« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie ». Platon, philosophe grec
Cette pensée a été dite il y a des siècles de cela. Là où nous sommes, tel semble être l’autre face de l’ardoise de l’Etat malien. La République est malade de ses citoyens à tous les niveaux. Comment sommes-nous arrivés à cette décadence de l’Etat malien ? Là la responsabilité est collective. Mais, rien n’est perdu. Il nous suffit seulement de regarder dans le rétroviseur pour se ressouvenir et se projeter dans l’avenir avec foi. Pour ce faire, il est impératif aujourd’hui de former le citoyen malien pour qu’il puisse être un bon républicain. Cette pédagogie nationale est la seule alternative pour remettre le citoyen malien en scelle. Loin d’être un donneur de leçon, mais ma fonction d’écrivain public me recommande de matérialiser en écrit ce que je vois, constate, sens tous les jours.
En premier lieu, les politiques sont interpellés puisqu’ils détiennent le centre des décisions. Que les citoyens veulent ou pas, tout passe par eux et ils décident en dernier ressorts. C’est eux la lumière alors que le citoyen n’est pas nécessairement en mesure de prendre des décisions éclairées.
De ce fait, comment former un citoyen responsable ? Il faut les impliquer en amont et en aval du processus du développement de la cité. Plus, ils sont impliqués, plus ils se sentent concernés et ils s’impliquent. Le rôle d’éducation, de formation, d’information et de sensibilisation incombe en premier lieu le politique. S’il faillit à sa mission, il doit se dire que petit-à-petit, il contribue à creuser la tombe de l’Etat. Et en cas de chute, qu’il ne se leurre pas, il sera le premier à tomber dans l’abîme. Pour le cas du Mali, il urge de revoir complètement le système éducatif. Il n’est pas du tout adapté à l’évolution du monde. Les élèves et les étudiants sont mal formés. Le niveau des maîtres et des professeurs laisse à désirer. Dans de telles conditions, comment peut-on s’attendre à l’émergence des citoyens dignes de ce nom ? Ne nous leurrons pas, la citoyenneté est une vertu qui se cultive tous les jours. Un bon citoyen doit ne se décrète pas mais plutôt, il se peaufine. Il doit apprendre les diverses forme de communication afin d’être en mesure de recevoir, de donner, d’échanger, de partager, de comprendre pour participer activement à la vie de la cité. Chez les grecs, il y avait l’agora, une sorte d’assemblée où chaque citoyen avait la possibilité de s’exprimer. Et dans ces échanges, les idées se confrontaient pour ensuite jaillir de la lumière qui éclairait la cité. Paul Valéry n’a-t-il pas dit : « Enrichissons-nous de nos différences ».
Le politique doit comprendre aujourd’hui que le citoyen malien ne veut pas, il en veut car il s’estime lésé dans sa dignité faute du politique. Oui, le politique a une très grande part de responsabilité dans ce naufrage collectif. Pour rappel, au lendemain de la révolution du 26 mars 1991, les autorités ont bâti une maison en guise de souvenir aux martyrs des évènements. Cette maison, appelée Pyramide du souvenir est un lieu de recueillement au fronton duquel est écrit cette pensée de Georges Jacques Danton, avocat et homme politique français : « Nous avons brisé la tyrannie des privilèges en abolissant ses pouvoirs auxquels n’avait droit aucun homme. Nous avons mis fin au monopole de la naissance et de la fortune. Nous avons déclaré que l’homme le plus humble de ce pays est l’égal du plus grand. Et nous confions au monde la responsabilité de bâtir l’avenir sur l’espoir que nous avons fait naître. Et cette inspiration, ce souffle pour tous les hommes, partout, en tous les lieux ; cet appétit, cette soif de liberté, jamais rien ni personne ne pourra l’étouffer. Nos vies n’auront pas été inutiles, vécues en vain ». Que les politiques fassent un tour là bas pour se remémorer.
En deuxième lieu, les citoyens eux-mêmes doivent réclamer leurs droits. Pour en avoir, ils doivent aller à l’école de la citoyenneté. La culture de la violence ne construit pas une nation. Plus on sait, plus on devient modéré et compréhensif. John Kennedy n’a-t-il pas dit ceci : « Au lieu de se demander chaque fois qu’est-ce que mon pays a fait pour moi ; pense plutôt à ce que tu as fait pour ton pays ». Il est temps, grand temps que les maliens comprennent que la face du monde a changé et ils doivent s’adapter à l’évolution de la marche du monde. Personne ne viendra faire le Mali à notre place. Il nous faut mouiller le maillot afin que le maillot ne nous mouille. « Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse car un trésor est caché là dans… ». La Fontaine
Seul le travail nous permettra de gagner ce pari. Donc mettons nous au boulot pour le Salut national.
Alors, chers compatriotes, tous à l’école de la citoyenneté pour un Mali meilleur.
Mamadou Macalou
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