Comme souligné dans notre précédente parution, l’un des dossiers sulfureux dans les tiroirs du Gouvernement de la transition est celui faisant état des enquêtes réservées aux journées d’émeutes contre le Régime défunt d’IBK. Après le Comité stratégique du M5-rfp, Amnesty international exige la réouverture des enquêtes afin de situer les responsabilités et amener les vrais auteurs de cette affaire à répondre devant les juridictions compétentes.
Les 10 et 13 juillet 2020, les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-rfp) pour exiger le départ du Président Ibrahim Boubacar Kéïta ont été réprimées dans le sang. Selon les témoignages, ces manifestations contre le Régime d’IBK se sont soldées par un lourd bilan de 14 morts et 40 blessés. Selon le Rapport d’enquêtes publié courant décembre 2020 par la MINUSMA, le 10 juillet 2020, des centaines de milliers de manifestants se sont retrouvés sur le Boulevard de l’Indépendance, au quartier de Bamako-coura. C’était pour obtenir la démission du Chef de l’Etat pour faute de résultats concrets. Les manifestants étaient révoltés contre la mauvaise gouvernance, l’incapacité du pouvoir en place de résoudre la double crise sécuritaire et scolaire, de libérer les Régions du Nord et du Centre tombées aux mains des groupes rebelles et terroristes. La mauvaise organisation des élections législatives de 2020, le phénomène de corruption et de népotisme érigé en système dans tous les secteurs vitaux de la Nation étaient aussi au centre des revendications des jeunes manifestants.
A cet effet, la marche qui était pacifique au départ a vite tourné au vinaigre. Et elle s’est poursuivie jusqu’au lundi 13 juillet 2020. Mais avec le refus d’IBK et le Gouvernement de recevoir les organisateurs, le mouvement a monté d’un cran sur le terrain. Puis, il y a eu la tournure avec une série d’attaques contre les sièges des Institutions de l’Etat, le saccage de certains édifices publics dont l’Assemblée Nationale, l’occupation de la cour de la Radio nationale (ORTM).
Pendant cette journée d’émeutes à Bamako, les forces de l’ordre ont réagi avec une force disproportionnée. Au lieu de faire usage de gaz lacrymogène juste pour rétablir l’ordre public, les services de sécurité ont utilisé des armes de guerre contre des populations civiles non armées. Et la suite on la connait : c’est la répression sanglante !
Pour éviter ce genre de répressions, les organisations des Droits de l’Homme et le Comité stratégique du MP5-RFP ont constitué un dossier qu’ils ont adressé à la Justice. Dossier dans lequel est exigé la poursuite des auteurs et commanditaires de ces tueries et violences extrajudiciaires.
Cependant, malgré toutes les démarches entreprises auprès des Autorités de la transition, c’est l’indifférence totale concernant ce dossier. Aucune ouverture d’enquêtes en perspective. Face à cette preuve d’injustice, La Représentation du comité d’Amnesty international basé à Dakar, au Sénégal, par la voix de l’un de ses porte-paroles a dénoncé l’attitude des plus hautes Autorités maliennes et a exigé à ce que le dossier soit rouvert afin que justice puisse être rendue et que les victimes soient dédommagées. Il n’est pas exclu que soient traduits devant les juridictions nationales et internationales compétentes les hiérarchies de la Police nationale et la FORSAT (force anti-terroriste). Unité spéciale spécialement formée et équipée pour des opérations de lutte contre le terrorisme mais non pour des missions de maintien d’ordre. Déjà, une enquête a été ouverte par un Juge d’instructions du Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako. « Le collectif d’Avocats qui a toujours défendu les Droits des membres et sympathisants du M5-rfp durant la contestation, a saisi le Procureur Général de la République sur la situation des victimes des 10,11 et 12 juillet 2020. Ce dernier, à son tour, a saisi le Procureur de la République près le Tribunal de la Grande Instance de la Commune III, District de Bamako. Lui aussi, à son tour, a confié le dossier à un Juge d’instructions qui est déjà au travail ». Mais qu’à cela ne tienne ; car, rien n’atteste que le dossier évolue du côté du Gouvernement de la transition. C’est ce qui amena le Président du Comité stratégique du M5-rfp, Dr Choguel Kokalla Maïga, de révéler récemment qu’une plainte en bonne et due forme est en cours d’élaboration à l’adresse du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour les mêmes faits. Cette voie de recours internationale est devenue un passage obligé ; puisque depuis l’ouverture d’une information judiciaire contre X au niveau du Tribunal de Grande instance de la Commune III du District de Bamako pour « faits de meurtre, coups et blessures aggravés et coups mortels », le dossier n’a pas évolué. Or, les victimes et leurs familles sont à rétablir dans leurs droits.
Djankourou