Vie des femmes d’émigrés : C’est le parcours d’un combattant

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S’il y a une situation qui contraste avec la réalité, c’est bien celle des épouses d’émigrés. Ces femmes vivent un autre monde que leurs sœurs vivant avec leurs maris. La vie au foyer n’a de sens que lorsque les deux conjoints vivent ensemble. Ils partagent ainsi les plaisirs et les douleurs de leur union. Les enfants nés dans ces situations sont  heureux.

 

Les épouses d’émigrés constituent une particularité, car leurs maris sont partis ailleurs à la recherche de fortune. Une absence qui ne va pas sans problèmes d’ordre divers. Comme la cohabitation avec les autres membres de la famille, les amies, les parents pour ne citer que ces exemples.

À cause de l’absence de son mari, la femme d’émigré est contrainte de mener plusieurs sortes de vie dont la soumission à l’ordre des beaux parents, beaux frères, belles sœurs etc. Suivie de près, elle doit faire beaucoup attention à tout ce qu’elle fait (ses fréquentations, son alimentation) et à tout ce qu’elle dit. Le bon geste est interprété en mal si elle ne plaît pas à ses beaux. Elle ne peut prendre aucune décision personnelle, parce que obligée de demander l’avis de ses beaux pour éviter d’être désavouée. Elle n’a pas de droit sur ses enfants, car on dit qu’une femme ne peut seule éduquer son enfant.

 

M.C, une épouse d’immigré vit au milieu de ses beaux parents dans une grande famille. «Chaque fois que je demande à aller quelque part, je suis soumise à une série de questions. Une fois la demande accordée, on observe à la loupe mon retour. Même un petit retard n’est pas accepté», a-t-elle témoigné. «Je n’ai aucune autorité sur mes enfants. Leurs oncles décident de tout à ma place. Mon époux n’a pas le droit de communiquer avec moi à leur insu. Tout cela pour m’éviter les ennuis venant d’eux», a expliqué M.C. «Je déplore beaucoup ce genre de vie incolore et inodore. L’émigration oui mais non à l’absence prolongée dans la famille qui met sa ou ses épouses dans un inconfort total», a-t-elle dénoncé.

 

B.S, une autre épouse d’immigré, va plus loin. «Chez moi, ce sont les belles-sœurs qui me rendent la vie dure. À longueur de journée, elles me harcèlent dans la famille. Quand je sors, elles restent aux aguets. Une fois rentrée, elles me demandent d’où je viens. C’est vraiment dur, cette vie de femme d’émigré», a-t-elle déploré. Ajoutant : «Je souhaite que les époux tiennent compte de la vie au foyer. La recherche de fortune oui, mais l’absence prolongée fragilise le foyer». Cette troisième femme d’émigré a dû plier bagage de la belle famille pour rejoindre ses parents à l’intérieur du pays. «Tellement que la pression était grande sur moi, j’ai préféré aller chez mes parents en attendant le retour de mon époux parti en Europe depuis 5 ans», a-t-elle dit.

 

L’émigration est un phénomène au Mali. Comme avantages, il y a le retour de l’immigré avec des fortunes. Pour les inconvénients, on note la dislocation des foyers due à l’absence prolongée de l’époux, à la cohabitation de l’épouse et les beaux parents.

Hassane Kanambaye

 

 

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