Les derniers développements de la question de la révision de la Constitution du 29 février 1992 ont permis de décanter la situation nationale. Ultimatum au Président de la République ou pas, la question est désormais rangée dans les tiroirs. En tout cas, c’est ce que l’on peut retenir de l’adresse solennelle du Chef de l’Etat le vendredi 18 août 2017.
Cela faisait presque deux mois qu’il a été question de réviser la Constitution de notre pays. Constitution issue des épreuves de sang de mars 1991. Il est vrai qu’elle porte la date du 25 février 1992, nul doute qu’elle avait fait l’objet d’un large consensus. A l’époque, une Conférence Nationale avait regroupé presque tous les acteurs sociopolitiques, économiques, culturels, etc. Mêmes les bandits armés de l’Azawad y avaient participé. Entre autres, l’on pouvait noter la présence de Zahabi Ould Sidi Mohamed, Mohamed Ag Erlaf, Abdrahamane Galla, Mohamed Ag Ichrach, Alhassane Ag Agatham, etc. L’on parlait alors du MPLA, FPLA, FIA, …
Ladite Constitution a aujourd’hui vingt-cinq (25) ans. M. Alpha Oumar Konaré, 1er Président de la République du Mali, démocratiquement élu, l’avait pratiqué de 1992 à 2002.Date à laquelle il transmit au Général Amadou Toumani Touré. L’un et l’autre tentèrent y d’apporter des modifications. En vain. La classe politique et la société civile avaient à chaque fois émis des réserves, des signes de contestations. On l’aura vu, sous le second, ATT, la société civile avait failli renverser le régime.
La rupture entre les deux facilita même le départ du pouvoir du Général en mars 2012, à quelques pas de la fin de son second mandat.
- Ibrahim Boubacar Kéïta est aujourd’hui le Président de la République. De vice-directeur de campagne présidentielle de son mentor, M. Alpha Oumar Konaré, , il avait hérité en 1992 du poste de Conseiller diplomatique du tout nouveau Chef de l’Etat. C’est en ce moment que d’aucuns commencèrent à le découvrir. ”Palais de Koulouba : le Conseiller qui dérange”, tel était le titre d’un confrère à propos de l’homme. Il fit un petit tour en Côte d’Ivoire en qualité d’Ambassadeur du Mali. Là aussi, IBK avait fait parler de lui. C’est à ce poste qu’il retourna à Bamako pour être nommé Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale.
Mais pas pour longtemps, en 1994, à l’issue d’un congrès de son parti (ADEMA-PASJ), il s’est vu propulser à la présidence. Suite logique de sa nomination auparavant au poste de Premier ministre du Président Alpha Oumar Konaré.
Pendant plus de six ans, les deux hommes cheminèrent ensemble jusqu’à à la rupture. A l’occasion d’un autre évènement de son parti, IBK claqua la porte. Les observateurs auront remarqué que la quête du pouvoir semblait être la véritable raison de ce départ.
Inutile de revenir sur les initiatives de certains de ses amis et camarades dans les années 2000 : ”Alternative 2002”, ”IBK 2002”, patati, patata.
Effectivement, l’année 2002 lui sourit. Même s’il perdit la présidentielle face à ATT, il parvint à ratisser large lors des législatives. C’est pourquoi son parti (RPM) faisait la pluie et le beau temps durant la 1ère législature de l’ère ATT. Lui-même est élu président du bureau de l’Assemblée Nationale. C’est vers la fin du deuxième mandat du Général Amadou Toumani Touré que les choses commencèrent à se gâter.
Déjà, IBK et son parti avaient émis des réserves sur l’Accord de la paix de mai 2006. Contrairement à ce qui se raconte à Bamako, ils avaient bel et bien voté pour ledit accord. A l’Assemblée Nationale, c’est le RPM qui détenait la majorité.
C’est donc à un homme politique, censé emmagasiner de sérieux bagages, que le peuple malien confia son destin en 2013. Pour le Malien moyen, ”IBK est la solution”, entendait-on.
Lors de sa prise du pouvoir, à l’issue d’élection bien sûr, la situation nationale n’était pas propice. Il y avait d’énormes problèmes, notamment au plan sécuritaire. Que devait faire alors le nouveau Chef de l’Etat ?
A notre avis, M. Ibrahim Boubacar Kéïta devrait renforcer les acquis. En intervenant en janvier 2013 à Konna, l’Armée française a stoppé la déferlante jihadiste sur Bamako. Mieux, elle a accompagné l’Armée nationale à Gao, Tombouctou. A Kidal, la nôtre était absente lors de la reconquête. De sérieuses discussions, négociations, politiques pouvaient résoudre cela. Hélas ! En 2013, tout le monde parlait du manque de moyens de défense du pays, du mal vivre des hommes. A quoi avions-nous assisté ?
Le nouveau Chef de l’Etat a préféré acquérir un Boeing, un vieil appareil, pour ses propres déplacements. Acquisition émaillée d’ailleurs de scandales. Moins d’un an, la région de Kidal a complètement échappé à l’Etat central, au pouvoir IBK. Jamais, cela n’avait été fait sous son mentor (AOK) ou ATT. La situation s’est même dégradée dangereusement : Ténenkou, Diabaly, Macina, Douentzan, Koro, Tombouctou, Kouakrou, Djénné, etc. Partout, c’est l’insécurité, il y a des victimes. Des dizaines d’administrateurs, agents de santé, enseignants ont trouvé refuge à Bamako.
C’est dans un tel contexte que son pouvoir avait voulu réviser la Constitution. Deux mois durant, il y a eu des tintamarres. Les griots du pouvoir l’encourageaient dans ce sens. Mais, c’était sans compter avec la détermination des militants de la Plateforme ”Antè A bana”. Les différentes manifestations (marches, meetings, etc.) n’ont en fait été que l’expression de la colère sociale. La cherté de la vie (exemple de la hausse du prix du sucre au mois de Ramadan), soins de santé pas à la portée de tous, frais d’eau et d’électricité, les tenants du pouvoir ne sont nullement concernés, sont d’autant d’éléments qui amenèrent à réfléchir. Notre pays a une fois de plus frôlé le pire. Avec la décision présidentielle, personne ne perd, nul ne gagne. La victoire, c’est pour le Mali.
B.koné