Pendant que le nord et le centre échappent à l’Etat, le sud, précisément Bamako, bascule dans une insécurité sans précédent. Ce ne sont plus les vols de motos ou encore les braquages à main armée qui inquiètent, mais plutôt les tentatives d’assassinat ciblé, les actes de vandalisme et les menaces de mort contre ceux qui dénoncent les dérives du régime en place. Ces formes de violence, que l’on croyait propre aux Républiques bananières, s’installent dans notre quotidien. En l’espace d’une semaine, une dizaine d’actions, à l’allure punitive, ont été perpétrées contre des animateurs du mouvement « Antè, A Bana » qui s’oppose à la révision constitutionnelle. Les plus retentissantes ? Le caillassage du véhicule de l’épouse du chef de file de l’opposition, Astan Traoré et la tentative d’assassinat contre le « Maréchal Madou », chroniqueur. Le règne de la terreur ? Sans doute.
De mémoire des Bamakois, jamais le niveau de l’insécurité n’a atteint un tel seuil dans la capitale. Partout le mal et l’horreur rodent. Et les Bamakois savent que leur vie est suspendue à un fil qui peut céder à tout moment, au détour d’une quelconque circonstance.
Plus un jour ne passe sans que des pauvres citoyens ne fassent les frais de cette insécurité galopante qui concerne pratiquement tout le Mali. Vols, braquages, viols et autres actes sont devenus monnaie courante. Ces actes, perpétrés aussi bien la nuit qu’en pleine journée, sont très souvent accompagnés de mort d’hommes. Ce ne sont les habitants de quartiers périphériques qui diront le contraire. Elles sont à la merci des malfrats qui agissent quand et comme ils veulent.
Dans cet enfer que vivent, à des degrés différents, les citoyens, une nouvelle forme de violence politique fait son apparition : les menaces de mort, si ce ne sont des tentatives d’assassinat ciblé. Au sein de l’opinion nationale, le lien est vite fait entre ces actes et la fronde contre le projet de révision constitutionnelle. Ces agressions surviennent dans un « climat de haine et de surenchères verbales déclenché par le pouvoir et ses partisans contre les opposants à la révision constitutionnelle », explique-t-on dans une déclaration du mouvement « An tè, A Bana ».
En effet, dans la nuit du lundi à mardi, à Boulkassoumbougou, un homme armé a tiré à bout portant sur Madou Kanté, chroniqueur connu pour ses dénonciations dans « Madou-ka-Journal ». Il est un des principaux animateurs du nouveau mouvement « An tè, A Bana ».
Madou n’est pas le premier à subir la furie d’individus tapis dans l’ombre. D’autres responsables et militants de ce mouvement ont été visés.
Le 19 juillet dernier, la voiture de l’épouse du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, Mme Cissé Astan Traoré a été sérieusement endommagé. En effet, les parebrises avant et arrière de la voiture ont été brisés par des inconnus. Le véhicule, une berline de marque Hunday, a été la seule touchée parmi d’autres. Acte prémédité et/ou commandité ? Représailles politiques ou simple acte de vandalisme ? Beaucoup de questions sont posées.
Le même jour, des jeunes des associations « Trop, c’est Trop » et « Ça suffit » (toutes deux membres de la Plateforme An Tè) qui projetaient un sit-in devant l’Ortm ont été pris à partie par un groupe de loubards, visiblement en mission.
Le lendemain, le 20 juillet, une agression armée a ciblé le domicile d’un membre de la Plateforme au quartier l’Hyppodrome, blessant par grièvement par balles un résidant encore hospitalisé.
S’en suivra, dans la nuit du 21 au 22 juillet, l’attaque contre la voiture de militants de la Plateforme à Sirakoro-Méguétan.
S’ajoutent à ces actes dignes d’une autre époque, des cas de menaces contre les journalistes et les rappeurs qui dénoncent la mauvaise gouvernance érigée en système de gestion sous IBK.
Nul n’est à l’abri ! Face à ce désastre, les autorités en charge de la sécurité continuent de discourir. C’est toujours à peu près le même scénario : les bandits attaquent et tuent de pauvres citoyens, ensuite le ministre de la sécurité vient s’exhiber devant les caméras… Dans la foulée, il annonce également l’ouverture d’une enquête. Que nenni ! Qu’il dise la suite des supposées enquêtes ouvertes suite à des crimes similaires enregistrés à Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao… Bref, partout au Mali.
Aujourd’hui, les autorités sont fortement interpellées, puisque personne n’a intérêt à ce que le Mali bascule dans la violence comme ce fut le cas au Rwanda, en Somalie ou encore au Libéria. Elles doivent assurer la protection des personnes et favoriser la libre expression des opinions.
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Le tireur de madou kante Vien de segou
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