Les travaux de la revue finale de la vision 2010 se sont déroulés, hier jeudi, au Centre International des Conférences de Bamako. La cérémonie d’ouverture de cette rencontre de haut niveau avait été placée sous la présidence de SEM Amadou Toumani Touré, président de la République du Mali. Ont pris part à cette rencontre de Bamako, 14 épouses de Chef d’Etat d’Afrique de l’Ouest et du Centre plus l’épouse du président de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping. Un grand honneur pour notre pays. Étaient aussi présents à la cérémonie d’ouverture, Mme le Premier Ministre du Mali, Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé, les membres du gouvernement, les Corps constitués, les épouses de ministre. Plusieurs interventions auront marqué cette cérémonie.
Il y a plus de 10 ans, ici même à Bamako, 08 Premières dames d’Afrique réunies autour de Mme Adam Bâ Konaré, épouse du président Alpha Oumar Konaré, prenaient l’engagement de contribuer à la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelle et infantile. Cette initiative heureuse du professeur Adam Bâ Konaré, que nous saluons poliment, visait à réduire la mortalité maternelle et néonatale de 50% d’une part et d’autre part de 30% la morbidité maternelle et néonatale. Dix ans après, ce sont quinze Premières dames qui ont accepté de venir à Bamako, sur invitation de Mme Touré Lobbo Traoré, présidente de la Fondation pour l’Enfance, pour tirer le bilan d’une décennie de travail. Il va s’agir pour les épouses de président, de mesurer le chemin parcouru, d’apprécier les efforts en cours, dans chacun des pays concernés et de définir les perspectives pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Le maire du District de Bamako, Adama Sangaré, dans son discours de bienvenue à l’endroit des Premières dames du continent a, au nom du Conseil du District et de toute la population, souhaité un agréable séjour à nos illustres hôtes. Il a indiqué que « nos enfants, tous nos enfants, méritent toujours et plus que jamais toute notre attention, notre sollicitude et notre permanente et généreuse affection. Nos enfants, tous nos enfants et particulièrement, les plus exposés aux risques postnataux, les plus fragilisés par un environnement complexe, les plus affectés par des maladies sournoises, oui tous nos enfants doivent pouvoir compter sur notre indéfectible solidarité. Nous devons être les garants de leur sécurité sanitaire, de leur évolution afin qu’ils puissent ouvrir sans crainte ni difficulté, leurs yeux et leur cœur vers, simplement mais sûrement, plus d’espérances pour une vie meilleure, ou du moins, pour une vie avec moins d’handicaps. Nous ne devons pas simplement leur promettre un avenir serein. Bien au contraire, nous avons la responsabilité de donner du juste sens et du vrai contenu à leur chemin de vie personnelle, au cœur de notre communauté humaine ». Il a, ensuite, remercié les Premières dames pour avoir montré la voie du salut pour sauver l’avenir des enfants.
Le chef de file des partenaires technique et financiers, Marcel K Rudasingwa, représentant de l’UNICEF au Mali, a fait part des statistiques. Nous vous proposons un extrait de son intervention. «La réunion de la revue finale de la vision 2010 sur la réduction de la mortalité maternelle et néo natale en Afrique de l’Ouest et du Centre est une occasion opportune pour examiner l’évolution des progrès accomplis en matière de promotion de la santé maternelle et néo natale ; analyser des défis qu’il faut encore relever et prendre des mesures appropriées pour s’assurer que la promesse d’un monde meilleur deviendra une réalité pour toutes les femmes et tous les enfants. Il y a 10 ans, les Premières Dames d’Afrique ont pris l’engagement, ici à Bamako, de contribuer à la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelle et infantile, comme leur contribution à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Cette initiative appelée, depuis lors, vision 2010, vise à réduire la mortalité maternelle et néonatale de 50% d’une part, et la morbidité maternelle et néonatale de 30% d’autre part. Au moment où cette auguste assemblée s’apprête à faire le bilan de cette initiative, il n’est pas inutile de rappeler ce que les statistiques nous disaient, cinq ans après son lancement : L’Afrique de l’Ouest et du Centre reste la région la plus touchée du Monde ; on continue à y enregistrer : 450 décès maternels par jour, soit un taux trois fois plus élevé que la moyenne de l’ensemble des pays en voie de développement ; Plus de 6 000 décès d’enfants de moins de 5 ans par jour dont 40% sont des nouveau-nés. Et selon les dernières données de nos pays, les taux de mortalité et de morbidité restent, malheureusement, encore au-delà de nos attentes. Au Mali, la situation est similaire à celle des autres pays d’Afrique. Bien qu’il y ait eu une diminution significative de la mortalité maternelle de 20% entre 2001 et 2006, le pays reste encore loin de l’atteinte de l’OMD 5 visant l’amélioration de la santé maternelle. Quant à l’OMD 4 de réduction de la mortalité infantile, malgré les efforts fournis, les taux de mortalité néonatale sont restés stagnants. En fait, selon les estimations des Nations Unies, de 1990 à nos jours, aucun pays africain n’est parmi les dix pays les plus avancés en matière de progrès dans l’atteinte des OMD5 et 4. Seul le Cap-Vert est considéré être parmi les pays sur la bonne voie par rapport à l’OMD 4. C’est le lieu de féliciter et d’encourager le Gouvernement du Mali pour les avancées significatives enregistrées, avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers, sur le front de la réduction des taux de mortalité maternelle et néonatale, dans le cadre de son programme de développement sanitaire et social (PRODESSII). Je m’en voudrais de ne pas mentionner ici, entre autres : La gratuité de la césarienne, de la prise en charge du paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, des Anti Retro Viraux et de la prise en charge de la malnutrition ; Le développement et la mise en œuvre de la stratégie des soins essentiels dans la communauté ; l’institutionnalisation des audits de décès maternels et néonatals ; Le passage à l’échelle des paquets de base et complets des Soins Obstétricaux Néonataux d’Urgence, ainsi que le renforcement des compétences des prestataires ; La mise en place d’équipes mobiles dans les zones d’accès difficiles ».
