Violence entre les communautés peulh et dogon dans le centre du Mali : L’association Tabital Pulaaku s’insurge contre le laxisme de l’Etat

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Manifestation de Peuls
Manifestation de Peuls organisée à Bamako par la Jeunesse Tabital Pulaaku-Mali le 15 mars 2018, pour dénoncer les exactions dont les Peuls sont victimes depuis plusieurs jours dans le centre du Mali. © ANNIE ROSEMBERG / AFP

Face à la gravité et l’ampleur de la violence entre les communautés peulh et dogon au cours des ces derniers mois, dans les cercles de Koro et Douentza, l’association Tabital Pulaaku proteste vigoureusement contre le laxisme de l’Etat ainsi que l’application parcellaire des différentes mesures édictées par celui-ci. Elle exige immédiatement le désarmement et la dissolution de la milice Dan-na Amassagou et l’engagement de poursuites pénales contre leurs membres.

 Le président de l’association Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz Diallo, accompagné d’autres membres, était face à la presse, le dimanche 6 mai, à la Maison de la presse, pour informer l’opinion nationale et internationale sur la situation des communautés qui vivent dans le centre du Mali suite aux agissements des différentes milices «criminelles».

Selon Abdoul Aziz Diallo, malgré la visite du Premier ministre au cours de laquelle des mesures fortes ont été annoncées et confirmées par un communiqué officiel à la télévision nationale, la situation dans le centre entre les communautés peulh et dogon continue de se dégrader chaque jour. Aux dires du président de l’association Tabital Pulaaku, la gestion qui est faite pat l’Etat paraît légère et partiale, toute chose qui explique l’enhardissement des chasseurs dans les cercles de Koro, Bankass, Douaentza, Bandiagara, Djenné, Macina, Nioro et Ténenkou.

Il a expliqué que la violence actuelle particulière dans le cercle de Koro ne  procède pas de la lutte contre le djihadisme, mais d’un calcul machiavélique destiné à chasser les Peulhs de leur terroir afin de reprendre leurs champs. Il a cité le cas du massacre des habitants peulhs de Nawodié et Tanfadala dans la commune de Dioungari par des «chasseurs terroristes appelés Dan-na Amassagou, disposant aujourd’hui du droit de vie et de mort sur les populations peules sans défense».

Au nom de ce droit, ajoute Abdoul Aziz Diallo, ils ont mis à mort près de 40 personnes, ouvrant ainsi la voie à «un génocide sans précédent» dans la région de Mopti. En outre, M. Diallo a également fait savoir que du 10 janvier 2018 au 29 avril, 32 personnes ont été abattues par des chasseurs de Dan-na Amassagou. Il a aussi noté que, dans cet intervalle de temps, des incendies de villages peulhs, la chasse aux Peulhs et l’embargo économique imposé par la milice Dan-na Amassagou.

Au regard de ces constats, l’association Tabital Pulaaku, par la voix de son président, s’insurge et proteste vigoureusement contre le laxisme de l’Etat ainsi que l’application parcellaire des différentes mesures édictées par celui-ci et invite le gouvernement à prendre des dispositions immédiates pour briser l’embargo économique imposé à la communauté peule. Elle exige le désarmement et la dissolution immédiats da la milice Dan-na Amassagou ainsi que l’engagement de poursuites pénales contre ses membres.

Aussi, l’association Tabital Pulaaku exige-t-elle qu’il soit mis fin sans équivoque à la collusion entre les Fama et les chasseurs ; invite les autorités à identifier les mercenaires opérant avec les différentes milices ou groupes de chasseurs et à les poursuivre conformément aux dispositions légales relatives au mercenariat.

Enfin, elle invite le gouvernement à installer des dépôts de stocks de produits alimentaires dans certains gros villages pour tenter de circonscrire la famine qui s’annonce, et affirme sans ambages que la communauté peule se réserve le droit de se défendre contre toute attaque de la part de quelle que milice que ce soit.

 Diango COULIBALY

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