En visite dans le Delta intérieur du Niger, Soumeylou Boubèye Maïga a dit la détermination du gouvernement à anéantir les groupes terroristes qui ne sont «porteurs d’aucun projet
de progrès»Protéger et servir les Maliens où qu’ils se trouvent. Tel est le fil d’Ariane de Soumeylou Boubèye Maïga dans sa conduite de l’action gouvernementale. La preuve est établie par ses multiplies déplacements vers nos compatriotes du Centre qui, un temps durant, se sont crus abandonnés par l’Etat. L’intérêt du Premier ministre pour Mopti tient essentiellement au fait que cette région est centrale pour la stabilité du pays et qu’elle est assez emblématique des défis auxquels est confronté le pays. Ainsi après le pays Dogon, Soumeylou Boubèye Maïga était, samedi dernier, dans le Delta intérieur du fleuve Niger, précisément dans les localités de Ténenkou et de Togueré Coumbé. Une lueur d’espérance pour ces populations, prises entre le feu des terroristes et la montée spectaculaire des eaux.
C’est à bord du MI35 de l’armée de l’Air que le chef du gouvernement s’est rendu dans ces localités totalement enclavées. Il était accompagné du ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hamadou Konaté et de députés.
Le général Sidi Alassane Touré, gouverneur de la 5è région, était également de ce voyage dont l’étape phare a été celle de Togueré Coumbé, situé à plus de 70 km de Mopti. Ici, la situation sécuritaire est encore certes volatile, mais elle est nettement meilleure à celle endurée par ces paisibles populations avant l’arrivée du détachement de la gendarmerie qui occupe désormais le terrain. Togueré Coumbé vivait en effet sous un «embargo», décrété le mardi 29 mai 2018 par un groupe djihadiste. «Publiquement, ils ont dit que plus rien ne rentre et plus rien ne sort du village, jusqu’à nouvel ordre», se souvient Demba Thiéo, le 2è adjoint au maire.
«Nos hommes et nos femmes, de tout âge, ont été assujettis à toutes formes d’atrocité», a ajouté l’édile qui voit en cette visite du chef du gouvernement une réelle volonté de venir en aide aux Maliens en détresse. Convaincu que la paix est un préalable à toute action de développement, il a souhaité le renforcement de l’effectif des forces de sécurité dans sa collectivité. L’érection d’une digue de ceinture autour du village, l’aménagement des étangs piscicoles… sont autres préoccupations majeures de cette collectivité.
Selon Soumeylou Boubèye Maïga, sa visite «est le symbole du retour du Mali, le retour de l’Etat». «A partir de maintenant, l’embargo dans lequel vous viviez est fini», a-t-il lancé, sous un tonnerre d’applaudissements. «Mais, s’est-il empressé d’ajouter, les forces de sécurité ne peuvent vous protéger et vous défendre que si vous les aidez». Le Premier ministre a dit la détermination du gouvernement à anéantir les groupes terroristes qui ne sont «porteurs d’aucun projet de progrès». Et un programme de récupération, de réinsertion et de reconversion sera engagé en faveur des jeunes qui renonceront à la violence. L’Etat ne lésinera pas non plus sur les moyens pour soulager les souffrances de ces populations vivant dans une zone difficile d’accès à cause de la montée des eaux.
Une volonté matérialisée sur place par la remise de 30 tonnes de mil, 24 tonnes de riz, 150 bidons d’huile, du sel, du sucre et du lait aux populations vulnérables de Togueré Coumbé. Le clou de cette étape a été la visite de la base du détachement de la gendarmerie nationale. Occasion pour le chef du gouvernement d’offrir une enveloppe aux gendarmes et de rendre hommage à ces hommes qui interviennent dans un environnement hostile à tout point de vue.
Auparavant, le Premier ministre était à Ténenkou où les habitants refont leur vie. Les agents de l’Etat ainsi que les forces armées sont sur place, au grand bonheur de ces populations qui n’ont pas manqué d’exprimer leur reconnaissance au chef du gouvernement. Soumeylou Boubèye Maïga et sa suite ont été accueillis avec ferveur. Une séquence émouvante suivie par une rencontre organisée dans la salle de conférence de la préfecture de Ténenkou.
A l’occasion, le 1er adjoint au maire de Tenenkou, Abdrahamane Sow, a sollicité l’appui du gouvernement pour la libération de leur préfet, enlevé depuis plus de quatre mois. S’y ajoutent toute une panoplie de doléances, relatives notamment la multiplication des postes de sécurité, la finition du bitumage de la route Macina-Diafarabé et l’acquisition d’un financement pour le tronçon Diafarabé-Tenenkou, la réhabilitation de certaines digues, la construction d’une maison des jeunes. L’édile a aussi souhaité la levée de l’interdiction de circuler en motos hors du village.
En réponse, le chef du gouvernement a estimé que venir ici n’est pas un courage exceptionnel. «C’est notre devoir», a-t-il déclaré, rappelant que le président de la République a instruit au gouvernement d’aller à la rencontre des Maliens partout où ils sont, pour pouvoir les protéger et être à leur service. Il a affirmé avoir pris bonne note des problèmes soulevés. Mais, a-t-il insisté, «nous ne pourrons combattre l’insécurité que si la population et les représentants de l’Etat travaillent ensemble ». Aussi, aucune action de développement ne saurait prospérer dans l’insécurité qui a d’ailleurs contraint les autorités à prendre la mesure concernant la circulation des motos. «Il faut enlever à ceux qui nous attaquent, les moyens avec lesquels ils le font», a déclaré Soumeylou Boubèye Maïga, réitérant son appel à chacun de choisir son camp.
Il a rassuré que des efforts seront faits pour assurer la présence effective des services de l’Etat et rouvrir toutes les écoles. Bonne nouvelle : la construction de la Maison des jeunes de Ténenkou a été budgétisée pour 2019.
Envoyé spécial
Issa DEMBÉLÉ