Il n’est pas facile de refaire un lien conjugal après un échec ou la perte d’un conjoint. Surtout quand on a des enfants.
Le mariage paraît chose facile, comme boire de l”eau de l”avis de beaucoup d”hommes. Mais selon un prêcheur d”une célèbre mosquée de Bamako" pour Dieu, c”est aussi difficile que le miracle de la traversée de la Mer Rouge". Nulle part cette anecdote ne s”avère que dans les cas de remariages. Non seulement le remariage est plus compliqué dans ce qu”il a de profond que le premier mariage, mais si des enfants y sont impliqués, le couple est confronté au défi extraordinaire de cohabitation dans les belles-familles. Il arrive même qu”une atmosphère d”insécurité inhibe les conjoints s”ils ne sont pas parvenus à digérer l”échec de leur premier mariage.
Les beaux-fils peuvent être rebelles. Ils estiment qu”en entretenant de bonnes relations avec leurs beaux-parents, ils trahissent leur géniteur. Le remariage marque aussi aux yeux des enfants la perte de tout espoir de réconciliation des parents qui les ont mis au monde. Si le remariage intervient à la suite d”un décès, le chagrin de l”enfant n”est peut-être pas terminé. La tristesse continue de moduler ses comportements. D”où des sentiments de honte ou des impressions de trahison.
DIFFICILE ADAPTATION.
Il faut aussi tenir compte aussi du fait que chaque changement appelle une adaptation difficile. L”enfant change son environnement. Il invente de nouvelles règles. Il découvre un nouveau quartier et noue de nouvelles amitiés. Un autre obstacle à l”établissement d”une harmonie idyllique réside dans des rivalités futures. Elles peuvent se dresser entre les enfants de chacun des remariés. Elles peuvent aussi surgir entre ceux-ci et les enfants nés après le remariage. Si vous êtes confronté à cette cacophonie il n”y a pas de potion magique. Vous devrez répondre aux besoins des enfants, pas à leurs exigences. Et en aucun cas ne laissez pas le sentiment de culpabilité vous pousser à prendre de mauvaises décisions.
Ce sont autant d”entraves au bonheur qui freinent les ardeurs des femmes et des hommes à se remarier. S”ils le font, ils prennent tous leurs temps. Plusieurs interlocuteurs soulignent que dans la plupart des cas, le remariage ne réussit pas. L”intégration est souvent très difficile entre beau père et beau enfant vice-versa. Les problèmes potentiels peuvent surgir. Les enfants se sentent souvent responsables et coupables du divorce du premier mariage. Même leurs parents sont frustrés ou humiliés. En effet dans certaines situations ils ont rejeté les enfants de l”autre. L”incompréhension est inévitable. Dans tous les cas les idées diffèrent selon les individus.
Koura Diarra vit son troisième mariage. Elle a perdu très tôt son premier mari. Après son veuvage elle s”est remariée, mais sans succès. Ce deuxième mari était jaloux de son unique enfant issu des premières noces. "Il ne voulait pas du tout voir mon enfant, même en peinture" dit-elle. Koura dit avoir tout essayer, sans réussir à apaiser son époux. Chaque visite de l”enfant du défunt mari mettait l”actuel hors de lui. Au lieu d”être attentif envers cet innocent qui a perdu son père très tôt, le pauvre garçon était objet de rejet, de dégoût. Comme s”il n”était pas une créature du Tout puissant. "Dès lors, continue notre interlocutrice, j”ai su que notre union n”a pas d”avenir. Je ne peux, en aucune manière, abandonner mon fils. Après avoir perdu son père il ne va perdre sa mère. Je ne peux pas lui infliger cette punition" trancha t-elle.
Il faut reconnaître qu”il est très difficile de refaire un lien conjugal après un échec, surtout quand on a des enfants.
Djenèba Cissé est une autre victime du remariage. Cette dame avait trois enfants quand elle s”est remariée avec un autre homme. Malgré que ses enfants habitent avec leur père, son mari très jaloux ne veut pas les sentir." Quand mes enfants me rendaient visite ou pire si je rendais la réciproque "bonjour les dégâts". Il lui arrive même de me traiter de femme légère, manœuvrant pour récupérer mon ancien mari" explique t- elle. Selon Mme Cissé son époux du jour est allé jusqu”à interdire aux enfants de la première union de venir rendre visite à leur mère. Sous prétexte qu”ils viennent faire la commission de leur papa". C”était le comble. "Je me suis vite séparée de ce égocentrique. Je ne pense plus à me remarier pour me compliquer la vie" lance t-elle.
TOUT LE MONDE À SA PLACE :
Le cas de Maïmouna Doucouré est tout autre. Cette dame s”est mariée en secondes noces avec un homme divorcé. Ils avaient chacun des enfants issus d”un premier mariage. Son mari lui proposa de vivre tous ensemble sous le même toit. Elle a eu le tort d”accepter cette proposition. En effet depuis la première semaine jusqu”à ce jour "règne chez nous une incompréhension totale" avoue-t-elle. Contrairement aux deux exemples précédents les problèmes de notre interlocutrice ne viennent pas de son époux. Mais ce sont les enfants qui n”arrivent pas du tout à s”intégrer dans le nouveau contexte conjugal. "Ils ne font même l”effort d”être aimable avec mon second époux " Mon mari me demande de leur donner du temps mais je suis désespérée" confesse t- elle.
L”exception confirme la règle dit-on. Si pour certains le remariage a été un calvaire, pour d”autres il a apporté le bonheur. L”heureux Alffousseyni Djourté témoigne du succès de ses secondes noces. "Je vis bien avec ma femme et mes beaux enfants" dit-il. Alffousseyni Djourté pense que cette harmonie n”a rien de sorcier. Il suffit de mettre tout le monde à sa place. Ils appliquent chez eux le principe suivant lequel " ta liberté s”arrête ou commence celle des autres". Le mari, tout sourire, reconnaît que la tache n”est pas aisée surtout quand le chef de famille est face à des grands garçons. "Montre leur que tu es loin d”être un ennemi".
Tout comme le chanceux Djourté, l”homme d”affaires Idrissa Kalapo vit dans le bonheur après l”échec de sa première union. Il a hésité longtemps avant de reprendre femme. Il a mis ce temps a profit pour repérer l”épouse qui lui convient. Il a fait le bon choix. Il rend grâce à Dieu de lui avoir accordé les faveurs d”une formidable femme. " Elle s”entend à merveille avec mes enfants" dit-il tout heureux. Comme dit le sage : "La vie est une question de chance".
Mariam A. TRAORE
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