres acteurs et de succès de la plupart des films dans lesquels je joue.
J’ai été inspirée très tôt par certains comédiens tels que Habib Dembélé ou encore Hélène Diarra et bien d’autres acteurs maliens et internationaux. Après l’école maternelle à Markala, j’ai été admise à l’école fondamentale Jean Richard à Bamako, avant de me retrouver au Lycée Ba Aminata Diallo. Lors de la célébration des cinquante ans du lycée, la direction a voulu faire une grande fête et c’est la troupe qui prenait en charge la détente (chant, danse, sketch…) donc il y a eu quelques comédiens maliens qui nous ont formés pendant 2 semaines en danse, chant et théâtre.
Le jour de l’événement, je me suis fait remarquer par une responsable d’une boite de communication, pour qui j’ai fait de nombreuses pubs, mais aussi un des comédiens qui nous formait en l’occurrence Massa Coulibaly. Ce dernier m’a dit que j’avais beaucoup de talent et que je pouvais faire carrière dans le monde du cinéma. J’y croyais pas trop vu que je n’ai pas fait d’école d’art. Mais à force d’insister, j’ai cédé et c’est lui même qui m’a conduite au Centre National de la Cinématographie du Mali (CNCM), pour que je puisse remplir la fiche de candidature et depuis lors, j’excelle dans ce milieu. Je rends grâce à Dieu.
En même temps, je continuais avec mes études, je suis titulaire d’un diplôme de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) en spécialité hôtellerie et tourisme, obtenu en 2010 et actuellement je suis en licence de droit privé à la Faculté des sciences juridiques. J’ai aussi bénéficié des formations pour le renforcement de mes capacités de comédienne. En 2008, j’ai bénéficié d’une formation de trois mois au Maroc, grâce au festival ” Les voix de Bamako “, organisé par l’artiste Fantani Touré.
Votre rôle principal dans le film “les toiles d’araignée” semble avoir été le déclic de votre carrière. Est-ce le cas ?
Oui, car c’est le premier grand rôle qu’on m’ait donné à jouer malgré toutes les difficultés de jeux qu’il comporte. Le réalisateur m’a fait confiance et tout est parti de là. J’ai dû travailler dur et avec le conseil et le soutien des ainés, tout s’est bien passé.
Trophée FESPACO et CANAL+ aux JCFA, mention spéciale du jury à la 5ème Edition du Festival de Bujumbura et le couronnement du samedi 26 juillet dernier, à Yaoundé lors de la 18ème édition des “écrans noirs” comme meilleure comédienne. Quel sentiment vous anime ? Et à qui dédiez-vous ce trophée ?
Un sentiment d’honneur, de joie, de fierté, mais surtout de combativité pour que ça ne soit pas le dernier. Ce trophée, je le dédie aux braves femmes du Nord du Mali qui, malgré toutes sortes d’exactions, sont restées pour protéger leurs progénitures. Je le dédie également à tous ceux qui ont cru en moi et surtout à mes parents.
Dans le film “les concessions”, vous jouez tellement bien vos rôles que l’on a envie de savoir, où vous avez fait vos études et quel est votre secret?
J’ai étudié au Mali, j’ai un diplôme universitaire en hôtellerie et tourisme. Et mon secret c’est l’envie de voir mon nom sur la liste des plus grandes actrices d’Afrique et pourquoi pas du monde ce qui me pousse à donner le meilleur de moi-même à chaque fois.
Quels sont vos projets?
Faire un autre bébé, non je plaisante. J’envisage de faire ce qui est nécessaire pour parfaire mon jeu, c’est-à-dire faire des formations dans ce sens, faire des études en réalisation, car j’aimerai faire une carrière pleine dans le cinéma.
Vous faites bien de parler du bébé…Comment est-ce que vous gérez le cinéma avec la vie de famille ?
J’ai la chance d’avoir un mari qui est un promoteur culturel et de spectacle. Donc, il comprend un peu le milieu du cinéma. Quand mon mari et moi sommes avec des amis, ils demandent à mon homme: “Comment peux-tu laisser ta femme se faire embrasser comme ça, franchement ?” Donc, si j’avais épousé quelqu’un qui ne comprenait rien du métier, cela aurait été un problème assez délicat. De mon côté, j’ai de la chance. Cependant, je connais des comédiennes qui ont carrément laissé le métier parce qu’elles ont joué des personnages que leurs époux n’ont pas aimés.
Le monde du cinéma est en deuil. Le réalisateur Bakary Diallo est le malien à bord du crash de Air Algerie…
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès Bakary Diallo. C’est une grande une perte, mais tout est volonté divine. Ce qui nous plait, plait aussi à Dieu. Je reste sans mot et présente mes condoléances à la famille durement éprouvée.
Nous sommes dans la mouvance de la panafricaine des femmes. Un message?
J’incite les femmes africaines à se surpasser dans leur domaine respectif, qu’elles croient en elles, car elles sont fortes et talentueuses.
Quel regard jetez-vous sur le cinéma malien?
Un regard rempli de confiance, car le cinéma malien s’est toujours démarqué, malgré les faibles moyens mis à sa disposition pour réaliser des films.
Face aux difficultés du cinéma, est-il possible aujourd’hui pour des actrices africaines de faire carrière ?
Croire en soi, se fixer des objectifs et se battre pour les atteindre. Avoir une bonne santé physique et morale ainsi qu’une bonne résistance. Surtout, être double, savoir faire des folies et être raisonnable.
Clarisse NJIKAM
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