Veuves-divorcées-filles mères-célibataires: La dure des femmes chefs de famille

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Veuves, divorcées, filles-mères ou célibataires et les femmes dont les maris sont insolvables, impotents ou indigents se démènent quotidiennement pour faire face aux charges quasiment communes à toutes les familles maliennes: nourriture, habillement, prix des condiments, frais de scolarité, frais médicaux, factures d’eau et d’électricité, etc. Le rôle de chef de famille est naturellement dévolu aux hommes par nos textes et nos us et coutumes, mais les épreuves de la vie et certaines réalités sociales peuvent faire que cette charge revienne à des femmes. Enquête.

 

« Mon mari est malade depuis des années, il ne peut plus travailler; donc c’est moi qui fais tout pour apporter de quoi manger », explique Oumou T, vivant dans le quartier de Banconi à Bamako. Devenue chef de famille à cause de la maladie de son mari, Oumou n’a plu la force de faire les travaux durs qui lui permettait jadis de subvenir aux besoins de sa famille. « Je faisais la lessive dans les quartiers, mais depuis un certain temps j’ai arrêté à cause de mon âge », a-t-elle expliqué.

Actuellement, cette mère de 4 enfants passe de porte en porte pour demander de la nourriture, de l’argent et tout ce qu’elle peut trouver. Chaque matin, elle est obligée de sortir pour aller chercher de quoi manger pour les siens. « Je pense qu’être chef de famille, c’est très dur, car le jour que tu n’en as pas, ce sont tous les membres de la famille qui en souffrent », ajoute-t-elle.

Quand ses enfants tombent malades, il arrive que Oumou T. aille demander de l’aide à des gens de bonne volonté. Mais ce qu’elle craint le plus est le regard de la société. « Il y a des personnes mal intentionnées qui pensent que je refuse de travailler. Or, avec mon âge, je ne peux plus faire des travaux physiques, donc je suis obligée de quémander. Heureusement, qu’il y a d’autres personnes qui me font confiance».

De nombreuses femmes se trouvent dans la situation de Oumou T, mais sans tomber  dans la mendicité. Divorcé de mon mari il y’a quatre ans, Dadi C. vit désormais avec ses enfants chez sa tante à Sabalibougou, en commune V du district de Bamako. Elle paye les frais  scolaires, les vêtements, les trousses de toilettes et les frais médicaux de ses enfants. Une situation difficile dont elle est habituée, dit-elle, car son ex mari ne fait rien pour l’aider depuis le divorce. Et même quand elle était chez lui, il n’a jamais rien fait.

Bien qu’étant totalement libres, il est difficile pour les femmes chef de famille de refaire leur vie après un premier mariage. « Des fois, j’ai vraiment envie de me remarier à un homme qui  fait face à sa responsabilité et aux dépenses de la famille. Mais la société malienne pense que le divorce est forcement la faute de la femme. Elle me juge et m’oblige même à retourner chez mon ex mari », déplore Dadi C. Qui, Après sa douloureuse séparation d’avec son mari, cherche maintenant à ne s’occuper de l’avenir de ses enfants.

 

S’occuper des enfants !

C’est pour des raisons bien plus noires que d’autres femmes deviennent chefs de famille. Depuis le décès de son mari, il y’a une année et demi, la vie de Fatoumata K a beaucoup changé. Elle est devenue le seul soutien de la famille, s’occupant des enfants, payant les frais d’études et autres fournitures scolaire, ainsi que de la nourriture. « Je représente à la fois le père et la mère. Je dois les rassurer et les protéger. Je dois aussi expliquer pourquoi leur père n’est pas là. C’est une situation difficile pour moi », avoue Fatoumata.

Mais dans un contexte de vie chère, ce n’est pas facile pour une femme ayant un revenu insuffisant de tenir. En effet, le Mali n’échappe pas à la crise alimentaire qui pointe à l’horizon dans les pays du Sahel. Actuellement, les denrées de première dont le riz, le lait, le sucre et les condiments sont très chères dans les marchés. «Les enfants ne voient pas les difficultés des parents, je suis obligée de travailler dur pour satisfaire les besoins de mes enfants.  Souvent, j’ai envie de me remarier, mais je me demande si cet homme peut être capable d’aimer mes enfants. Peut être avec un nouveau mariage, j’aurai moins de charges », dit-elle.

« Les gens jugent les veuves au Mali dès que le mari n’est plus. Ils pensent qu’elle fait la mauvaise fille. Ils vont chercher à savoir comment tu fais pour entretenir ta famille. Je dis tout simplement que les gens se mêlent de ce qui ne leur regarde pas. Mais quoiqu’il arrive, j’essaye d’avancer dans la vie, surmonter la perte de mon défunt mari et faire en sorte que mes enfants ne manquent de rien », déclare Fatoumata K.

Mais être chef de famille n’est pas une partie de plaisir pour les femmes. Tata T. vit malgré elle avec ses enfants dans la maison de ses parents qui sont décédés. Dans la même cour, il y a aussi ses frères et sœurs. « Les gens pensent que j’adore cette situation. Il y’a d’autres qui disent que je veux uniquement commander mes frères ou que je n’ai pas envie de quitter la maison de mon père », explique-t-elle. Pourtant, elle peut compter sur le concours de ses frangins qui se débrouillent bien actuellement. « J’étais seule à travailler. Maintenant, mes frères ont grandi, ils apportent leurs contributions. Je reste néanmoins le chef de famille. Pendant les fêtes de ramadan et tabaski, je fais le nécessaire. Je règle les factures d’eau et d’électricité, et j’essaie d’aider tout le monde. Je ne fais que mon devoir», ajoute Tata T.

Kandia Coulibaly

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1 commentaire

  1. nous sommes des battantes et nous nous occuperons de nos enfants kelk soit la situation. mesdames chapeau

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