Mme Touré Lobbo Traoré a fait part de tout le plaisir qu’elle ressent en accueillant ses consœurs. Elle a souhaité, au nom de son époux, des Institutions de la République et de l’ensemble de la nation malienne, la plus chaleureuse bienvenue à ses hôtes. Nous vous proposons un extrait de son intervention : « Excellence Monsieur le Président ; Mesdames, Messieurs, la « vision 2010 », au cœur de cette rencontre, est une histoire qui a commencé à s’écrire à Bamako en mai 2001. En cette occasion, je voudrais rendre hommage, à mon aînée, Madame Adam Ba Konaré, pour le rôle majeur qu’elle a joué dans l’organisation de cette belle initiative. Cet hommage s’adresse également, à toutes les Premières dames qui, avec elles, ont posé les jalons de la « vision 2010 ». Excellence, Monsieur le Président ; Mesdames les Premières Dames ; Mesdames, Messieurs. Nous sommes à l’heure du bilan, c’est-à-dire de l’évaluation des programmes, des stratégies et des politiques mis en œuvre , pour atteindre les objectifs contenus dans la « vision 2010 ». A savoir : Réduire, d’ici 2010, la mortalité maternelle de 50% par rapport à son niveau de 2001, Réduire, à l’horizon 2010, la morbidité maternelle et néonatale de 30%, par rapport à son niveau de 2001 ; Excellence Monsieur le Président ; Mesdames, Messieurs ; Distingués Invités. Ainsi, durant nos travaux, nous aurons l’occasion de mesurer le chemin parcouru et d’apprécier les efforts en cours, dans chacun de nos pays et de définir les perspectives, pour l’atteinte des OMD. D’ores et déjà, il apparaît que les objectifs visés, conformes à ceux du Millénaire pour le Développement, n’ont pas été totalement atteints. La « vision 2010 » serait-elle alors trop ambitieuse. Assurément non ! Car, il faut de l’ambition pour faire reculer le fléau de la mortalité maternelle et néonatale, que les prouesses de la médecine, rendent chaque jour, inacceptable. Mesdames, Messieurs, Les progrès accomplis au cours des dix dernières années, même insuffisants, sont le fruit de l’engagement de nos chefs d’Etat, de nos gouvernements, avec l’appui des pays amis et institutions partenaires qui soutiennent nos politiques de santé. A titre d’exemple au Mali : La gratuité de la césarienne depuis juin 2005 ; La gratuité du traitement du paludisme pour les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans, la gratuité des ARV en 2006 et la multiplication des Centres de Prévention de la Transmission Mère-Enfant du VIH/Sida (PTME), à plus de 300 sites fonctionnels aujourd’hui. Toutes ces initiatives ont contribué à une meilleure préservation de la santé maternelle et infantile. Mesdames, Messieurs. Je tiens à exprimer, mes sincères remerciements au Ministère de la santé et à l’ensemble des partenaires, pour leur soutien et leur accompagnement, pendant ces dix années. C’est aussi l’occasion, de rendre un hommage mérité, aux personnels socio- sanitaires. Leur engagement et leur dévouement, dans des conditions parfois difficiles, les honorent. Que les experts, les points focaux et l’ensemble des médias, trouvent ici, l’expression de nos vives félicitations, pour les efforts louables consentis, dans ce noble combat. Excellence, Monsieur le Président ; Mesdames, Messieurs, Permettez-moi ici, de saluer le leadership des Premières Dames, leadership ayant permis le maintien de la mortalité maternelle et néonatale, au cœur de l’Agenda National de Santé. Convaincue de notre détermination commune, je sais pouvoir compter, sur la mobilisation de tous, pour remporter l’ultime victoire, dans le combat contre la mortalité et la morbidité maternelle néonatale et infantile. Plein succès à nos assises ! Je vous remercie ! »
Les travaux qui se sont poursuivis dans l’après- midi, dans la salle de conférence des chefs d’Etats du CICB, ont été sanctionnés par d’importantes résolutions et recommandations. Nous y reviendrons !
Tiémoko TRAORE